Littérature
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La menace écologique est plus prégnante que jamais dans notre société et devient, au fil des années, un motif incontournable dans la production artistique de notre temps. Ce livre interroge plus précisément la nature dans la littérature contemporaine en français, à partir d’un corpus de textes pris dans le domaine européen (Chevillard, Michon, Mingarelli, Ollier, Réda, Rouaud, Simon, Tesson, Trassard) et antillais (Chamoiseau, Glissant, Maximin). La question centrale qui est posée ici concerne l’influence d’une prise de conscience environnementale sur la représentation de l’espace. Pour cela, les analyses s’appuient sur l’écocritique nord-américaine aussi bien que l’écopoétique, plus à même de rendre compte de la littérature en français.
La recherche démontre que la conscience écologique va de pair avec une nouvelle conception du monde qui met à mal les représentations traditionnelles de l’espace. L’exploration de l’espace sauvage ne conduit dès lors pas à une célébration d’un paysage sublime, mais associe les découvertes du voyageur tout au plus à un sublime suspendu, tremblé et par là provisoire. De même, le récit préhistorique ne recourt pas aux stratégies littéraires du roman préhistorique traditionnel. Plutôt que de procéder comme ce dernier à la représentation du temps préhistorique et que de montrer l’arrivée triomphante de l’homme, le récit contemporain se livre, au contraire, à une enquête incertaine autour de la trace humaine dans l’espace. Il apparaît ainsi un décalage entre la relativité de l’histoire humaine et la permanence du temps géologique. La littérature met en avant la nécessaire reconfiguration des représentations traditionnelles de l’espace et remet en cause la place centrale que l’homme s’attribue. Il s’agit pour les textes de montrer en quoi la géographie apparaît comme une entité plastique et mobile, comme en témoigne par exemple le motif du jardin qui réconcilie les efforts d’am©nagement de l’homme et l’énergie désordonnée de la nature. L’esthétique contemporaine relève alors d’une mobilité écopoétique en signe d’une nouvelle empathie avec le monde.
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