-
Surtout connu des seiziémistes pour ses volumineux Epitheta et Officina, le Nivernais Joannes Ravisius Textor, Tixier de Ravisy sous son nom français le plus courant, naît en 1492 ou 1493 et meurt le 3 décembre 1522. Pour retracer l’odyssée pédagogique de ce professeur de rhétorique au prestigieux collège parisien de Navarre, Nathaël Istasse a non seulement étudié ces deux sommes, mais aussi l’ensemble de l’œuvre de ce régent humaniste, tout en exploitant les sources archivistiques et manuscrites disponibles.
Ce faisant, il a mis au jour de multiples figures poétiques, académiques, politiques et religieuses qui ont compté peu ou prou dans l’existence du jeune pédagogue et, plus particulièrement, un véritable microcosme de professeurs, de poètes et de professeurs-poètes, oublié ou peu documenté jusqu’alors. L’histoire de l’Université de Paris, de l’enseignement du latin et des études grammaticales en ce début de Renaissance française reçoit également des éclairages inédits.
-
TABLE DES MATIÈRES
Introduction de Mathieu Ferrand et Nathaël Istasse
HUMANISME ET ENSEIGNEMENT
J. Lecointe, « François Dubois et l’enseignement de la poésie au collège de Montaigu »
N. Istasse, Joannes Ravisius Textor : entre pédagogie et poétique »
M.-F. André, « Nicolas Bérauld, professeur de droit humaniste »
M.-D. Couzinet, « L a “conjonction” entre les disciplines chez Pierre de La Ramée »
M.M. Fontaine, « Une génération sacrifiée : les régents de collège du deuxième tiers du XVIe siècle en France »
LES "APOLLONS DE COLLÈGE", PROFESSEURS ET POÈTES
P. Galand, « Orphée a l’école: le poète-pédagogue, de Politien à ses émules français »
J. Pendergrass, « Guillaume Castel, poète et éducateur au collège de Bourgogne »
A. Laimé, « Les vies parallèles ( ?) de Nicolas Petit et Jean Des Fossés, au miroir des Elegiae de redemptione humana (Paris, Jean Petit, 1517) »
E. Gauthier (C.E.S.R. de Tours), « Un professeur et poète du début du XVIe siècle : Nicolas Barthélemy de Loches »
C. Langlois-Pézeret, « Gilbert Ducher, Apollon d’Aigueperse, poète et principal de collège dans les années 1530 à Lyon »
P. Ford, « George Buchanan et la poésie d’amitié»
V. Leroux, « Le Julius Caesar de Muret : une tragédie de collège »
J. Nassichuk, « Références à l’enseignement dans les épigrammes et hendécasyllabes de Nicolas Chesneau (1553) »
L'HUMANISTE AU MIROIR, L'HUMANISTE AU COMBAT
S. Laigneau-Fontaine, « L’image du professeur dans l’oeuvre de Nicolas Bourbon : un idéal humaniste »
M. Ferrand, « Rôles et images de professeurs dans le théâtre des collèges. Le Dialogus longe facetissimus (Paris, c. 1533) »
J.-E. Girot, « Les contributions des humanistes de collège la querelle de Marot et de Sagon (1534-1537) »
M. Magnien, « Itinéraire d’un « hussard noir » de l’Humanisme : le cas Robert Breton (c. 1510 –c. 1545) »
M. Huchon, « Figures du professeur humaniste chez Rabelais »
Index nominum
Index perum
Index collegiorum
En 1942, Lucien Febvre publiait le Problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais. L’ouvrage, devenu un classique, a permis de mettre au jour l’œuvre abondante des professeurs de collège français qui, dans les premières décennies du XVIe siècle, se firent humanistes et poètes latins. Pourtant, si l’historien fut l’« inventeur » de ces « Apollons de collège », au sens archéologique du terme, il afficha surtout à leur égard un mépris dont ils ont longtemps souffert. Évoquant en particulier l’« énorme, stupéfiante et candide vanité » de ces latinistes fervents, qui croyaient fermement en leur propre génie, il dénonça l’ennui que suscitait immanquablement, selon lui, la lecture de leurs vers. Lapproche de Lucien Febvre procédait cependant d’un postulat très juste : nulle enquête de fond sur l’univers mental de Rabelais ne pouvait faire l’économie d’une telle exploration.
Le présent volume se propose de croiser les regards de ercheurs qui s’intéressent aux personnalités, aux pratiques pédagogiques et aux écrits de ces professeurs et poètes de la première moitié du XVIe siècle. Il s’agit en particulier de saisir, dans leurs réalités concrètes et humaines, les relations qu’entretiennent la culture humaniste et la culture scolaire, Apollon et l’Ecole. Le monde des collèges, rompu aux méthodes scolastiques, mais ouvert à celles de la philologie moderne, apparaît alors comme un lieu d’élaboration, d’exp©rimentation et de transmission de savoirs et de pratiques intellectuelles dont le collège des lecteurs royaux - fondé par Guillaume Budé et François Ier - n’a été que le prolongement le plus prestigieux. Rabelais, qui fréquenta assidûment ce mnde-là, en fut, à bien des égards, l’enfant turbulent et génial.