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Table des matières
Préface François-Xavier CUCHE
I. Image, imaginaire
Laurent MATTIUSSI, Fénelon et la réévaluation de l’image : le tournant moderne
Christian BELIN, L’image insensible chez Fénelon
Hélène MICHON, Image, idée et désir de Dieu dans les écrits spirituels de Fénelon
Benedetta PAPASOGLI, Fénelon et les « anthropologies » de Dieu
Delphine REGUIG, Sublime et transparence des images dans les Dialogues sur l’éloquence de Fénelon
Alain CANTILLON, Les Aventures de Télémaque : jeu des images, jeu de l’imagination
II. ASPECTS DE L’IMAGINATION FÉNELONIENNE
Bernard TEYSSANDIER, De quoi Mentor est-il l’image ?
Volker KAPP, L’image de l’enfant dans l’œuvre de Fénelon
Isabelle TRIVISANI-MOREAU, Le pinceau sous la plume : l’image dans les fables et opuscules pédagogiques de Fénelon
Eric TOURRETTE, Les images gelées
III. FÉNELON ET LES ARTS
Odile DUSSUD, Couleurs antiques
Patricia TOUBOUL, La mémoire comme « cabinet de peintures ». Une m©taphore convenue du discours fénelonien ?
Alain BRUNN, « On voudrait y être » : le regard modeste du peintre. L’image, sa fabrique et son appropriation dans les Dialogues des morts (LII et LIII) de Fénelon
Jacomo FUK, Fénelon chez Louis Marin
IV. STYLISTIQUE ET RHÉTORIQUE DE L’IMAGE
Françoise BERLAN, Représenter, représentation chez Fénelon
Laurent SUSINI, Que donne à voir le feu sortant des yeux de Calypso ? Clichage et prudence dans le Télémaque de Fénelon
Agathe MEZZADRI, Un impensé du style fénelonien : la métaphore du ruisseau
V. ILLUSTRER FÉNELON
Marie-Claire PLANCHE, Physionomies de Fénelon
Olivier LEPLATRE, La carte et le livre (Les Aventures de Télémaque)
Pierre MICHEL, De l’enfance d’un chef à l’âge d’homme : images pour un Télémaque romantique
Emblème d’un siècle ambivalent vis-à-vis des arts de représentation, iconolâtre autant qu’iconophobe, Fénelon témoigne dans son œuvre d’un complexe du visible. Chez lui, dialoguent en tension les plus grandes réticences et l’intérêt stratégique voire le goût profond pour l’image. Les études rassemblées ici sondent et comparent les divers pans d’un corpus divers qui assemble fictions, essais pédagogiques et esthétiques, et bien entendu prose spirituelle. Ce balayage permet une grande pluralité des approches qui saisissent les enjeux et les soubassements d’une pensée, d’une croyance et d’une sensibilité à la fois inquiétées et passionnées par le pouvoir de l’image. Pour partie, Fénelon met en soupçon, éventuellement refuse les images, jugées risquées parce que séductrices, trompeuses, illusoires. Mais il sait aussi ne pouvoir se passer du régime de l’image, concrète et mentale, pour toucher et persuader les hommes auxquels il s’adresse et que les sens rendent incapables de s’élever spontanément à l’abstraction des idées ou de la foi.
Le lecteur trouvera dans ce volume un croisement de perspectives : spirituelles, littéraires, stylistiques, esthétiques, didactiques, éditoriales… L’enquête conclut à la place centrale et éminemment problématique que l’œuvre de Fénelon n’a cessé d’entretenir avec les différents modes de la figuration.
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Table des matières / I. GARNIER et O. LEPATRE, « Introduction » – THEORIE – M.-H. SERVET, « Impertinent, Impertinence : les mots et la chose » ; M. LEVESQUE, « "Je m’en sers de ma seule autorité" : possibilité et enjeux d’un usage impertinent de la langue au XVIIe siècle » ; F. BOISSIERAS, « Approche rhétorique et pragmatique de la notion d’impertinence » – L’IMPERTINENCE GENERIQUE – A.-P. POUEY-MOUNOU, « Impertinences montaigniennes : la "suffisance" des Essais » ; M.-C. THOMINE-BICHARD « Les impertinences d’Eutrapel : Baliverneries (1548) et Contes et Discours d’Eutrapel (1585) » ; P. MOUNIER, « Le roman et l’humanisme : anticonformisme d’un genre à la Renaissance » ; A. ROOSE, « L’impropre et l’obscène dans Alector de Barthélémy Aneau » ; Y. CHARARA, « Les Aventures de Télémaque de Fénelon inspiration mystique et scandale générique » – LES GENRES DE L’IMPERTINENCE – M. AUBAGUE, « Les Trois Francion de Charles Sorel (1623, 1626, 1633) : impertinence générique et voix d’auteur » ; F. POULET, « De la satire des ridicules à la parrêsia : impertinence et extravagance dans l’histoire comique (1620-1660) » ; D. BERTRAND, « Impertinentes traversées urbaines : risque de la parrêsia et frontières de l’acceptabilité burlesque » ; H. DURANTON, « Au-delà de l’impertinence : la littérature satirique versifiée (1715-1789) » ; P. CAMBOU, « L’obscène et le saugrenu comme formes d’impertinence dans le conte voltairien » ; C. RAMON, « La transgression des libertins : une affaire de genre ? (Crébillon, Sade, Nerciat) » ; M. TSIMBIDY, « De l’impertinence des Mémoires ou des mémorialistes sous Louis XIV » ; K. ABIVEN, « Les impertinences de l’Histoire : une question d’aptum générique » ; F. WILD, « Savoir et impertinence dans les ana » ; P. GETHNER, « Le Proverbe dramatique, genre de l’impertinence » – Impertinence et bienséances – T. TRAN, « Les impertinences de la parole : collusions génériques et renversement satirique dans les Loups ravissans de Robert Gobin (c. 1505) » ; O. LEPLATRE, « L’impertinence des images : mont(r)er. A propos de l’Enigme joyeuse pour les bons esprits et du Centre de l’amour » ; P. EICHEL-LOJKINE, « Le conte merveilleux, un genre autorisant l’impertinence ? Bienséance, contrôle, image dans "Le Maître Chat ou le Chat Botté" » ; M.