Renaissance
-
Table des matières / I. GARNIER et O. LEPATRE, « Introduction » – THEORIE – M.-H. SERVET, « Impertinent, Impertinence : les mots et la chose » ; M. LEVESQUE, « "Je m’en sers de ma seule autorité" : possibilité et enjeux d’un usage impertinent de la langue au XVIIe siècle » ; F. BOISSIERAS, « Approche rhétorique et pragmatique de la notion d’impertinence » – L’IMPERTINENCE GENERIQUE – A.-P. POUEY-MOUNOU, « Impertinences montaigniennes : la "suffisance" des Essais » ; M.-C. THOMINE-BICHARD « Les impertinences d’Eutrapel : Baliverneries (1548) et Contes et Discours d’Eutrapel (1585) » ; P. MOUNIER, « Le roman et l’humanisme : anticonformisme d’un genre à la Renaissance » ; A. ROOSE, « L’impropre et l’obscène dans Alector de Barthélémy Aneau » ; Y. CHARARA, « Les Aventures de Télémaque de Fénelon inspiration mystique et scandale générique » – LES GENRES DE L’IMPERTINENCE – M. AUBAGUE, « Les Trois Francion de Charles Sorel (1623, 1626, 1633) : impertinence générique et voix d’auteur » ; F. POULET, « De la satire des ridicules à la parrêsia : impertinence et extravagance dans l’histoire comique (1620-1660) » ; D. BERTRAND, « Impertinentes traversées urbaines : risque de la parrêsia et frontières de l’acceptabilité burlesque » ; H. DURANTON, « Au-delà de l’impertinence : la littérature satirique versifiée (1715-1789) » ; P. CAMBOU, « L’obscène et le saugrenu comme formes d’impertinence dans le conte voltairien » ; C. RAMON, « La transgression des libertins : une affaire de genre ? (Crébillon, Sade, Nerciat) » ; M. TSIMBIDY, « De l’impertinence des Mémoires ou des mémorialistes sous Louis XIV » ; K. ABIVEN, « Les impertinences de l’Histoire : une question d’aptum générique » ; F. WILD, « Savoir et impertinence dans les ana » ; P. GETHNER, « Le Proverbe dramatique, genre de l’impertinence » – Impertinence et bienséances – T. TRAN, « Les impertinences de la parole : collusions génériques et renversement satirique dans les Loups ravissans de Robert Gobin (c. 1505) » ; O. LEPLATRE, « L’impertinence des images : mont(r)er. A propos de l’Enigme joyeuse pour les bons esprits et du Centre de l’amour » ; P. EICHEL-LOJKINE, « Le conte merveilleux, un genre autorisant l’impertinence ? Bienséance, contrôle, image dans "Le Maître Chat ou le Chat Botté" » ; M.-M. FRAGONARD, « Livres de piété, prédication et modes féminines : l’enfer des bonnes intentions » ; C. ARONICA, « Quand les désirs sont désordre. Le corps impertinent de la tragédie classique » ; C. BARBAFIERI, « "La femme est le potage de l’homme" : les plaisanteries malséantes dans la France classique » ; M. BERMANN, « Les Contes et Nouvelles en vers ou une mondanité impertinente » ; C. LIGNEREUX, « Le conseil, un acte de langage contraire aux bienséances ? » – IMPERTINENCE, AUTORITE ET AUCTORIALITE – D. Reguig, « Impertinence et littérarité chez Boileau » ; C. BAHIER-PORTE, « Les réécritures "modernes" du bouclier d’Achille : l’inavouable pertinence d’un modèle inconvenant (Lesage, La Motte, Marivaux) » ; C. HAMMANN, « Pertinence du dé-plaire : une mise en cause de l’aptum dans les Lettres au XVIIIe siècle ».
