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Les relations entre les traités démonologiques et la littérature, aux XVIe et XVIIe siècles, sont l’objet de ce volume. Il comprend aussi quelques développements, en amont – saint Augustin – et en aval – Léo Taxil et Collin de Plancy. Ces rapports concernent les transferts entre démonologie et littérature ainsi que les stratégies d’écriture des démonologues, souvent conscients de leurs effets. L’ouvrage questionne aussi le rapport de la démonologie à la fiction; la démonologie, à travers le débat qu’elle suscite, a en effet puissamment contribué à brouiller et à redéfinir la limite entre le possible et l’impossible, le vrai et le faux. Tel est l’enjeu majeur, dans l’histoire de la pensée au seuil de la modernité, de la «fiction de la sorcellerie», dispositif d’emprise dont la littérature capte la séduction et dont elle renforce aussi parfois l’efficacité.
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La Syrinx au bûcher, consacrée à la figure de Pan et à celle des satyres, prend pour point de départ le proverbe humaniste des « Silènes d'Alcibiade », tiré du Banquet de Platon. Elle se clôt sur le personnage du satyre dans la pastorale dramatique, l'opéra et le ballet de cour. Au cours du seizième siècle, l'allégorie des silènes, de Pan et des satyres se transforme en fable et en fiction. Cette double évolution, qui s'apparente à la fois à une dégradation et à une incarnation, est d©clinée dans la poésie, la satire, le théâtre, la danse, les traités de sorcellerie et les arts visuels.
L'image du silène comme symbole de la dualité, la diabolisation et la mort de Pan, la relation du satyre et de la satire et, enfin, le personnge théâtral du satyre établissent une figure qui permet de penser, au croisement de la Renaissance et de l'âge baroque, le rapport de la parole au mal, de l'amour à la loi, de l'homme civilisé à l'autre, qu'il soit animal, monstre, paysan, barbare ou étranger.