Renaissance
L’originalité de Claude d’Espence (1511-1572) aux yeux des historiens de la Réforme tient aux positions nuancées qui font de ce théologien le représentant d’un « autre » catholicisme, à l’écart des rigidités partisanes et des affirmations outrancières. On a assimilé son attitude à celle des « moyenneurs », ce qui n’est pas tout à fait exact, puisqu’il ne se voudra jamais au-dessus de la mêlée. Néanmoins, ce représentant du Roi de France au Concile sera lui-même confronté à plusieurs reprises à la censure ecclésiastique, ce qui manifeste le climat d’intransigeance qui préside à ces temps troublés.
Les Homilies sur la Parabole de l’Enfant prodigue ont été rédigées à la faveur des atermoiements qui caractérisent la première période du Concile de Trente. Sous la forme de quatre sermons enchaînés, ce petit volume représente, avec d’autres écrits rédigés à la même époque, une tentative intéressante pour associer un public cultivé aux questions que débattent les théologiens. Très présente dans la culture contemporaine, notamment à travers le théâtre, la parabole du prodigue est pour Claude d’Espence l’occasion d’aborder plusieurs questions sensibles, comme le rapport entre la foi et les œuvres, ou encore les modalités du libre arbitre. Vastes problématiques, que ce modeste opuscule envisage dans un climat de sérénité, au gré d’une prose souple et ferme tout à la fois, synthèse remarquable d’une effervescence des idées et d’un effort de communication.
Gli uomini del Rinascimento hanno letto i Ricordi di Francesco Guicciardini che conosciamo oggi? Pochi sanno che il testo a noi noto non è mai uscito dall’archivio di famiglia fino alla metà dell’Ottocento, mentre nel sedicesimo secolo le numerose edizioni si sono basate sulla prima stesura manoscritta, che è distante dalla redazione finale. Attraverso i vari allestimenti i precetti dello storico hanno dato vita ad un fenomeno interessante: in mano ai suoi curatori l’opera viene manipolata e muta più volte il suo aspetto, diventa specchio delle diverse realtà socio-culturali in cui viene prodotta ed entra nelle biblioteche più importanti. Seppure segnate da molteplici differenze, le cinquecentine dei Ricordi forniscono, mediante la forma breve ed incisiva dell’aforisma, suggerimenti per un’azione attenta ed efficace, valorizzano la dimensione pratico-operativa e rappresentano uno dei primi tentativi di laicizzazione del discorso politico.
.......................
Les hommes de la Renaissance ont-ils lu les Ricordi de Francesco Guicciardini tels que nous les connaissons aujourd’hui ? Peu de monde sait que le texte que nous lisons n’est sorti des archives de la famille qu’au milieu du XIXe siècle, alors que les nombreuses éditions du XVIe siècle se sont fondées sur la première rédaction manuscrite, fort distante de la version finale. Au travers de leurs différents remaniements, les préceptes de l’historien ont donné vie à un phénomène intéressant: cette œuvre, remodelée par les éditeurs successifs, devient un miroir des réalités socio-culturelles à l’intérieur desquelles elle est produite et entre dans les bibliothèques les plus prestigieuses. Bien que fort divers entre eux, les quelque cinq cents Ricordi fournissent, grâce à la forme brève et incisive de l’aphorisme, des conseils pour agir prudemment et efficacement ; ils valorisent la dimension pratique et représentent une des premières tentatives de laïcisation du discours politique.