L’impertinence a longtemps eu mauvaise presse. Sottise ou fatuité, extravagance ou importunité, l’impertinence choque, indispose, heurte l’usage ou la bienséance. Quand elle s’invite en littérature, elle fournit bien plus que l’étoffe de personnages de comédie – médecins ou coquettes – ou de romans burlesques : elle joue avec les codes sociaux et les normes de la représentation, bousculant les frontières des genres établis qu’elle subvertit ou régénère.
Après une mise en perspective conceptuelle de la notion, vingt-neuf études éclairent ici les multiples facettes de l’impertinence sous l’Ancien Régime. Elles les envisagent en diachronie d’un point de vue lexical, rhétorique, générique, en jouant de la complémentarité des approches. Composant un savoureux pot-pourri, roman, conte, histoire fabuleuse, énigme, recueil d’emblèmes, livres de piété, tragédie, mémoires, chansons satiriques, images tendancieuses, apparaissent tantôt comme lieux de l’impertinence générique, tantôt comme genres de l’impertinence.
Énergie créatrice au XVIe siècle, sulfureux débordement à canaliser au siècle classique, elle devient force émancipatrice pour les Lumières. En à peine plus d’un siècle, l’impertinence inverse totalement sa valeur socio-esthétique et contribue à faire jaillir la vérité en se soustrayant au carcan des codes. Stigmatisée comme vice par l’opinion commune, retournement de la folie en sagesse pour les écrivains indociles – qu’on peut considérer précurseurs –, elle apparaît comme qualité de l’intelligence et de l’esprit – pour ne pas dire vertu – et finit par imprégner toute une époque, valeur partagée d’un temps qui, par sa liberté de penser et d’écrire, marque encore le nôtre.
-
TABLE DES MATIÈRES
Introduction : Quel modèle théorique pour penserle conte ?
I. Le territoire du conte, champ de coexistences et lieu de transferts culturels
II. L’apport critique de Grimm
La reconnaissance des racines italiennes
L’oeuvre à l’©preuve de la variance
III. Sortir de l’opposition Structure / Devenir
Les postulats à interroger
Discontinuité, dispersion, transformation
Mémoire, « rémanence », réseau
Circulation et interaction
PREMIÈRE PARTIE : RÉMANENCES
Chapitre premer : L’identité plurielle du conte
I. Le mot et la chose
Pour une approche « générative »
La construction d’un système de contraintes génériques propre
Une temporalité récursive
II. Un genre faussement intemporel
Cumul, migrations, reconfigurations
Diffraction du conte entre sociétés chrétienne et juive
Reformulations renaissantes et classiques
Chapitre 2 : Comment des histoires sont devenuesdes contes au sens où nous l’entendons
I. Le creuset médiéval
Le temps des fables édifiantes
Le temps de la prédication
L’intégration du matériel folklorique dans la poésie et la littérature romanesque
II. « Mode des fées » et Contes de vieilles
Rupture et articulation avec la tradition orale
La construction d’un archétype fondateur
III. Le rattachement du conte à l’instruction : prémisses classiques
Récit enjoué et morale utile
Des contes audibles par des enfants
IV. Frontières du conte
Griselidis sur papier bleu
Mutations
Chapitre 3 : De Straparola à Perrault.Une dynamique transformationelle
I. Dans le réseau des contes en Europe (1550-1698)
Analogies et écarts . 119 Interdiscours et interlecture
II. Dissémination et distribution du récit bref
La vitalité du récit bref
Le conte merveilleux est-il issu de la nouvelle-aventure ?
III. Les XIII Nuits de Straparola-Larivey
Venise, une ville pour contes de fées ?
