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La production littéraire et érudite de la Renaissance se campa souvent sous le signe du compagnonnage, de la « sodalité » (sodalitas) : les notions d’amitié, de communauté, de collaboration – ou de rivalité – affleurent ainsi dans les projets savants et poétiques de l’époque, en France comme ailleurs. Une équipe internationale de spécialistes des lettres françaises, italiennes et néo-latines présente ici de nouvelles perspectives sur cette caractéristique socio-culturelle des textes renaissants. Elle explore les différentes façons dont se croisèrent la cour, les cercles lettrés et les métiers du livre, les sphères vernaculaire et latine, le milieu local et l’échelle internationale de la République des lettres.
Ce volume est dédié à la mémoire de Philip Ford (1949-2013), Professeur titulaire de Lettres françaises et néo-latines à l’Université de Cambridge et Fellow de Clare College. Il célèbre les échanges intellectuels et la collégialité, voire la « sodalité », que Philip Ford appréciait au plus haut point, tant comme sujet de recherche qu’en tant que valeur vivante et durable de la vie universitaire. Sodalitas litteratorum ajoute la bibliographie de ses études et le texte de sa dernière conférence, à propos de Ronsard, ainsi que des poésies multilingues composées en son honneur.
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Fruit de l’admiration d’Estienne pour l’excellence des artisans dont le « génie » assurait à la foire de Francfort son rayonnement international, et surtout pour son « Académie foraine des Muses », l’Eloge fut brandi après la Guerre de 1870 comme étendard d’une paix universelle garantie par le commerce international. Il est présenté ici dans trois traductions inédites (française, allemande, anglaise) et rendu à ses premiers lecteurs : outre le Conseil de Francfort, un petit groupe de poètes autour de Melissus et Posthius liés par leur croisade contre l’ivresse, Johann Fischart, le premier traducteur de Rabelais, et Marx Mangold, l’adaptateur méconnu de l’Eloge en vers allemands.
Estiennes Lob drückt die Bewunderung für die Kunstfertigkeit der Schausteller auf der Frankfurter Messe aus, die ihr eine internationale Ausstrahlung sicherte, vor allem aber für die „Musen-Akademie » der Buchhändler. Dieses Enkomion auf die Frieden stiftende Kraft des internationalen Austausches wurde nach dem Krieg von 1870 wiederentdeckt. Die Neuausgabe des lateinischen Texts mit drei bisher ungedruckten Übersetzungen (französisch, deutsch, englisch) erinnert auch an die ersten Leser: Neben dem Rat der Stadt Frankfurt waren das die Dichter um Melissus und Posthius, an deren literarischem Feldzug gegen die Trunksucht sich Estienne beteiligte, Johann Fischart als erster Rabelais-Übersetzer und Marx Mangold, der das Lob in einen deutschen Paarreim-Dialog brachte.
The fruit of Estienne’s admiration for the excellence of the artisans whose ‘genius’ secured for the Frankfurt Fair its international reputation, and especially for its ‘Academy-Fair of the Muses’, the Encomium was held up after the Franco-Prussian War as a banner for the lasting peace that would be brought about by world economic prosperity. Here it is presented in three new translations (French, German, English) and brought back to its first readers: the Frankfurt Council; a small group of poets close to Melissus and Posthius, united in their crusade against drunkenness; Rabelais’ first translator Johann Fischart; and the little-known author of a German verse adaptation of the Encomium, Marx Mangold.