Hubert BONIN
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TABLE DES MATIÈRES
Chapitre premier
Hubert Bonin et Jean-Marc Figuet, « Les enjeux des leçons à tirer de la crise bancaire récente »
Première Partie
Les pesanteurs de l’Histoire : la prégnance des crises bancaires
Chapitre II
Hubert Bonin, « Essai de typologie des crises bancaires en France (XIXe-XXe siècles) »
1. Crises bancaires et mouvements conjoncturels et aléatoires
2. Les crises de l’adaptation des structures du système bancaire
Chapitre III
Denis Malherbe, «La crise financière, révélateur d’une dérive éthique dans la gouvernance des groupes bancaires mutualistes français ? Les Caisses d’épargne et les Banques populaires face aux pertes de leur filiale Natixis (2006-2009) »
1. Le « déplacement des buts », un th¨me éthique actuel
2. Le cas Natixis : deux groupes mutualistes face à la tourmente financière
3. Quelle éthique pour quelle(s) responsabilité(s) dans la gouvernance?
Chapitre IV
Hubert Bonin, « En quête de distorsions cognitives. Le paradoxe de a libéralisation bancaire : levier de la future crise de 2007/2008 ou levier du progrès économique ? »
1. L’éperon de la course à l’innovation
2. Une communauté des experts subjuguée par des croyances ?
3. L’offensive des groupes de pression en faveur de la libéralisation bancaire
Deuxième Partie
Des crises à l’environnement réglementaire
Chapitre V
Laetitia Lepetit, Pierre-Nicolas Rehault & Alain Sauviat, « La vente de crédits bancaires : le péché original ? »
1. La vente de crédits est-elle compatible avec la théorie de l’intermédiation bancaire ?
2. La vente de crédits bancaires : vices ou vertus ?
Chapitre VI
Gilles Jacoud, « Liquidity crisis and monopoly of banknote issue in France »
1. The coexistence of two types of banks
2. The multiplicity of banks contested but officially reasserted
3. The effects of the 1848 crisis
Chapitre VII
Bertrand Blancheton, « La Banque de France et le “prêt en dernier ressort” durant la crise de liquidité de l’été 1914 »
1. Imminence de la guerre, panique bancaire et crise de liquidité
2. Moratoire des dépôts bancaires ou réescompte : les enjeux du choix pour une banque centrale
3. Les craintes d’un excès de liquidité et les actions de freinage
Chapitre VIII
Dominique Lacoue-Labarthe, « In search of the banking regulator amid US financial reforms of the 1930s »
1. Banking panics and the collapse of credit
2. Emergency banks bailout
3. Setting up deposit insurance
4. Separation of commercial and investment banking
5. The federal organization of nonbank financial institutions
Chapitre IX
Pierre-Henri Cassou, « La réglementation bancaire, entre intérêt général et intérêts particuliers »
1. Les contradictions de l’interventionnisme public (1945-1965)
2. Les alternances d’un renforcement de la concurrence et d’un interventionnisme catégoriel (1966-1989)
3. Les limites de l’harmonisation internationale et européenne (1990-2006)
4. Les nouveaux défis résultant de la crise
Chapitre X
Sophie Brana, « Hundred years: Happy Anniversary, Federal Reserve ! »
1. La Réserve fédérale et la stabilité financière
2. La Réserve fédérale et la politique monétaire
Troisième Partie
La sagesse récente des experts et des banques centrales : anticipation, contrôle et action systémique
Chapitre XI
Michèle Leclerc-Olive, « Décider sur les marchés financiers. Eléments pour une critique de la raison probabiliste »
1. Temps et incertitude. Détour préliminaire
2. Incertitude et marchés financiers
3. Dire l’incertain
4. « Dérandomisation » et détemporalisation
5. Modéliser un corpus de connaissances incertaines
6. Délibération/calcul et décision : de la déhiscence à l’inférence
7. La dynamique des croyances
8. Dynamique de la croyance : jugement incorrect versus jugement
erroné
Chapitre XII
Jerome L. Stein, « Stochastic optimal control and the US financial debt crisis: An overview»
1. Anticipating the recent crisis ? Issues about expertise
2. The International Monetary Fund and anticipations
3. Issues about monitoring market places
Chapitre XIII
Edwin Le Héron, « Une histoire de la politique monétaire contemporaine »
1. L’histoire contemporaine des régimes de politique monétaire
2. Les grands modèles appliqués de régulation monétaire aujourd’hui
3. La remise en cause du cadre traditionnel par les politiques non conventionnelles depuis la crise de 2007
Chapitre XIV
Christian Bordes, « The Riksbank, a leading central bank or a “Sadomonetarist” in action? »