Du temps que Le Piacevoli Notti s’exportaient
IV. Lo Cunto de li Cunti (Il Pentamerone)
Un « auteur » multiple, une « oeuvre » plurilingue
L’organisation des V Journées
Une construction en abyme
Postérité et circulation de l’oeuvre
V. Recompositions « à la mode des fées »
Comment se mitonnaient les contes de fées français
Changement de « cadre »
L’organisation des Histoires ou contes du temps passé
Le rejet de la gravité
DEUXIÈME PARTIE: ENQUÊTE SUR DES CHATS PLUS FINS QUE LEURS MAÎTRES
Chapitre 4 : Le Chat botté, un récit démultiplié
Au croisement de deux dynamiques : une dette à rembourser et une ascension à réaliser
II. Ascension et renversement de fortune : « Costantino Fortunato »
Une double thématique et un double héros
Les trois temps de la Bonne Fortune
Un parcours typique des sots fortunés
L’échange de bienfaits
III. L’échange : « Cagliuso »
L’échange en cinq actes
L’échange et ses connotations érotiques
En guise de transition : logique de la variation et logique de l’étagement
Chapitre 5 : « Le Maître Chat » de Perrault, un récit étagé
I. Trois niveaux de lecture
II. Le niveau structural dans « Le Maître Chat »
Des fonctions couplées et des actions qui « riment » entre elles
Décrochages et méta-discours
III. L’image à l’épreuve des bienséances : le niveau figuratif dans « Le Maître Chat »
Le « vocabulaire » figuratif
Le filtre des bienséances
Le dilemme des mondains
IV. Le discours des images : un réseau souterrain d’oppositions et de correspondances
Poches vides / pleines
Le Manchon de peau : arrêt sur image
Posture allanguie / dressée
Le corps dénudé / paré de Carabas
V. Un imaginaire de l’écorchement ?
Réminiscences antiques : Lucien et Apulée
Déshabillages dans le conte
Déshabillage forcé et vol : deux scènes virtuelles
Le conte, un genre autorisant l’impertinence ?
VI. Le niveau symbolique
Penser la contradiction
Des pré-contes philosophiques
Bilan
TROISIÈME PARTIE : ENQUÊTE À PARTIR D’UN CHEVEU D’OR
Chapitre 6 : La Belle aux cheveux d’or déclinée en europe
I. De Tristan à Livoretto et à Avenant
Textes et thèmes en présence
Des récits complexes
II. La fable de « Livoretto / Livoret » : une histoire de « rétablissement » ?
Le départ du lieu natal . 297 Les courtisans envieux . 298L’aventure périlleuse et le dénouement . 302 Réceptions et échos pluriels . 307III. Une version originale de La Belle aux Cheveux d’Or : le conte pieux n°143 du Mayse bukh . . . . . . . . . . . . . . . . . 309 Les liens avec la littérature midrashique . 311
200-16-P990_Texte.indd 456 06.02.13 10:25
L’ajout d’un prologue pieux
L’expédition
IV. Entre conte, légende et exemplum
Un « éco-type »
Les circuits de diffusion
Venise et Bâle : la question des points de contact
V. La récriture galante de Mme d’Aulnoy
La féminisation
Le paradigme visuel
Une relecture galante et satirique
Chapitre 7 : Le motif de l’animal serviable et ses mutations
I. Une dynamique d’aide et de dette
Figures et fonctions de l’animal serviable
L’épreuve
Modalités du contrat
Dérives galantes et burlesques
Des fourmis et des hommes
II. Le portrait de l’animal serviable : un creuset où se mêlent différents héritages
Apologues et fables antiques
La postérité du répertoire oriental
La complexité de l’héritage biblique et talmudique
III. Les animaux serviables : un motif critique à la Renaissance et à l’âge classique ?
« La substance unitaire du tout »
L’accentuation de la différence
L’homme, « un animal si digne » (Straparola-Larivey)
Railleries d’un fabuliste
Conclusion
Remerciements
Bibliographie
Index . 445445
-
Selon une idée préconçue contre laquelle il est difficile de lutter, franciscains, augustins, carmes, minimes et, dans une moindre mesure, dominicains seraient incultes et même illettrés. Or, l’enquête de Fabienne Henryot prouve de manière incontestable que dans les domaines de la vie spirituelle et de l’observance, de l’enseignement théologique et de la pastorale, ces ordres ont développé une gestion de l’écrit très originale, bien différente des pratiques bénédictines et jésuites. La bibliothèque conventuelle occupe une place centrale dans la vie intellectuelle de ces religieux mendiants, place définie par leurs textes juridiques et disciplinaires. La pratique effective de la lecture, longtemps limitée à quelques livres indispensables pour ne pas déroger à la sainte pauvreté et humilité des mendiants, a connu un essor spectaculaire. Quotidienne, spirituelle, apostolique ou érudite, elle a emprunté des chemins parfois éloignés des rayons de la bibliothèque commune. De plus en plus autonomes dans leurs choix livresques, les religieux rejoignent progressivement au XVIIIe siècle une communauté de lecteurs ecclésiastiques dépassant les limites de l’univers mendiant.
