Renaissance
-
Concepts et méthodes – Y. Pauwels, « L’architecture de la Renaissance entre ratio mathématique et ars rhétorique » ; F. Lemerle, « Ars et ratio en architecture : la théorie des ordres » ; P. Selosse, « Peut-on parler de classification à la Renaissance : les concepts d’ « ordre » et de « classe » dans les ouvrages sur les plantes » ; P. Glardon, « La terminologie botanique dans le De historia stirpium de Leonhart Fuchs (1542) et ses premières traductions françaises » ; J. Vons, « Formes académiques et méthode scientifique dans la Fabrica d’André Vésale » - Ars Docendi ou comment enseigner et diffuser la science – D. Bacalexi, « Galien, d’une réception à l’autre : tradition médiévale arabe et Humanistes du XVIe siècle » ; A. Gasnier, Un exemple de débat interne à la faculté de médecine de Paris » ; S. Rommevaux, C. Clavius, « un promoteur des mathématiques à la Renaissance » ; É. Berriot, « Enseigner les « indoctes », vulgariser la médecine » ; V. Giacomotto-Charra, « La construction de l’expérience dans le texte scientifique : l’exemple De Subtilitate de Cardan » - Entre enseignement et mise en pratique – G. Pineau, Soigner la peste sans défier la colère divine dans les traités médicaux du XVIe siècle » ; G. Xhayet, Les premiers traités liégeois relatifs aux eaux de Spa (1559-1616) » ; M. Kozluk, « Se nourrir et se soigner : jardin et médecine pratique aux XVIe et XVIIe siècles » ; L. Paya, « Géométrie des parterres du jardin de plaisir à la Renaissance : inscrire le cercle dans le carré d’un compartiment » - En forme de conclusion : quand le texte de science nourrit la fiction – M.-L. Monfort, « Le discours scientifique de Panurge » - Varia – P. de Lajarte, « De l’enfance du héros à l’utopie thélémite : ruptures du discours et logique du récit dans le Gargantua » ; N. Viet, « Caméron, Décaméron, Heptaméron : la genèse de l’Heptaméron au miroir des traductions françaises de Boccace » ; C Pigné, « La contribution de Charles Fontaine aux Figures du Nouveau Testament : la poésie et l’image au service de la foi » ; V. Chichkine, « Documents inédits sur Marguerite de Valois à Saint Pétersbourg » ; R. Cappellen , « Bibliographie pour l’Agrégation des Lettres 2012 » ; M.-L. Demonet, « Rabelais, Le quart livre » ; C. Rousseau, « Chronique musicale 2011 ».
-
«Que diable de langaige est cecy ? Par dieu tu es quelque heretique ». En ce qu’elle déduit d’un « diable de langaige » la représentation de « l’autre », la célèbre réaction de Pantagruel aux paroles de l’écolier limousin, «qui contrefaisoit le langaige Françoys», est symptomatique de l’association que suscite, dans la fiction comme dans l’opinion que professent les auteurs sur leurs choix d’écriture, la confrontation à une langue repoussoir. Est posée la question de la confrontation à cet « autre », auteur, scripteur, énonciateur du texte-source, qu’il soit identifié ou anonyme, réel ou fictif, en fonction duquel se construit la figure de l’auteur en quête d’identité. Ce n’est pas seulement un discours théorique, mais un imaginaire qui en témoigne, par lequel l’auteur à naître s’approprie de façon souvent très consciente, dans l’émulation, la séduction, la contestation, et non sans mauvaise foi ni brutalité parfois, la richesse du texte qu’il récrit, construisant à son tour une image collective de la littérature qu’il cherche à promouvoir comme une élaboration propre.
L’ouvrage entend discerner, à travers la diversité des langues et de leurs statuts, les modalités d’un processus d’affirmation littéraire et linguistique, en deux périodes où il s’opère par excellence, la renaissance du XIIe siècle et la Renaissance française au XVIe siècle. C’est que les deux périodes envisagées présentent pour caractéristiques communes la revendication d’une littérature en langue vulgaire et, simultanément, l’affirmation du statut de l’auteur, comme si le processus souvent glosé de la translatio studii était indissociable de la prise de conscience individuelle.