1. Central banking framework in Sweden: What changed during the crisis and why?
2. Macro-prudential policy : What role for the Riksbank?
3. The Riksbank, a leading central bank (2008-2010)?
4. The Riksbank, a “sadomonetarist in action” (2010-2014)?
Chapitre XV
Jean-Marc Figuet, « La réglementation prudentielle : à la poursuite du temps perdu ? »
1. Le point de départ : Bâle I
2. Un bref point de passage : Bâle II (2004/2008)
3. Les accords de Bâle III (2010, applicables en 2019)
Chapitre XVI
Dominique Plihon, « Un premier bilan des réformes bancaires à la suite de la crise »
1. La supervision prudentielle des banques : des réformes insuffisantes, voire dangereuses
2. L’Union bancaire européenne : une réforme en trompe-loeil
3. Les avantages d’une scission des banques universelles
4. La scission des banques universelles : une réforme avortée
Chapitre XVII
Jézabel Couppey-Soubeyran, « La séparation des activités bancaires : a-t-on bien tiré les leçons du pasé ? »
1. La séparation dans ses déclinaisons actuelles n’améliorera pas la stabilité financière
2. Les leçons du passé sur la séparation version Glass Steagall Act ne sont peut-être pas celles que l’on croit !
Chapitre XVIII
William Marois, « Réflexions sur la confiance »
1. La confiance fondement des mécanismes monétaires et bancaires
2. Confiance et éducation
Quatrième partie
Des mutations ciblées, selon les secteurs ou les régions globalisées
Chapitre XIX
Patrice Baubeau, « Les paiements directs en billets du Trésor de 1877 à 1955 : de la réponse aux crises à la gestion des tensions financières »
1.De la préparation à la guerre : trois exemples d’accès du Trésor
aux ressources monétaires
2. Réflexions sur lasaisissabilité de l’Etat : des traites du travail à la naissance des acceptations du Crédit national
3. Les acceptations du Crédit national de 1940 à 1955
Chapitre XX
Jean-Pierre Duprat, « Les innovations techniques au sein de l’Union économique et monétaire et les limites de fond »
1. Le dépassement des principes de l’UEM et les difficultés de conception des relations avec les Etats
2. Le contrepoids démocratique et l’insuffisante participation des parlements
Chapitre XXI
Wahyoe Soedarmon, Philippe Rous & Amine Tarazi, « Bank capital, self-interested managers and the cost of intermediation: Evidence from Indonesian monthly bank data »
1. Literature review and research focus
2. Data, variables and descriptive statistics
3. Hypotheses and econometric specification
4. Empirical results
5. Robustness checks
Chapitre XXII
Elisabeth Paulet, « La crise des subprimes et le secteur bancaire européen : une opportunité de renouveau pour les banques universelles ? »
1. La question non tranchée de la corrélation entre taille et augmentation du risque systémique
2. Les banques et la crise des subprimes : un défi pour plus d’efficacité dans un contexte globalisé
Chapitre XXIII
Andy Mullineux, « The future of co-operative and mutual banking in the UK»
1. Mutuality in banking
2. After the “Big Bang”
3. Governance and mutuality
4. Credit unions and CDFIs
5. A way forward
Chapitre XXIV
Delphine Lahet, « Dynamique des flux de capitaux et stabilité financière dans les pays ©mergents »