Depuis l’ouvrage de Richmond L. Hawkins paru il y a près d’un siècle, aucun travail d’ensemble ne s’est intéressé à l’œuvre du poète et polygraphe parisien Charles Fontaine. Marine Molins rouvre le dossier, l’enrichit des manuscrits et imprimés inconnus de Hawkins, et reprend la totalité des nombreuses traductions de Fontaine, depuis trois des Epîtres de saint Paul jusqu’aux Héroïdes d’Ovide. L’influence déterminante de Marot, le contexte de l’humanisme parisien des années 1535-1545, la sollicitation de la cour de François Ier et plus particulièrement du roi lui-même, de Marguerite de Navarre et de Charles de Valois, relayée par celle de personnages majeurs comme Jean Brinon, Claude d’Annebault et la famille des Genouillac-Crussol, ont incité Fontaine à élaborer ses propres principes de traduction. Il les a formulés avec précision à mesure qu’il en acquérait l’expérience, en poète véritable, soucieux par ailleurs de servir des textes latins qu’il aimait par un travail humaniste de commentateur érudit et d’éditeur avisé. Cette étude sert l’intérêt récent pour la traduction versifiée, dont Fontaine est l’un des maîtres incontestés au milieu du XVIe siècle et souligne le rôle des méc¨nes, particulièrement sensible en matière de traduction, lequel fut déterminant dans les choix de Charles Fontaine. Un index de la totalité des dédicataires du poète vient donc très utilement compléter l’étude, avec l’édition de ses traducions les plus rares.
Prix de Thèse 2010 de la Chancellerie des Universités de Paris.
Voyageurs en songe ou en extase, explorateurs de lunes et de paradis, curieux portés par les ailes de l’esprit, sorcières et démons voyageurs, chevaliers parcourant le monde à bord d’hippopotames volants... La Renaissance est riche en récits et rêveries d’envol, comme le montre cette « pré-histoire » inédite du voyage aérien, qui s’achève (et non débute) avec les fictions lunaires du premier XVIIe siècle. Accordant une large place aux héritages antiques et médiévaux, l’étude explore le champ de la fiction narrative française et européenne ainsi que celui des discours savants abordant la question du vol et de l’élévation (cosmographie, astronomie, magie, d©monologie, etc.). Ainsi se révèle, dans ce dialogue entre littérature et savoirs, la vigueur de l’imaginaire du vol à la Renaissance et la richesse des récits d’élévation, ces fictions du décentrement par excellence, qui permettent de domine la Terre du regard comme d’imaginer des mondes « excentriques ». Fables superlatives, les récits de voyages aériens invitent également à interroger les conceptions renaissantes de la fiction romanesque et du vraisemblable, dont ils constituent un cas privilégié de la mise à l’épreuve.
Pour la distribution en France : www.sodis.fr
Quels furent les savoirs utilisés, diffusés et produits par les missionnaires catholiques, à partir du milieu du XVIe siècle, aussi bien en Europe, qu'en Amérique, en Asie et en Afrique ? Dans quelle mesure l'entreprise d'évangélisation des âmes, jugées par les missionnaires comme païennes, hérétiques ou simplement indifférentes, a-t-elle participé à l'aventure moderne de la circulation des savoirs ? Ces questions intéressent aussi bien l'histoire sociale et culturelle des missions que l'histoire des empires et des sociétés coloniales ou l'histoire intellectuelle. Elles conduisent à réfléchir sur la manière dont l'Europe, à l'époque moderne, est entrée en relation avec d'autres espaces. À la croisée des croyances et des connaissances, les missions d'évangélisation ont suscité de profonds changements dans l'architecture des savoirs et ont paradoxalement participé à la sécularisation de la conception du monde.
Parue en 1581, L’Histoire de France de La Popelinière n’avait jamais été rééditée.
Cette ample entreprise, qui a l’ambition de retracer les guerres civiles françaises et leurs causes, s’insère dans le double courant des récits protestants des troubles religieux et de la réflexion de l’époque sur l’écriture de l’histoire et sa méthode. Concernant des événements encore brûlants, La Popelinière, à la fois historien et acteur des guerres dans le camp réformé, y affirme son absence de partialité, revendiquant une indépendance absolue vis-à-vis des partis comme à l’égard des princes.
Le premier volume couvre les événements du premier XVIe siècle, jusqu’en 1558. L’introduction analyse la construction progressive et la composition d’ensemble de l’œuvre, et propose une biographie de l’auteur. Les notes critiques identifient lieux et personnages, éclairent la chronologie, et signalent les principales sources.