-
Jamais réédité depuis son unique publication en 1612, Le Palais des Curieux de Béroalde de Verville (1556-1626) est pourtant l’un des ouvrages les plus intéressants de cet écrivain : il permet non seulement de mieux cerner l’esprit de Béroalde, trop longtemps connu uniquement comme l’auteur facétieux du Moyen de Parvenir, mais s’avère aussi un témoignage précieux de la manière dont, à la fin du XVIe siècle, l’érudition se fond dans le discours personnel, qui se l’approprie pour en jouer et se construire.
Collection de glanes de lectures et de réflexions érudites traitées sur le mode de la digression personnelle, Le Palais des Curieux, par sa bigarrure apparemment désordonnée, pourrait rappeler le chaos déroutant du Moyen de Parvenir ; mais ici, les diffractions convergent et s’ordonnent en une architecture textuelle dont la clé de voûte semble être, finalement, le point de vue paulinien.
Susceptible de lectures plurielles, Le Palais des Curieux nous convie donc à un voyage, auquel le lecteur ne peut que s’essayer ; libre à lui ensuite de faire son choix entre toutes ces voix qui cheminent dans le texte, dont la richesse ne s’apprécie que si l’on maîtrise les références qu’il convoque.
Cette édition critique du Palais des Curieux a donc pour but d’en rendre la lecture plus aisée et plus enrichissante : intégralement retranscrit, ce beau livre devient désormais accessible à tous grâce aux notes qui l’éclairent et en soulignent la fascinante complexité.
-
L’année 1595 n’a pas été facile à vivre : pour Bèze, à qui le grand âge impose retraite et maux à soigner, pour Genève, qui n’est plus en guerre mais n’est pas encore en paix : la cité connaît un régime de trêves qu’il faut renouveler tous les trois mois, avec le risque que l’ennemi réussisse un coup de main inattendu, et pour la France, où les protestants ont tendance à se plaindre du roi nouvellement converti, qui les oublie et néglige... On voit Bèze dans le rôle politique que Henri IV lui a confié : apaiser les humeurs des huguenots. Il met aussi son point d’honneur à décourager les « moyenneurs » (ceux qui, à la suite du roi, voudraient réconcilier catholiques et protestants, au risque d’ébranler la bonne doctrine). Il faut enfin canaliser l’ardeur de certains jeunes théologiens qui veulent, tels Raphaël Egli, lancer de nouvelles explications de la justification. Un ensemble de documents historiques nouveaux et variés.
-
Créée en 1979 à l'initiative de la Direction du Livre, la série des Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques de France (CRI) poursuit, parallèlement au Catalogue des incunables de la Bibliothèque Nationale l'entreprise de recensement général de la production imprimée du premier demi-siècle de l’« ère Gutenberg » (1455-1500) aujourd’hui conservée dans les collections françaises accessibles au public. Sous la responsabilité scientifique du Centre d’études supérieures de la Renaissance, elle participe ainsi à une meilleure compréhension du patrimoine écrit en France.
En facilitant l’accès des chercheurs à ces documents rares et précieux, les CRI invitent aussi un public plus large à les découvrir à travers la diversité de leurs formes, de leurs contenus et de leurs origines. Vecteurs de toutes les connaissances contemporaines et produits des presses actives dans bon nombre de villes européennes, les incunables témoignent des conditions mêmes de la diffusion du savoir à l’aube de la Renaissance. Au-delà des notices bibliographiques qui au fil des volumes prennent en compte les travaux les plus récents, les descriptions analysent en détail les caractéristiques propres à chaque exemplaire : provenance, reliure, mentions manuscrites, décor peint … Là où les archives sont irrémédiablement muettes, les CRI apportent ainsi une contribution spécifique et originale à l’histoire culturelle européenne.
Le Ministère de la Culture et de la Communication apporte depuis plus de trente ans son soutien à une publication qui renouvelle notre regard sur ces témoins d’un moment décisif de l’histoire de l’écrit et de la modernité, sur ce patrimoine qui, aussi robustes que soient ses supports, demeure vulnérable et requiert toute la vigilance de ceux auxquels incombe sa survie.
-
Tout amateur de poésie connaît Pétrarque qui, pour l’Europe entière, fut un modèle de perfection formelle dans le domaine de la poésie amoureuse. Si son Canzoniere a été admiré et imité par les poètes français au milieu du XVIe siècle, ce sont les Trionfi qui furent le premier de ses textes en vers et en italien à susciter l’intérêt des lettrés français. Dans ce long poème, Pétrarque met en scène son amour pour Laura, tout en abordant les thèmes qui lui tiennent le plus à cœur, comme la fuite du temps effaçant l’amour, la gloire, la renommée.