1. La dynamique des flux de capitaux vers les pays émergents
2. Les déterminants des mouvements de capitaux
3. Les conséquences sur la stabilité financière
4. Deux lignes de défenses possibles
Cinquième partie
Des références en hisoire bancaire et financière
La contribution de Dominique Lacoue-Labarthe
Chapitre XXV
Dominique Lacoue-Labarthe, « Bibliographie thématique »
1. La théorie des effets monétaires de la flexibilité des prix sur l’équilibre macroéconomique
2. Economie monétaire
3. Liquidité bancaire, politique monétaire de taux d’intérêt
4. Mouvements interna
Les historiens de l’économie bancaire constatent souvent une faible mobilisation du savoir historique concernant les boums cycliques, les mouvements de spéculation et les krachs, puis les crises déflationnistes qui les suivent. Aussi cet ouvrage collectif rassemble-t-il des historiens et surtout des économistes qui s’attachent à faire le point sur le portefeuille de connaissances, voire de théories, à propos des crises bancaires et financières. Cela représente un ensemble varié d’approches et de points de vue sur le registre des théories économiques et des approches micro/macro-économiques. Un axe essentiel consiste d’abord à identifier la nature de ces crises, dans le passé récent et durant la dernière crise. Les faits, les théories et les interprétations sont mis au service d’un essai d’appréciation rétrospective de ce choc économique. Un deuxième axe suit le cheminement d’historiens et économistes qui entendent débattre de la capacité de lucidité et d’anticipation des experts, des régulateurs et des acteurs de l’économie bancaire et financière, autour des thèmes de l’asymétrie d’information, des rapports de force au sein des organisations bancaires, des instances de régulation ou des autorités politiques.
itiques.
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Table des matières
Remerciements
Préface
Introduction
La Savoie, combien de territoires ?
Une historiographie en chantier
Des structures et des flux
Yves Kinossian
Frontières à l’intérieur, frontières à l’extérieur. Les portes lémanique et alpine (1848-2013)
1. Circulation, territoire, population et production (1850-2013)
2. Les zones franches
Conclusion
Hubert Bonin
Les banques savoyardes enracinées dans l’économie régionale (des années 1860 aux années 1980)
1. Le legs d’une histoire bancaire non française
2. La fragilité originelle de l’économie savoyarde dans les années 1860-1890
3. L es banquiers et l’émergence d’une économie savoyarde moderne (1890-1940)
4. Bourgeoisies entrepreneuriales et banquiers savoyards: vers un circuit court de l’investissement (1900-1940)?
5. La cristallisation et la résistance du modèle bancaire savoyard dans l’Entre-deux-guerres
6. La bataille pour préserver une autonomie bancaire savoyarde (des années 1940 aux années 1960)
7. La ténacité d’un archipel de banques familiales de taille moyenne
8. Des banques coopératives conquérantes
9. La Banque de France marraine d’un système bancaire élargi
10. La Savoie bancaire de plus en plus dépendante de groupes parisiens (depuis les années 1980)
Conclusion : Plusieurs modèles de banques savoyardes
Michel Boulet
De la Savoie paysanne à la « Ferme Savoie » ?