-M. FRAGONARD, « Livres de piété, prédication et modes féminines : l’enfer des bonnes intentions » ; C. ARONICA, « Quand les désirs sont désordre. Le corps impertinent de la tragédie classique » ; C. BARBAFIERI, « "La femme est le potage de l’homme" : les plaisanteries malséantes dans la France classique » ; M. BERMANN, « Les Contes et Nouvelles en vers ou une mondanité impertinente » ; C. LIGNEREUX, « Le conseil, un acte de langage contraire aux bienséances ? » – IMPERTINENCE, AUTORITE ET AUCTORIALITE – D. Reguig, « Impertinence et littérarité chez Boileau » ; C. BAHIER-PORTE, « Les réécritures "modernes" du bouclier d’Achille : l’inavouable pertinence d’un modèle inconvenant (Lesage, La Motte, Marivaux) » ; C. HAMMANN, « Pertinence du dé-plaire : une mise en cause de l’aptum dans les Lettres au XVIIIe siècle ».
L’impertinence a longtemps eu mauvaise presse. Sottise ou fatuité, extravagance ou importunité, l’impertinence choque, indispose, heurte l’usage ou la bienséance. Quand elle s’invite en littérature, elle fournit bien plus que l’étoffe de personnages de comédie – médecins ou coquettes – ou de romans burlesques : elle joue avec les codes sociaux et les normes de la représentation, bousculant les frontières des genres établis qu’elle subvertit ou régénère.
Après une mise en perspective conceptuelle de la notion, vingt-neuf études éclairent ici les multiples facettes de l’impertinence sous l’Ancien Régime. Elles les envisagent en diachronie d’un point de vue lexical, rhétorique, générique, en jouant de la complémentarité des approches. Composant un savoureux pot-pourri, roman, conte, histoire fabuleuse, énigme, recueil d’emblèmes, livres de piété, tragédie, mémoires, chansons satiriques, images tendancieuses, apparaissent tantôt comme lieux de l’impertinence générique, tantôt comme genres de l’impertinence.
Énergie créatrice au XVIe siècle, sulfureux débordement à canaliser au siècle classique, elle devient force émancipatrice pour les Lumières. En à peine plus d’un siècle, l’impertinence inverse totalement sa valeur socio-esthétique et contribue à faire jaillir la vérité en se soustrayant au carcan des codes. Stigmatisée comme vice par l’opinion commune, retournement de la folie en sagesse pour les écrivains indociles – qu’on peut considérer précurseurs –, elle apparaît comme qualité de l’intelligence et de l’esprit – pour ne pas dire vertu – et finit par imprégner toute une époque, valeur partagée d’un temps qui, par sa liberté de penser et d’écrire, marque encore le nôtre.
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Le XVIIe siècle fut un grand âge religieux, marqué par l'intensité des pratiques, par la vigueur de la dévotion et de la pastorale, par la virulence parfois des controverses théologiques, plus généralement par la puissance d'influence de l'Église sur les moeurs, les consciences et les imaginaires. La vie intérieure comme la vie sociale étaient alors modelées, dirigées, corrigées même par les commandements des institutions religieuses, les discours des prédicateurs et les impératifs partout diffusés de la foi. Les interrogations spirituelles, nombreuses, renouvelées, soumises à de très importants défis, imprégnèrent les grands débats et sous-tendirent tous les mouvements intellectuels. Car, sans doute, rien de ce qui se pensait, rien de qui s'écrivait et se créait n'était tout à fait coupé du questionnement sur le rapport de l'homme à Dieu et sur les enjeux profonds d'une existence inséparable de l'acte, ressenti comme banal, bouleversant ou éventuellement aliénant, de croire.
En hommage au travail de l'un des plus éminents spécialistes de la spiritualité, le Professeur Jean-Pierre Landry, une vingtaine de chercheurs, d'origines disciplinaires multiples, se sont associés pour ouvrir et parcourir selon quelques-unes de leurs voies les champs du dialogue entre l'Esprit et les Lettres. Grâce à la variété des approches et des objets, les études proposées se sont efforcées de mettre en perspective la totalité du XVIIe siècle et parfois au-delà ses racines et ses prolongements. Elles témoignent ainsi de la fécondité des liens entre la littérature, sous ses différentes modalités, et la spiritualité ; elles traduisent ensemble la diversité des formes de cette rencontre entre les choses de l'âme et les mots où se sont exprimés les sensibilités, les doutes et les élans d'une époque.
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