Vers 1500, bien avant la vague du pétrarquisme français, Simon Bourgouin a fourni une traduction française des Trionfi, en vers alexandrins, diffusée sous forme de manuscrits richement décorés et parfois bilingues. Rhétoriqueur et valet de chambre du roi, auteur de la moralité de l’Homme juste et l’homme mondain, Bourgouin s’essaya aussi à la traduction en français de textes en latin, dont quelques-unes des Vies de Plutarque.
Témoignage de la fortune du Pétrarque italien au delà des Alpes, les Triomphes offrent aussi un bel échantillon de langue française inconnu des spécialistes. Une première édition critique de cette traduction est proposée ici, avec la transcription du texte italien présent dans deux des témoins conservés.
-
De son vivant déjà, Étienne Dolet (1509-1546) éveillait les passions, comme en témoignent les textes de Clément Marot passant de l’admiration fervente au rejet le plus virulent. Exécuté place Maubert en 1546, Dolet fut désigné « martyr de la Renaissance » à la fin du XIXe siècle, avant d’être au cœur des analyses de Lucien Febvre sur le problème religieux au XVIe siècle. Plus récemment, dans les années 1980, les études dolétiennes ont connu un important essor grâce aux travaux de Claude Longeon. Ces dernières années, de nombreuses publications, suscitant des échanges passionnés, ont relancé l'intérêt pour la vie et l'œuvre d'Étienne Dolet. L'année 2009 représentait donc le moment idéal, cinq cents ans après la naissance de Dolet, pour faire un état de la recherche. Le présent ouvrage réunit vingt-deux études de spécialistes internationaux de la Renaissance, auxquelles s’ajoute une très précieuse bibliographie détaillée de tous les livres écrits et publi©s par Dolet. L’ample matière du volume est organisée en trois sections : l’homme Dolet, Dolet auteur et Dolet éditeur-imprimeur. Nous souhaitons que ce volume contribue à faire oublier la légende Dolet pour mieux mettre en lumière l'héritage umaniste d'Étienne Dolet.
-
Ce volume collectif met en valeur le Calvin littéraire, à l'occasion du cinquième centenaire de sa naissance. Les contributions s'emploient à approfondir ce qui, dans le rapport du Réformateur à l'écriture et à la Bible, et dans son rayonnement auprès des écrivains du XVIe siècle (à travers une série d'échanges, d'influences, d'interactions et de rapprochements possibles), témoigne d'une appréhension humaniste des textes et de l'homme, comme de l'inscription d'une pratique littéraire dans une anthropologie humaniste. Cet "humanisme" de Calvin - avec toutes les ambiguïtés que la notion comporte - a été étudié selon trois axes majeurs : l'axe culturel bien sûr, à travers l'étude d’un milieu de formation, d'une communauté d’arrière-plans et d'un ensemble de références culturelles, antiques en particulier, mais aussi l'axe anthropologique et l'axe philologique de sa relation à l'écriture et à la langue française, qu'il contribue largement à clarifier et à simplifier en la libérant du latin. Le volume s'attache surtout à mettre en évidence les liens qui existent entre la formation de Calvin, l’anthropologie qu’il propose, et sa pratique stylistique.
Ainsi réunies, les diverses approches des spécialistes sollicités permettent d'établir que ce qui semble inscrire Calvin dans un ordre de référence humaniste est toujours remis en cause au nom d'une anthropologie repensée, questionnant la notion d'"humanisme" même, en dialogue avec une communauté d’"humanistes". Deux aspects de l’écriture calvinienne structurent en particulier la réflexion menée dans ces pages: les tensions d’un héritage, parce que le rapport à l’écriture convoque, et repense, à travers des références humanistes et au-delà delles, toute une anthropologie propre; et une écriture de combat, qui permet de voir comment ce rapport aux textes et aux hommes se traduit concrètement dans un style qui a fait reconnaître Calvin comme écrivain, "illustrateur" de la langue française.
se.