1. L’agriculture dans la première moitié du XIXe siècle
2. L’agriculture s’insère dans l’économie de marché (1860-1920)
3. Le temps des crises (1920-1950)
4. La Cinquième République. L’État réformateur
5. La « ferme Savoie » aujourd’hui
6. Enjeux d’avenir
Pierre Judet
La « Savoie industrielle ». Des territoires industriels en mouvements
1. Nébuleuses industrielles et usines au l de l’eau. L’industrie savoyarde avant l’électricité
2. Electricité et consommation. La grande époque de l’industrie contemporaine en Savoie
3. L’industrie entre le local et le global
Conclusion
Régis Boulat
Les fabricants de matériels de sports d’hiver (fin XIXe-début XXIe siècle)
1. Des savoir-faire traditionnels valorisés par la naissance des sports d’hiver (années 1900-années 1950)
2. L’émergence de deux ensemble concurrents, Rossignol et Salomon (années 1960-années 1980)
3. Un secteur hautement concurrentiel déconnecté de son territoire (années 1990-2000)
Hervé Joly
Qui sont les patrons de l’industrie savoyarde ? (années 1860-2000)
1. Les responsables des organisations patronales locales
2. Les dirigeants d’entreprises industrielles savoyardes
Denis Varaschin
L’énergie ou comment faire système avec son territoire
1. Des temps pré-électriques dominés par l’hydraulique
2. La Savoie, terre délection pour l’électricité
3. Vers un mix productif plus épanoui
Conclusion
Mino Faïta
Le bâtiment et les travaux publics en Savoie, un binôme aux mains de l’Etat
1. Entre continuités et ruptures (1860-1880)
2. 1880-1939: quelles mutatns?
3. De 1945 à nos jours: le grand tournant?
4. L’évolution récente du BTP savoyard
Conclusion
Julien Coppier
Le tourisme en Savoie, construction d’une économie dans le temps long
1. Le temps des prémices et des précurseurs (XVIIIe-1860)
2. Une période de grande attraction (1860-1900)
3. Le tourisme, une ressource économique qui se confirme (1900-1950)
4. Un tourisme de masse: constat, organisation et chiffres (1950-2013)
Yves Bouvier
Transports et communications: circuler en Savoie et organiser le territoire
1. Du tunnel du Mont-Cenis au tunnel de base du Lyon-Turin : la Savoie au carrefour des innovations ferroviaires
2. De l’automobilisme aux grandes infrastructures autoroutières
3. Sur rail, sur pneu et dans les airs, petit panorama des autres modes de transport
4. Communiquer sans se déplacer: les réseaux de télécommunications en Savoie
Serge Tomamichel
Les prémices de l’enseignement professionnel en Savoie (1860-1939)
1. L’enseignement professionnel en Savoie en 1860
2. De l’Annexion à la Grande Guerre: le choix de la voie scolaire
3. L’Entre-deux-guerres: premières écoles techniques et timide décollage de l’apprentissage
4. L a cristallisation d’un véritable enseignement professionnel structuré depuis les années 1950
Conclusion
Hubert Bonin
Conclusion générale : en quête des diverses facettes de l’identité savoyarde
1. Une osmose partenariale internationale
2. Entre liberté et contrôle des flux : vers le réalisme de l’intégration transfrontalière
3. Une identité agricole savoyarde ?
4. En quête d’une identité industrielle savoyarde
5. La geste énergéticienne
6. Des loisirs bourgeois aux loisirs de masse ?
7. En quête du capitalisme savoyard
8. En quête d’une identité coopérative savoyarde
9. En quête du secteur public
10. En quête de matière grise savoyarde
Liste des auteurs
Index
Fruit du travail des meilleurs spécialistes du sujet, ce livre brosse le tableau de pays de Savoie qui font aujourd’hui figure d’exception par leur dynamisme économique – notamment industriel, bancaire et tertiaire – associé à une image d’une région où il fait bon vivre et séjourner.
Depuis le rattachement à la France en 1860, que de chemin parcouru par deux départements, la Savoie et la Haute-Savoie, qui durent affronter le choc consécutif à l’Annexion, puis la Grande Dépression, trois guerres et deux profondes crises économiques! Et quelle ascension pour des territoires fragmentés, sans cesse à s’affirmer entre pôles lyonnais et grenoblois, genevois et turinois.
