Renaissance
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Héritières de l’Académie de Platon et de la réflexion de Pétrarque sur le loisir lettré, cénacles d’érudits et d’artistes sous la protection de puissants mécènes, les premières académies italiennes et françaises constituent l’un des cadres privilégiés du renouveau philologique, artistique, philosophique et scientifique qui va transfigurer l’Europe de la Renaissance.
Les Académies dans l’Europe humaniste forment le premier ouvrage d’une telle envergure sur le sujet ; il pose un regard neuf sur le mouvement académique en Europe jusque vers 1600, notamment les premières académies italiennes (académie romaine de Pomponio Leto, académie napolitaine du Panhormite, puis de Pontano, académie florentine de Careggi, avec Marsile Ficin), les Académies royales françaises du règne des Valois (Académie de Poésie et de Musique, Académie du Palais) sans oublier d’autres organisations contemporaines moins connues. Des recherches documentaires présentent le personnel des divers groupes et les œuvres où s’expriment leurs idéaux. L’observation des rapports qu’elles entretiennent permet de définir la forme et les activités de chaque institution ainsi que la nature de leur contribution à l’extension des savoirs : enrichissement de la philologie classique, de la poétique, de la rhétorique, constitution de dictionnaires ou de répertoires linguistiques, archéologiques ou iconographiques, réflexion sur les arts à la lumière des traditions chrétienne ou néo-platonicienne, ambitions pédagogiques ; se dégage aussi le rôle majeur de la musique dans plusieurs académies. L’étude des liens matériels et idéologiques entre ces sociétés et les Grands (papes, rois, mécènes) donne enfin de mesurer la « libert© » dont jouissent les académies, particulièrement dans leur vocation encyclopédique et européenne.
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Selon une grille de lecture issue de l’anthropologie, Christian Grosse décrit et analyse la profonde transformation de la culture rituelle chrétienne qu’entraîne à Genève l’adoption de la Réforme. Il démontre que la religion réformée ne remplace pas un christianisme médiéval, fondé sur le rite et sur la dimension collective de l’expérience religieuse, par un christianisme centré sur la dimension intérieure et individuelle de cette expérience ; elle substitue à un système rituel cohérent et englobant, dont la messe constituait le cœur, un autre système rituel, dont la cohérence repose sur la complémentarité de la prédication et de la communion. Combinant des approches chronologiques et thématiques, les Rituels de la cène réformée à Genève examinent la formation et le fonctionnement de ce système sur deux siècles, soit des années de révolution iconoclaste qui préparent l’abolition de la messe en 1535, à l’orée du XVIIIe siècle, quand une série de réformes met fin à la continuité d’une tradition fondée sur la forme des prières ecclésiastiques, le formulaire liturgique calvinien édité pour la première fois en 1542.
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La grande affaire de l’année 1589, c’est la guerre que Genève a déclarée à la Savoie, en avril. Voilà Bèze transformé en correspondant de guerre, envoyant à ses amis des nouvelles du front. Il le fait dans le style des vieux Romains, Tite-Live, Salluste, César … Ce qui est très apprécié : on en donne lecture au Conseil de Zurich ; Grynaeus, à Bâle apprécie tant ces récits, qu’il fait faire une publication de l’une de ces lettres, non sans y ajouter quelques citations et développements supplémentaires, et ce sera une brochure d’actualité paraissant à Bâle en juillet sous le titre d’Expositio Verissima. Mais en juillet, on pouvait encore envisager l’avenir avec optimisme, espérer une victoire assez retentissante pour que le duc de Savoie se contienne au-delà des Alpes, sans plus molester les Genevois. Las ! Il n’en fut rien. Les alliés de Genève se dérobaient les uns après les autres, la France, Berne… et les Genevois restaient seuls, avec leur toute petite armée, face au gendre du roi d’Espagne ! Cela n’empêche pas Bèze d’applaudir à l’accession de Henri IV au trône de France et de lui faire une propagande infatigable auprès des Suisses. Notre volume donne aussi de curieux carnets donnés au roi Henri pour gouverner la France, car on a autrefois cru que ce document datait de l’avènement royal d’août 1589. Une étude plus attentive a permis de le dater de 1576 : on le trouvera donc parmi les Addenda des tomes précédents.
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« Mais ce prince estoit un chef-d'œuvre de la nature; ce qu'il avoit de moins admirable, c'estoit d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettoit au-dessus des autres estoit une valeur incomparable, et un agréement dans son esprit, dans son visage et dans ses actions que l'on a jamais veu qu'à luy seul; il avoit un enjouement qui plaisoit également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui estoit toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir estre imitée, et enfin un air dans toute sa personne qui faisoit qu'on ne pouvoit regarder que luy dans tous les lieux où il paraissoit. » (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, Droz, TLF 33, p. 10-11).
Jacques de Savoie-Nemours, duc du Genevois (1531-1585), chef de la branche cadette légitime de la dynastie savoyarde, était cousin d’Emmanuel-Philibert duc de Savoie. La relation qu’ils entretinrent généra une source de prestige pour Jacques, en tant qu’acteur politique indépendant, autant qu’elle instaura une entrave permanente à sa liberté de manœuvre. Homme de cour et chef de guerre parmi les plus illustres à la Renaissance, Jacques tenait en apanage le Genevois, duché qui, tout en symbolisant sa puissance dynastique, lui assurait les ressources nécessaires à ses activités militaires, politiques et lettrées, notamment à la cour de France. Matthew A. Vester retrace la fortune de Jacques de Savoie-Nemours au cœur d’un espace europ©en qui n’était normalement pas animé par des individus isolés, mais par les Maisons et leurs différents lignages, et dans lequel l’« Etat » ne jouait alors qu’un rôle politique secondaire.