-
Cérémonies spectaculaires et hautement symboliques, les entrées solennelles célèbrent et mettent en scène l'arrivée dans une ville d'une figure d'autorité, qu'elle soit ecclésiastique ou politique. A travers de longues processions marquées par des étapes précises dans les rues de la ville au cours desquelles un décor souvent très élaboré est créé, se déploie toute la culture des sociétés urbaines tant sur le plan politique qu’artistique.
Grâce à des exemples inédits puisés, sur plus de trois siècles, dans le Centre-Ouest (Poitou, Aunis, Saintonge) qui regroupe des régions au cœur de l'espace royal français, le présent ouvrage entend témoigner de la richesse et de la diversité de ce rituel. Des documents nombreux et originaux (des journaux de raison aux pièces financières, en passant par les annales, les récits anonymes et autres pièces délibératives des corps de ville), permettent de mieux cerner les multiples enjeux de ces manifestations de souveraineté, et de comprendre comment, entre Moyen-Âge et Renaissance, s'affirme le pouvoir symbolique des États.
-
-
-
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Introduction
CHAPITRE PREMIER L'ENTREPRISE ÉDITORIALE: Ronsard et ses «libraires»
A. Le choix des éditeurs: les éditeurs autorisés; Paris et la province: les «libraires» autorisés?; les éditeurs pirates
B. La gestion éditoriale: les privilèges; gestion et contrats; la gestion posthume
C. La qualité éditoriale: faire bonne impression (souci de la perfection; la bonne impression; production et reproduction; volonté d'auteur et contraintes éditoriales)
CHAPITRE II: LE LIVRE AU SERVICE DU TEXTE: le paratexte éditorial
A. La page de titre: titre; nom d'auteur; épigraphes; dédicaces; marques d'éditeur
B. Le Privilège
C. Péritexte et instruments de régie
D. Le contrôle de qualité
E. Liminaires, postliminaires: Ronsard par lui-même; paro -les d'autrui, paroles étrangères; circonstances; liminaristes; langues; postliminaires et polyphonie; liminaires et dialogue poétique - F. Préfaces/postfaces: l'instance énonciative; dénominations; topiques; fonctions
G. Notes et commentaires: Ronsard devant son oeuvre; Ronsard et ses annotateurs: les commentaires anthumes (Muret, Belleau); les commentaires tardifs et posthumes (Thévenin, Besly, Richelet, Marcassus, Garnier)
H. Les traductions des oeuvres de Ronsard: Ronsard traducteur; la poésie ronsardienne et le latin: traductions dans le recueil; traductions hors recueil
CHAPITRE III: RONSARD ET LE «MESTIER D'ECRIVAIN» À SUCCÈS: nouveautés et rééditions
A. Les premiers recueils et les oeuvres de circonstance: les coups d'essai (1549); le premier succès de librairie: les Odes (1550); guerre et paix (1558-1559); deuils et commémorations des Valois
B. Les oeuvres de combat: la salve des Discours: les Discours et leur succès éditorial; répliques protestantes; joute verbale et polémique littéraire (1564-1565)
C. Poésie et recueils: la poétique de l'oeuvre: les recueils homogènes (Les Odes, Les Amours, Les Hymnes, La Franciade); les recueils mixtes (recueils d'attente: le Bocage, Les Meslanges; les Poëmes); paix civile et célébration internationale (Elegies, mascarades et Bergerie); le module des Sixiesme et Septiesme livres des Poemes
CHAPITRE IV: LE POÈTE HORS DE SOI: création et dissémination