Conjuguant l’individualisme des patrons et les prégnantes sociabilités, l’esprit d’entreprendre a renversé les montagnes. Le fonds culturel apparaît ici fondé sur les échanges avec l’extérieur, le multiculturalisme voire le cosmopolitisme des populations venues notamment de Suisse et d’Italie. Cette société, à la fois enracinée et en mouvement, a su faire converger et assembler les dynamiques du tropisme helvétique (axe Annecy-Genève) et des liens historiques avec le Piémont (axe Lyon-Turin via Chambéry). Une société et une culture spécifiques ont façonné un territoire de l'innovation rythmé par des temporalités et stimulé par des trajectoires économiques marquées par une tension permanente entre « savoyardisation », toujours bien vivante, et « désavoyardisation », portée par l’intégration nationale et l’ouverture internationale.
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L'état actuel des relations bancaires et financières entre la Grèce et l'Europe occidentale ne renvoie pas une image positive, en dépit de leur amitié et de leur patrimoine historique et philosophique commun. Dès le milieu du XIXe siècle, pourtant, le philhellénisme a mobilisé le monde de la banque et de la finance, et le marché parisien a été intimement lié au monde du négoce des villes portuaires de la Mer Egée et à leurs ramifications en Egypte, à Constantinople, dans les zones entourant la mer Noire et à Marseille. Ainsi, plusieurs banques françaises, notamment le Crédit lyonnais, le Comptoir national d'escompte de Paris, Paribas, la Banque de l'union parisienne, la Société générale et le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie, ont eu de forts engagements bancaires et financiers avec les villes méditerranéennes et égéennes où les diasporas grecques étaient actives. Ces "cités-ports" ont joué un rôle majeur dans le déploiement de la « stratégie de niche » mise en place par les banques françaises, en complément des gros marchés américain, russe, chinois et ottoman. La place parisienne a même contrôlé des banques soeurs à Salonique et à Athènes, avec des partenariats durables. S’appuyant sur de nombreuses archives, cet ouvrage permet de reconstituer leurs stratégies financières, en fonction de la conjoncture européenne et de la situation économique grecque.
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L’histoire du canal de Suez et de la firme qui en a obtenu la concession (pour la construction et la gestion jusqu’en 1968) aura suscité des controverses dès l’origine, lors des tensions euro-égyptiennes des années 1950 et encore durablement parmi les idéologues, parmi les spécialistes de géopolitique et de relations internationales, et enfin parmi les historiens. En croisant des archives d’entreprise, des témoignages, des thèses et nombre d’ouvrages, notre livre entend tout à la fois reconstituer les faits et nourrir les débats, en aspirant à un équilibre serein. L’aventure de Suez est d’abord une belle histoire mêlant utopie, esprit d’entreprise, révolution industrielle, enjeux du décollage économique de l’Égypte et mobilisation financière, humaine et technique au service d’un « grand projet ». L’actualité d’un tel livre réside précisément dans la mode présente des concessions et des « grands projets » car il incite à méditer sur la prise de risque et le capital de compétences nécessaires. Nous avons aussi reconstitué la culture d’entreprise de Suez, sa forte culture technique dans la maintenance et l’amélioration du canal, sa bonne conscience en Égypte, et, peu à peu, son assise institutionnelle dans les communautés françaises et anglaises des affaires et des empires. Le décalage entre cette culture et les mutations de l’environnement géopolitique ont créé une crise structurelle, qui a débouché sur « la crise de Suez 1956 ». Mais nous précisons comment la Compagnie de Suez a pu mobiliser son renom et sa « cagnotte » pour renaître et entamer une deuxième étape de sa vie capitaliste. Fortement imprégné des méthodes de « l’histoire d’entreprise » et riche en données statistiques, ce livre n’en reste pas moins vivant, par ses argumentations récurrentes et par son stock iconographique.
