Renaissance
Pour la distribution en France : www.sodis.fr
Signée le 3 avril 1559, la paix du Cateau-Cambrésis scelle la fin des guerres d'Italie. Le dénouement de cette lutte pour l'hégémonie en Europe entre Habsbourg et Valois, dont la domination de la Péninsule est la clé, constitue une énigme.
Après avoir été en mesure de prendre une revanche historique, le roi de France accepte un traité particulièrement défavorable. Si les troubles religieux ont rendu cet accord durable, ils n'en sont pas la cause, même si Henri II l'a proclamé pour couvrir l'abandon de nombre de conquêtes. Au terme de débats discontinus et d'une décennie de combats militaires, diplomatiques, financiers et symboliques, le roi d'Espagne remporte finalement l'avantage, surpassant son adversaire en réputation. Les deux Grands du XVIe siècle n'en ont pas moins traité d'égal à égal.
Établissant un rapport de force équilibré - même s'il est voué à évoluer -, l'accord se fonde sur des concessions propres à réconcilier les princes et conformes aux principes de la justice : il semble éteindre tout litige. Par son caractère exemplaire, il révèle les conditions et les règles d'une négociation internationale comme la permanence d'un imaginaire chrétien de la paix.
On trouvera, dans ce livre, le texte du traité du Cateau-Cambrésis.
Pour la distribution en France : www.sodis.fr
En Espagne, le développement de l’histoire des femmes, dans les années 1980, est contemporain des profonds changements qui ont affecté la sociét© après l’avènement de la démocratie. Aux lendemains de la Transition, les revendications féministes ont porté, tout particulièrement, sur l’accès au marché du travail et sur la reconnaissance de la contribution féminine à l’économie. Cete concomitance contribue à expliquer que l’attention des historiens se soit portée très tôt sur la place des femmes dans les activités de service et de production, qu’elles soient salariées ou pas. Sans doute l’heure n’est-elle pas encore au bilan, mais le dossier présenté dans ce numéro permet d’apprécier les progrès accomplis sur cette question. Plus qu’une évolution linéaire, c’est la variété des situations, la diversité des sources et les enjeux heuristiques de ce champ d’étude que les auteurs ont cherché à montrer.
Ronsard découvre, à l’articulation de l’âme et du corps, les richesses de l’imagination, de la fantaisie humaine. L’âme incarnée vit constamment entourée d’images, qu’elles proviennent des organes des sens, du sang, du spiritus fantasticus, de la mémoire, de la fantaisie libérée de tout contrôle rationnel dans le temps du songe, des démons... L’étude conjointe du sommeil et de la fantaisie nous permet d’appréhender les œuvres du Vendômois de façon chronologique. Dans la première décennie de sa création poétique, Ronsard se nourrit dans ses œuvres de multiples images fantastiques : les visions prophétiques, les images mortes de la sorcière, les secrets du puissant Dionysos, la mélancolie amoureuse, les songes... Au début des années 1560, le poète subit une double crise, interne et externe, qui le conduit à définir une « bonne santé » de l’imagination. Attentif à ne plus accueillir dans son esprit toutes les créatures fantastiques, le poète se montre de plus en plus à l’écoute de son propre corps, ou plutôt de la saine liaison entre son corps et son âme. A mesure que la mort approche, Ronsard veille à se débarrasser de toutes les formes d’illusion qui pourraient venir perturber une si belle association. ciation.
Pourquoi, à l’automne de la Renaissance, Isaac Casaubon, intellectuel protestant, brillant et peu fortuné, décida-t-il de se consacrer aux textes grecs au point d’être salué par ses contemporains comme le meilleur helléniste de sa génération ? Quelle représentation se faisait-il de ces textes ? Comment justifia-t-il, à ses propres yeux comme à ceux d’autrui, de s’y spécialiser ? Hélène Parenty mène l’enquête sur ces questions et montre que, plus généralement, c’est la conception que l’on se fait à l’époque de l’étude des lettres – irréductible à notre moderne littérature – qui est en jeu. Grammaire ou polymathie, philologie ou “studia humanitatis” : cette science aux contours flous, peu valorisée institutionnellement, est en quête d’identité. Promouvoir le grec, à travers des discours, mais surtout des pratiques, c’est aussi en définir la discipline et lui ménager une place dans l’architecture des savoirs.
Connu comme orateur de la cour papale, Marc-Antoine Muret (1526-1585) fut aussi un pédagogue et un philologue réputé. Publiés en 1552, à une époque où le jeune homme fréquentait les poètes de la Pléiade, ses Juvenilia précédèrent de peu son Commentaire des Amours de Ronsard. Le recueil comprend une tragédie, Julius Caesar, dix élégies, deux satires, cent sept épigrammes, trois épîtres et six odes qui illustrent les préoccupations des arts poétiques contemporains et reflètent les aspirations de la nouvelle génération. Muret exhibe sa virtuosité et son ingéniosité, mais s’inscrit aussi dans le débat sur l’éthique du pouvoir et répond aux exigences morales de l’idéal éducatif humaniste. Virginie Leroux donne une édition critique du recueil, annotée et accompagnée d’une traduction française, ainsi qu’un commentaire qui, genre par genre, identifie les sources antiques et les modèles théoriques. Elle analyse l’influence de l’émulation avec les contemporains et examine les enjeux polémiques induits par l’appartenance à une communauté poétique.
Lors de son séjour en France (de 1495 à 1506), Fra Giovanni Giocondo de Vérone recueillit un ensemble considérable de textes de géométrie pratique. Ces écrits en français présentent aujourd’hui un grand intérêt car les sources de ce type en langue vulgaire parvenues jusqu'à nous sont fort peu nombreuses. L’auteur en donne l’édition critique et s’interroge sur ce qui a pu motiver Giocondo à réunir ces ouvrages. Cela le conduit d’abord à étudier la foisonnante personnalité intellectuelle du frère, à la fois ingénieur, architecte, antiquaire et éditeur de textes anciens, sur lequel les sources sont malheureusement avares. L’œuvre principale qu’on lui connaît est la célèbre édition vénitienne de Vitruve de 1511, d’une grande qualité à maints égards, et la première à avoir été illustrée. L’intérêt de Giocondo pour les textes de géométrie pratique pourrait avoir été inspiré par un goût érudit. Cette hypothèse permet de les parcourir à la lumière de la lecture qui, selon l’auteur, était celle, atypique, de Giocondo.