A. Confraternité poétique et promotion de l'auteur: appuyer, célébrer les confrères (autonomie des vers liminaires); la promotion par l'inédit (liminaires parenthétiques et traductions); poésie et rhétorique (Fouquelin, La Ramée)
B La célébration collective: couronnes poétiques/combats politiques; offrandes et tombeaux
C. Les florilèges poétiques et musicaux: anthologies poétiques (recueils de poésie profane; la Muse frivole; la Muse religieuse); anthologies musicales
CHAPITRE V: RONSARD AU TRAVAIL : le recueil et la poétique des OEuvres
A. Développement et structuration: les poèmes et le livre (rassembler, organiser, corriger)
B. La succession des éditions collectives des OEuvres: 1560, une édition-bilan; 1567: une édition princière; 1571, le retour sur la scène publique; 1572-1573, les raisons d'un succès; 1578, l'édition royale; 1584, l'édition monumentale
CHAPITRE VI: LA VIE DU LIVRE APRÈS LA MORT DE L'AUTEUR: les éditions posthumes
A. L'anticipation éditoriale: activité pré-posthume et détournement de l'oeuvre ronsardienne
B. Sauvegarde de la mémoire et récit de vie: primeur de l'inédit; intimité et exemplarité: le Discours de la Vie de Ronsard par Binet; la dévotion posthume (édition des OEuvres de 1587)
C. Dévotion posthume ou récupération littéraire: rivalité éditoriale et contestation littéraire; les rééditions posthumes de 1597 à 1630; dévotion ou supercherie littéraire?
CHAPITRE VII: L'ICONOGRAPHIE RONSARDIENNE: identification et culte de la personnalité
A. Ronsard vu par ses contemporains et par lui-même: représentations visuelles; représentations livresques; Ronsard vu par lui-même
B. L'image au service de l'auteur: portraits gravés de Ronsard dans son oeuvre
C. L'iconographie posthume: continuité et renouvellement
CHAPITRE VIII: RONSARD ET SON PUBLIC : la réception de l'oeuvre ronsardienne à l'aube du XXIe siècle
A. Destinataires et dédicataires: Ronsard dans les bibliothèques des Grands
B. Les amis et les confrères: Ronsard dans les bibliothèques des lettrés du XVIe siècle
C. Les amateurs éclairés et les curieux: Ronsard dans les bibliothèques à la veille de la Révolution: les collections du XVIIe siècle; les bibliothèques des curieux au XVIIIe siècle
D. Réhabilitation de la Renaissance et apogée de la bibliophilie aux XIXe-XXe siècles
CONCLUSION
APPENDICES:
I. Tableau des pièces liminaires et post-liminaires figurant dans les livres de Ronsard
II. Deux nouveaux livres ayant appartenu à P. de Ronsard
III. Deux quittances inédites relatives à Loys de Ronsart
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES NOMS PROPRES
TABLE DES ILLUSTRATIONS
La lecture, l’écriture et la production du livre n’ont cessé d’accompagner Pierre de Ronsard tout au long de son existence (1524-1585). La présente étude retrace la trajectoire biographique, sociale et culturelle de ce poète selon deux perspectives théoriques (bibliologique ou génétique, et littéraire). En observant l’œuvre ronsardienne en train de se faire et en décrivant l’évolution du projet littéraire, créatif, dans ses relations aux conditions matérielles du livre (manuscrit et imprimé), il s’agit de montrer comment Ronsard a tiré profit de la production et du commerce du livre pour asseoir son statut de poète royal et pour marquer de son empreinte la poésie du XVIe siècle.