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Le processus d’« américanisation » de l’Europe et les initiatives stratégiques des firmes américaines hors des Etats-Unis sont déjà bien connues. Mais l’expansion même des sociétés américaines en Europe manquait encore d’une étude systématique. Cet ouvrage rassemble donc deux douzaines d’historiens de l’économie et des entreprises qui ont œuvré à une échelle européenne comparative, après une brillante problématique élaborée par Mira Wilkins. Les percées effectuées par cet ouvrage concernent notamment le thème du calendrier et du rythme du déploiement des firmes américaines en Europe, le modus operandi suivi dans chaque pays ou groupe de pays, selon les spécificités de chaque industrie ou de chaque activité de services, et enfin la stratégie suivie par tel ou tel groupe. Au-delà des faits, les aspects « immatériels » de cette histoire d’entreprise sont scrutés, en particulier à propos de la perception des firmes américaines par les Européens : leur image de marque institutionnelle et leur identité étaient en jeu. L’européanisation des entreprises américaines constitue un défi déterminant, à propos surtout des relations sociales, du management, des politiques commerciales, de l’image de marque des gammes de produits, des réseaux de relations et de l’enracinement institutionnel. La position des pouvoirs publics et des groupes de représentation d’intérêts (parmi les industriels, les associations professionnelles, les syndicats de salari©s) est évidemment analysée. Nombre de chapitres sont enrichis de tableaux de données, de graphiques, et même d’une recension thématique de publicités commandées par les firmes américaines, ce qui permet de nourrir les analyses sur l’approchedes consommateurs et la formation de leur capacité de perception positive.
Hubert Bonin est professeur d’histoire économique contemporaine, d’histoire d’entreprise et d’histoire bancaire à Sciences Po Bordeaux et l’UMR GRETHA-Université de Bordeaux 4. Ferry de Goey est professeur d’histoire contemporaine et d’histoire d’entreprise à l’Université Erasmus de Rotterdam.
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Dès sa création, la Société générale devient la seconde banque française dite ''moderne'', aux côtés des maisons familiales de la Haute Banque ; elle se pose d'emblée en praticienne de la ''banque universelle'', à la fois banque de dépôts, banque de crédit des entreprises, banque d'affaires, courtier de valeurs boursières et conseil en gestion de patrimoine. Elle expérimente un ''modèle'' de banque adapté à la révolution industrielle.
Elle est aussi tout de suite engagée dans un monde de l'argent internationalisé. Active à Londres, elle participe aux affaires de la City. Elle accompagne des capitalistes investissant en Russie, dans l'empire ottoman, en Égypte, en Italie, etc. Elle noue un partenariat privilégié avec des hommes d'affaires actifs dans l'eldorado du Pérou.
La Société générale est pionnière en matière de création d'une ''organisation de firme'' bancaire. Elle doit constituer un vivier de cadres au Siège et dans les agences ; mettre au point des processus de contrôle de la gestion et des techniques d'appréciation des risques. Ce livre fourmille des portraits des grands dirigeants mais aussi de quelques dizaines de responsables des services et des agences.
Enfin, la banque doit s'enraciner sur la place parisienne, dans le monde politique notamment, alors que les régimes changent et que l'argent est au cœur des débats et des recompositions d'alliances entre groupes sociaux et politiques : elle devient elle aussi partie prenante du monde des affaires et de la vie de la Cité, d'où l'appréciation de sa ''position'' et de ses réseaux d'influence sur la place.
Dans la lignée de « l'école française d'histoire bancaire », Hubert Bonin mobilise les méthodes de l'histoire d'entreprise (business history) pour montrer comment, en un quart de siècle, une nouvelle grande entreprise est née et consolidée, dont l'histoire restait encore méconnue.
Hubert Bonin est professeur à l'Institut d'études politiques de Bordeaux depuis 1995 et responsable du Centre Montesquieu d'histoire économique - Université de Bordeaux 4. Il a publié une trentaine de livres dont une majorité consacrée aux banques.
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