-
-
Ce volume réunit les actes d'un colloque international sur les commentaires des textes poétiques durant la Renaissance, tenu à Genève en mai 2008 sous les auspices de la Faculté des Lettres et de la “Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance”. Si une vingtaine d'auteurs, issus de diverses traditions académiques et culturelles, ont jugé utile de s'interroger sur les modalités et les contenus d'une telle pratique à cette époque, c'est que le thème de la lecture comme “construction du sens”, privilégié par les contributeurs, demandait encore à être approfondi. Comment lisait-on à la Renaissance ? Que recherchait-on dans les textes de poésie, sous quelles formes étaient-ils restitués ? Quel rapport peut-on entrevoir entre le poète et son lecteur, quel pacte intellectuel relie la poésie à son public ? Ou encore, pour suivre le grand lecteur que fut Pétrarque, quels chemins mènent au plaisir que toute lecture semble promettre ? Lector, intende, letaberis (« lecteur, comprends et tu éprouveras du plaisir »), recommandait Pétrarque sur les traces d'Apulée au début de ses Lettres familières. Cette invitation, qui résonne comme un impératif moral, s'adresse encore à nous.
Questo libro riunisce gli Atti del Convegno internazionale sul commento al testo poetico nel Rinascimento, svoltosi nel maggio 2008 sotto gli auspici dell'Unità di Italiano dell'Università di Ginevra e della "Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance". Una ventina di studiosi, provenienti da orizzonti e tradizioni diversi, si sono interrogati su modalità e contenuti della 'lettura', una pratica il cui interesse appare, anche dopo i numerosi studi e convegni che le sono stati dedicati, lungi dall'essere esaurito. Sono qui affrontate forme diverse di 'accesso' al testo poetico, come il commento (nella sua varia morfologia), la lezione accademica, la glossa (d'autore o editoriale), gli apparati paratestuali o altri modi della fortuna critica e letteraria, tenute insieme tuttavia da una idea comune di 'lettura' come "costruzione di senso". Come leggevano gli uomini e le donne del Rinascimento? Cosa cercavano nei testi di poesia e in quali forme ne restituivano la comprensione ? Quali rapporti univano il lettore al suo testo, quale patto intellettuale legava la poesia al suo pubblico? O ancora, pensando a quel gran lettore che fu Petrarca: quali le vie che portano al piacere del testo, che ogni lettura sembra sottintendere ? "Lector, intende, letaberis" raccomanda Petrarca all'inizio delle sue Familiares, sulla scorta di Apuleio ("lettore, capisci, e proverai piacere"): e l'invito ancora suona come un imperativo morale per il lettore moderno di poesia.
Introduzione
Lina Bolzoni, « Il commento attraverso le immagini: poesie e ritratti » ;
Maria Antonietta Terzoli, « Le dediche nei libri di poesia del Cinquecento italiano » ;
Simone Albonico, « Osservazioni sul commento di Vellutello a Petrarca » ;
Victoria Kirkham, « Petrarca, Rvf 71-73: la « sorellanza » lirica nella tradizione dei testi e commenti da Bembo a Tasso » ;
Alberto Roncaccia, « Castelvetro lettore di Petrarca » ;
Laura Paolino, « Un ‘‘assai copioso commentari’’» ;
Andrea Donnini, « Bembo esegeta e revisore » ;
Monica Bianco, « Il canzoniere postumo come vita filosofica » ;
Paolo Procaccioli, « Goliardi in cathedra » ;
Danilo Romei, « Ricezione della poesia del Cinquecento: la ‘fortuna editoriale’’ » ;
Chiara Lastraioli, « Commentar grossamente e per burla » ;
Eugenio Refini, « ‘‘Come il Petrarca fa molte volte’’ » ;
Virginia Cox, « Un microgenere senese: il commento paradossale » ;
Teresa Chevrolet, «Sous le voilement des vers étranges » ou la philosophie en chantier » ;
Roberto Leporatti, Girolamo Benivieni tra il commento di Pico della Mirandola e l’autocommento » ;
Vercingetorige Martignone, Esemplarità e distacco: l’autoesegesi tassiana alle rime d’amore » ;
Matteo Residori, « Leggere Tasso a Siena » ;
Maurizio Perugi, « ‘‘Sepolta nella mia anima’’ » ;
Mikaël Romanato, « Indicatori di lettura a stampa nelle edizioni di po