Le présent volume examine tous les aspects de l’écriture manuscrite chez Ronsard (l’annotation de livres lus, la rédaction de documents relatifs à sa vie privée, la copie de textes littéraires écrits sous sa dictée ou recopiés par des secrétaires). S’appuyant sur le corpus des textes manuscrits de Ronsard connu à ce jour –et sur la redécouverte de manuscrits inédits-, ce livre s’efforce de répondre à plusieurs questions : que nous apporte l’étude des textes manuscrits pour saisir la personnalité du poète et comprendre ses habitudes de lecture et d’écriture ? Quelle est la place du manuscrit dans l’activité littéraire de Ronsard ? Quels rôles social et littéraire le poète leur assigne-t-il ? Quelle est la fonction du manuscrit dans la genèse de l’écriture poétique et quelle conclusion peut-on tirer de l’examen de leurs variantes textuelles ? En fin de parcours, sont évaluées la relation spécifique qui se joue entre les poèmes manuscrits et la poésie imprimée, et la part qui revient à chacun dans la diffusion de la poésie ronsardienne.
-
Ce deuxième tome des œuvres de Scévole de Sainte-Marthe contient ce qui fut imprimé entre les Premieres Œuvres de 1569 et les publications de 1575 (à paraître dans un troisième volume).
L’actualité des années 1569- 1573 est très présente dans le volume : troisième guerre civile, mariages de Charles IX avec Élisabeth d’Autriche puis de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, quatrième guerre et siège de La Rochelle. D’autre part Sainte-Marthe, pourvu de l’office de Contrôleur général des Finances en Poitou, adresse des vers à ses nouvelles relations, particulièrement les « gens des finances », qui se trouvent ainsi associés à ses connaissances parisiennes. L’annotation s’efforce d’apporter des informations sur les dédicataires du poète et les auteurs de pièces liminaires, complétant notre connaissance de la société poitevine et de la vie littéraire en France dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Plus généralement, le livre s’inscrit dans une perspective clairement iréniste : dans le dernier sonnet, l’auteur attribue à sa poésie la capacité de « tempérer le Discord » et se juge par là investi du pouvoir de faire revenir la paix ; cette signification essentielle du recueil peut être étendue à l’ensemble du contenu du tome II.
L’édition des Œuvres complètes de Scévole de Sainte-Marthe est établie par Jean Brunel, Professeur honoraire à la Faculté des Lettres de Poitiers, avec la collaboration de Pierre Martin, professeur dans la même Université.
-
-
Peut-on être Français et parler une autre langue que le français ? Au XVIe siècle, la réponse est évidente : la vitalité, à l’oral, des langues de France (occitan, basque, breton, dialectes d’oïl, francoprovençal) fait partie de l’expérience quotidienne. C’est pourtant bien à ce moment-là que s’établit, dans l’espace culturel français, la hiérarchie qui prévaut encore de nos jours entre le français, langue haute comme le latin, et les langues locales, réputées basses. Cette répartition intervient moins sous l’effet de la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) qui impose de rédiger en français « et non autrement » tous les actes administratifs que selon des critères sociaux. Dès le milieu du siècle précédent, les élites abandonnent peu à peu leur langue locale et épousent la cause d’une langue qui est à la fois celle du roi, du droit et de la culture dominante. La réflexion qui s’engage au XVIe siècle autour de la norme du français est menée par les théoriciens de la langue (grammairiens, auteurs d’arts poétiques) et elle se trouve relayée par des praticiens de la littérature (Rabelais et ses épigones). Globalement, la tendance qui s’impose est celle de la dévalorisation des parlers de France et du refus de la variation.
Cette marginalisation de la différence linguistique se heurte à la réalité de terrain pour l’Église de la Contre-Réforme qui développe des stratégies différentes selon les régions, engagée au Pays basque, mitigée, voire hostile, ailleurs. Finalement, ce sont les poètes qui choisissent d’écrire dans ces langues, comme l’occitan, qui en assurent la défense la plus efficace, posant cependant la question de l’autonomie de cette production littéraire par rapport aux schémas dominants français.