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Lorsqu’André Alciat ou Pierre Coustau écrivent un livre d’emblèmes, ce loisir studieux repose sur le choix d’une activité utile et morale. Deux hommes de loi s’octroient le plaisir d’un otium litteratum qui se situe en marge du temps concédé à la pratique ou à la théorie jurisprudentielles ; mais cet espace ludique, propice à des jocoseria pour le moins ésotériques, est lui-même pénétré de légalismes. L’écriture d’emblèmes repose sur un modèle épistémique emprunté à la praxis du Droit romain alors en cours de réélaboration. Loin de constituer des témoignages fastidieux d’une pensée fixiste et solipsiste, ou encore une contrainte d’ordre strictement professionnel, les commentaires aux Pandectes et aux autres fragments de Droit romain de la plupart de ces juristes humanistes témoignent avant tout de la perméabilité de cette culture légale et de l’étendue de ses applications. Les commentaires de Droit civil, dont la forme volontiers polyphonique est appel©e à restaurer un « matériel complexe » par le biais d’une critique historique et philologique, servent alors de base à l’élévation d’un nouvel idéal de Justice, à la recherche d’images et de symboles forts, les médailles, hiéroglyphesou emblèmes autour desquels se rallie une communauté active de juristes aussi inventifs qu’érudits.
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Esculape et Dionysos invite à partager, sur le mode de l’excès et de la mesure à la fois, l’esprit que Jean Céard a insufflé à tous ceux qui ont collaboré avec lui ou travaillé sous sa direction ; ainsi ce recueil d’études contribue-t-il à illustrer l’intimité du scientifique et du littéraire, du plaisir et du sens, liaison profonde que le travail de ce pédagogue et chercheur a toujours souhaité comprendre. On y goûtera une cornucopie de joyeuseté scientifique tirant ses fruits des différents champs du savoir que Jean Céard a explorés tout au long de sa carrière (philosophie, sciences naturelles, théologie), enrichissant aussi des questions génériques et d’histoire littéraire qu’il a tout particulièrement éclairées (la poésie, la traduction), ou relançant l’étude d’un auteur dont il a renouvelé l’approche (Rabelais). Cette plongée dans la culture de la Renaissance vise, au fil de quelque soixante-dix enquêtes, à témoigner de la générosité intellectuelle d’un de ses plus éminents historiens et, au nom de la curiosité sans bornes de celui-ci, à entraîner le lecteur à se nourrir «d’admiration, chasse [et] ambiguïté» pour progresser sur la voie que Jean Céard a éclairée de manière d©cisive: l’interprétation des signes au XVIe siècle.
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Ces quinze études réunies par les anciens doctorants, désormais des seiziémistes estimés, de François Rigolot, Meredith Howland Pyne Professor of French Literature à l’Université de Princeton, rendent hommage à ses qualités de professeur, de savant et d’homme qui incarne à la fois l’esprit généreux montaignien et le pantagruélisme rabelaisien. Récapitulant des sujets d’intérêt que partagent le magister et ses discipuli : la poésie, la Renaissance au féminin, Pétrarque, Scève, Ronsard, Crétin, Marguerite de Navarre, Louise Labé, Rabelais, Montaigne, La Boétie et Pascal, louant l’équilibre de l’imagination créatrice, de l’explication de texte rigoureuse et d’une exquise rhétorique personnelle, Esprit généreux, esprit pantagruélicque célèbre l’érudition du Professeur Rigolot, ses publications, ses compétences pédagogiques, son soutien inlassable auprès d’étudiants et de collègues, son leadership à l’Université de Princeton et sa personnalité toujours inspiratrice.ours inspiratrice.
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Il paraît enfin acquis que Sébastien Castellion fut un traducteur sagace et talentueux de la Bible en latin – la Biblia de 1551, après son essai sur le Pentateuque de 1546, le Moses Latinus – comme en français – la Bible nouvellement translatée à Bâle, chez Johann Herwagen, en 1555.
Après La Genèse qu’ils ont donnée en 2003 (TLF 553), deux des éditeurs de l’équipe initiale, n’ayant pu sans doute se dessaisir de la langue novatrice de Castellion, éditent aujourd’hui sa traduction des livres que la tradition attribue à Salomon (Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques). Nicole Gueunier et Max Engammare rappellent l’histoire de l’agrégation de ces trois livres et examinent le contexte exégétique que la Réforme protestante leur a forgé. C’est ainsi que l’histoire de la traduction de ces derniers, celle du Cantique des cantiques en particulier, est rapportée au cadre éminemment polémique des controverses qui opposèrent Sébastien Castellion à Théodore de B¨ze et à Jean Calvin. Par ailleurs, le travail de traduction auquel s’est livré Castellion pour le français est comparé à celui qu’avait nécessité son édition latine. Les outils critiques usuels – notes, bibliographie, glossaire – serventla langue de Sébastien Castellion et en définitive célèbrent sa belle singularité.