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De même que le volume XXI des Travaux de Littérature (2008), consacré à La spiritualité des écrivains, ambitionnait de prolonger l’Histoire littéraire du sentiment religieux en France de l’abbé Bremond, celui-ci revient sur le thème de la mort, un peu délaissé depuis une quinzaine d’années. Y sont analysés à la fois le rapport de l’écrivain français à la mort comme aventure personnelle, obsession, hantise, attirance ou mépris et révolte, et la présence de la mort comme thème d’inspiration dans ses œuvres.
Comme tous ceux qui l’ont précédé, ce tome XXV d’une série qui a débuté il y a un quart de siècle offre des contributions concernant aussi bien le Moyen Âge que la production la plus contemporaine.
Laurent VERSINI, Préface
Jacques RIBARD, De la mort de Roland à la mort de Tristan
Paul PELCKMANS, Jean de Joinville et la mort apprivoisée
Danielle QUÉRUEL, « Vifs nous sommes… Morts nous serons ». Représentations de la mort à la fin du Moyen Âge
Gérard GROS, « Autant en emporte Ly Vens ». Le sentiment de la mort dans la poésie de François Villon
Nathalie DAUVOIS, La mort dans l’œuvre de Jean Bouchet, poète et historien
Josiane RIEU, « Car l’amour est fort comme la mort » : Sponde devant la mort
Gilbert SCHRENCK, « Ce […] que l’œil n’a peû voir » : l’au-delà de la mort dans le Livre VII des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné
Catherine MAGNIEN-SIMONIN, La mort des grands dans les écrits historiques d’Étienne Pasquier
Gérard FERREYROLLES, Mourir avec Pascal
Constance CAGNAT-DEBŒUF, « Ce triomphe d’amour » : la mort des Solitaires dans les mémoires de Port-Royal
John CAMPBELL, Mort et dramaturgie dans les tragédies de Racine
Béatrice GUION, « Ces grands mots de temps et de mort » : la mort dans les Œuvres oratoires de Bossuet
Benedetta PAPASOGLI, Les leçons de la mort dans Les Aventures de Télémaque
Geneviève ARTIGAS-MENANT, « Ce qu’on appelle la mort » selon Robert Challe
Françoise GEVREY, La mort dans La Vie de Marianne de Marivaux
Christiane MERVAUD, De la mort annoncée de M. de Voltaire
Laurent VERSINI, Montesquieu face à la mort
Sylvain MENANT, La mort de l’homme selon Buffon
Édouard GUITTON, Chénier et la mort
France MARCHAL-NINOSQUE, Mourir ou ne pas mourir sur la scène française du XVIIIe siècle
Jean-Marc HOVASSE, Victor Hugo et l’Inconnu du sépulcre
Steve MURPHY, Quelques premières morts politiques de Verlaine et une autre, quasi terminale
Pierre BRUNEL, Visions de la mort chez Rimbaud
Nathalie PREISS, Les grands cimetières sous la page : Balzac ou la « pierre qui vire »
Dominique MILLET-GÉRARD, Mors mater artium et magistra. Huysmans et la mort
Tatiana TAÏMANOVA, Charles Péguy : pour s’inscrire dans l’histoire
Jean BALCOU, Segalen devant la mort
Vital RAMBAUD, Maurice Barrès : du culte de la mort au culte des morts
Luc FRAISSE, Proust face à la mort : un beau risque à courir
Michel LIOURE, Paul Claudel et la mort
Anne BOUVIER CAVORET, Bernanos devant la mort
Jean SAROCCHI, La mort noire de La Peste, la mort gaie du Hussard sur le toit
François de SAINT-CHERON, Malraux et la mort
Constantin MAKRIS, Sur l’expérience ambiguë de la mort dans le surréalisme, quelques aperçus
Françoise SUSINI ANASTOPOULOS, Écritures de la fin. Georges Perros, L’Ardoise magique (1978) et Pierre-Albert Jourdan, L’Approche (1984)
Gilles ERNST, La mort et le théâtre chez Genet et Ionesco
Madeleine BERTAUD, François Cheng médite sur la mort
Jacques LANDRIN, Hommage à Jean-Pierre Collinet, bilan d’une œuvre
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Laurent AVEZOU,
Jean BALSAMO,
Claire BOMPAIRE-EVESQUE,
Dominique BOUTET,
Catherine DOUVIER,
Béatrice GUION,
Edouard GUITTON,
Jean-Marc HOVASSE,
Volker KAPP,
Edith KARAGIANNIS-MAZEAUD,
Robert KOPP,
Alain LARCAN,
Jean-Claude LARRAT,
Marie-Josette LE HAN,
Sylvain MENANT,
Patricia MICHON,
Olivier MILLET,
Loris PETRIS,
Laurence RICHER,
François ROUGET,
Lise SABOURIN,
Pierre SERVET,
Raymond TROUSSON,
Jean TULARD,
