-
-
Emile Durkheim et ses principaux collaborateurs – Maurice Halbwachs, Marcel Mauss et François Simiand – ont consacré une grande partie de leurs travaux sociologiques à l’étude des faits économiques. La sociologie économique qui s’ensuivit sest développée selon deux directions. Dans la première, il s’agit de faire la critique de l’économie politique en rectifiant la méthodologie de cette dernière ainsi qu’en examinant les conditions institutionnelles de l’économie moderne e contrat, la justice sociale, les groupements professionnels, etc.). Simiand et Halbwachs ajoutent à cela l’étude des comportements sur le marché du travail ou des biens de consommation, avant de porter leur réflexion sur l’évolution du capitalisme dans l’entre-deux-guerres. Dans la seconde, la sociologie religieuse sert à mettre au jour les origines sociales des catégories de l’économie. Esquissé par Durkheim, ce programme est mis en œuvre par Mauss pour l’étude de l’échange-don et de la monnaie.
La présentation de ces programmes de recherche et de leurs principaux résultats est le premier objet traité par Philippe Steiner. Le second consiste à montrer l’originalité et le caractère toujours vivant de l’approche durkheimienne de l’économie. Confrontant les approches d’Auguste Comte et de Karl Marx, Philippe Steiner démontre comment l’école durkheimienne a su dégager l’importance prise par les représentations économiques des acteurs, experts ou profanes, dans le fonctionnement de l’économie moderne. Sur cette base, le croisement de la sociologie religieuse et de la sociologie économique prolonge les réflexions de Max Weber et évalue l’incidence du système scolaire sur la diffusion des connaissances économiques.
-
J.-M. BERTHELOT,
Philippe BESNARD,
Massimo BORLANDI,
Raymond BOUDON,
Giovanni BUSINO,
François CHAZEL,
Mohamed CHERKAOUI,
D. COLAS,
Charles-Henry CUIN,
J.-H. DÉCHAUX,
P. DEMEULENAERE,
M. FOURNIER,
O. GALLAND,
A. GOFMAN,
John L. HEILBRON,
F. HÉRAN,
N. HERPIN,
H. L. KRÄMER,
R. LENOIR,
J.-Ch. MARCEL,
N. MAYER,
P.M. MENGER,
J. MERGY,
D. MERLLIÉ,
L. MUCCHIELLI,
M. ORRÙ,
G. PAOLETTI,
W. S. F. PICKERING,
A. RÉGNIER-LOILIER,
A. RILEY,
Philippe STEINER,
M. TRAUGOTT,
J.-R. TRÉANTON,
L.-A. VALLET,
F. M. ZERILLI
-
H. BÉGUIN,
Jacques COENEN-HUTHER,
P. DOCKÈS,
J.P. GAUDIN,
P. KNOEPFEL,
Judith LAZAR,
H. LE BRAS,
J. MOLINO,
J.-C. PASSERON,
S. PROKHORIS,
D. PUMAIN,
J.-B. RACINE,
Claude RAFFESTIN,
Philippe STEINER,
S. TERRIBILINI,
F. VARONE,
H. VOLKEN
Après avoir étudié, dans les sciences de la société, le concept de loi et les théories de l'argumentation – voir les actes de ces deux colloques dans notre Revue, Nos 104 (1996) et 107 (1997) –, le Groupe de Bramois a poursuivi ses travaux en abordant la thématique du changement. Ce sont les actes de ce troisième colloque que le lecteur trouvera dans le présent numéro. La continuité est réelle. On peut l'exprimer sous la forme familière du prisme, dont il s'agirait de pouvoir saisir le plus de facettes possibles. Ce prisme, c'est le phénomène social, composite de nécessité (qu'on cherche à établir par les lois) et de contingence (rendant nécessaire le relatif d'une argumentation), en même temps permanent et mouvant dans ce qu'on appelle le changement. Les contributions réunies ici, émanant, comme les années précédentes, des différentes sciences de la société, éclairent les positions, entre la recherche des cohérences fonctionnalistes et celle des dynamiques sélectives, sur l'arrière-fond des grands paradigmes – le progrès, la décadence et l'éternel retour. Entre histoire et système, entre individu et organisation, où se loge ce que l'on peut en savoir? Quelle géométrie dans la diversité des temporalités est-elle possible sans qu'en résulte une réduction de la réalité? Le pari de ces approches multiples est celui de l'unité plurielle et mouvante, paradoxale, du prisme– hypothétique – que l'on a évoqué.