Laurent VERSINI
Sommaire / Table od Contents: Pierre-Jean DUFIEF : Introduction; Dominique BOUTET, «Charlemagne dans la littérature des XIIe et XIIIe siècles»; Patricia MICHON, «La vision du roi idéal : les « fictions de l'Aigle et du Lyon » d'Eustache Deschamps»; Loris PETRIS, «Le piédestal et la fange : la construction du « grand homme » Michel de L'Hospital»; Edith KARAGIANNIS-MAZEAUD, « Images d'un homme illustre : Charles de Guise, cardinal de Lorraine (1524-1574)»; François ROUGET, «Ronsard, l'érivain et le grand homme»; Olivier MILLET, «Exposition au malheur et politique-spectacle : les "grands hommes" dans la tragédie de la Renaissance»; Pierre SERVET, «"Ésope, ce grand homme… ". Rénovation et subversion de la notion de grand homme chez Montaigne»; Jean BALSAMO, «"Ma fortune ne m'en a fait voir nul" : Montaigne et les grands hommes de son temps»;
Catherine DOUVIER, «Henri IV vu par Bassompierre, note»; Laurent AVEZOU, «Richelieu vu par Mathieu de Morgues et Paul Hay du Chastelet. Le double miroir de Janus»; Volker KAPP, «Un jésuite à la recherche du « grand homme » : La Cour sainte de Nicolas Caussin»; Béatrice GUION , «L'aigle de Meaux, le cygne de Cambrai et Louis le Grand : Louis XIV devant Bossuet et Fénelon»; Edouard GUITTON, «Grand Dieu, grand roi, grand homme»; Sylvain MENANT, «"Ce lot de la nature" (Voltaire)»; Raymond TROUSSON, «Le Panthéon de Jean-Jacques»; Laurent VERSINI, «Montesquieu et le grand homme»; Robert KOPP, «" Vivant il a manqué le monde, mort il le possède" : Chateaubriand face à Napoléon»; Jean TULARD, « Le mythe de Napoléon»; Marie-Josette LE HAN, «Léon Bloy et l'âme de Napoléon»; Lise SABOURIN, «Le grand homme selon Alfred de Vigny : de la célébrité au rayonnement de la pensée»; Jean-Marc HOVASSE, «La Couronne poétique de Victor Hugo»; Laurence RICHER, «Jeanne d'Arc, un « grand homme » du XIXe siècle»; Claire BOMPAIRE-EVESQUE, «Barrès à la recherche du grand homme»; Jean-Claude LARRAT, «Malraux : le grand homme en question»; Alain LARCAN, «L'écrivain Charles de Gaulle et ses grands hommes». Index des noms de héros et grands hommes (personnages historiques), Index des noms d'auteurs.
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Le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Montesquieu invite aux bilans : la multiplication, depuis une quinzaine d'années, des études a favorisé la philologie, avec l'admirable édition des Œuvres complètes en cours à Oxford, plutôt que la synthèse. La tension d'un style bâti à coups de contrastes, de paradoxes et d'exagérations, le goût du critique d'art pénétrant pour le style rocaille qui baigne sa jeunesse comme pour la démesure de Michel-Ange et de Corneille incitent à brosser un portrait de Montesquieu autour de la notion de baroque. Cosmologie baroque où luttent le centrifuge et le centripète, éthique baroque de l'énergie guettée par son anéantissement, conception baroque de l'Histoire où la victoire vaut défaite, économie baroque où la richesse en numéraire est synonyme de ruine, foi post-tridentine comblée par le tournoiement du concave et du convexe, tout l'univers de Montesquieu obéit à la loi de l'ambivalence et préfère au principe d'identité celui d'homothétie dont il repère l'emboîtement dans la société, de l'individu à l'Etat.
Etonnant Montesquieu : on le dit depuis plus de deux siècles l'inventeur de la séparation des pouvoirs, et il répond distribution ; on le croit raisonneur, il est passionné ; on le prétend du juste milieu, il a le goût des extrêmes ; on le suppose classique, il est baroque ; c'est le Romain, et un moderne convaincu ; on le trouve démonstratif et discursif, c'est l'homme des saillies, des ellipses, des éclairs de génie. Ce Gascon que la caractérologie classe parmi les sanguins est bien frémissant, bien catégorique pour être un modéré. Un Montesquieu bouillant et caustique, voire grinçant, contre un Montesquieu un peu empesé et timoré, perd-on au change ?
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