Renaissance
-
-
Jean Salmon Macrin (1490-1557), poète néo-latin originaire de la ville de Loudun, valet de chambre du roi François Ier aux côtés de Clément Marot, fut considéré de son vivant comme le plus grand poète lyrique après Horace.
Nous proposons ici l’édition, la traduction et le commentaire des Hymnes de 1537, un recueil charnière dans sa carrière littéraire, qui marque le retour à une piété plus ardente et plus intimiste, témoigne d’un approfondissement de la veine familiale et réalise l’alliance du lyrisme profane et d’une pensée érasmienne. Le lecteur trouvera dans ces pièces de circonstance, odes auliques, méditations spirituelles, éloges des grands hommes de lettres, hymnes à Dieu, à la Vierge et aux saints, odes domestiques et autobiographiques, l’harmonieuse union de l’érudition, de la virtuosité métrique, d’une rhétorique affective et d’un idéal de la sincérité
-
Ce deuxième tome des œuvres de Scévole de Sainte-Marthe contient ce qui fut imprimé entre les Premieres Œuvres de 1569 et les publications de 1575 (à paraître dans un troisième volume).
L’actualité des années 1569- 1573 est très présente dans le volume : troisième guerre civile, mariages de Charles IX avec Élisabeth d’Autriche puis de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, quatrième guerre et siège de La Rochelle. D’autre part Sainte-Marthe, pourvu de l’office de Contrôleur général des Finances en Poitou, adresse des vers à ses nouvelles relations, particulièrement les « gens des finances », qui se trouvent ainsi associés à ses connaissances parisiennes. L’annotation s’efforce d’apporter des informations sur les dédicataires du poète et les auteurs de pièces liminaires, complétant notre connaissance de la société poitevine et de la vie littéraire en France dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Plus généralement, le livre s’inscrit dans une perspective clairement iréniste : dans le dernier sonnet, l’auteur attribue à sa poésie la capacité de « tempérer le Discord » et se juge par là investi du pouvoir de faire revenir la paix ; cette signification essentielle du recueil peut être étendue à l’ensemble du contenu du tome II.
L’édition des Œuvres complètes de Scévole de Sainte-Marthe est établie par Jean Brunel, Professeur honoraire à la Faculté des Lettres de Poitiers, avec la collaboration de Pierre Martin, professeur dans la même Université.
-
1593, année décisive, bouleversante même, pour la France comme pour Genève. Pour la deuxième patrie de Bèze, c'est la fin de la guerre contre la Savoie. Pour la seconde, c'est la défaite de la Ligue et le triomphe de Henri IV. Mais à quel prix, ce triomphe! Il a fallu que le roi se convertisse, pour que les ligueurs cessent de le combattre, ayant compris, par ailleurs, qu'il n'y avait pas d'autre candidat vraiment français au trône, car tous les autres étaient vendus à l'Espagne. Bèze ressentit la nouvelle de l'abjuration comme une catastrophe, mais au bout d'un mois, il comprit que c'était le prix de la paix en France. La trêve de La Villette, entre la Ligue et le roi, finit par être étendue aussi au duc de Savoie, et donc à son conflit avec les Genevois. Entre temps, la petite République à bout de ressources, envoya des agents aux Pays-Bas et dans l'Est de l'Europe pour quêter des secours. Des lettres de Bèze les accompagnaient. Des messages parvinrent en retour. Ce sont toutes les peines et les espoirs de l'Europe qui trouvent ici leur écho, sans parler des "moyenneurs" en France, que Bèze trouve très inquiétants.
-
Que se passe-t-il pendant un monologue d’Hamlet ou pendant les stances de Rodrigue ? Que fait un personnage une fois seul en scène ? En considérant le vaste champ du théâtre européen au seuil de la modernité, ce livre propose une approche inédite de ces questions. Car le monologue a une histoire et la fin de la Renaissance et l’âge baroque en est l’un des épisodes fondateurs. Des œuvres théâtrales aux traités théoriques et aux dictionnaires, il s’affirme comme un procédé dramatique spécifique, avec ses formes et ses enjeux propres. Reconstituer la poétique du monologue baroque, en tenant compte des principes esthétiques qui en régissent la composition et des modalités concrètes de la représentation, conduit à remettre en question le caractère anti-dramatique souvent associé à la forme monologuée : loin d’être nécessairement une pause dans l’action, cette convention énonciative construit le rapport du spectateur à la fiction, dessine la topographie scénique et se donne comme un vecteur essentiel de l’efficacité dramatique. Surtout, le monologue devient alors un point d’ancrage d’une nouvelle dramaturgie de l’intériorité : non pas sur le mode de la révélation ou de l’expression sans médiation d’un « moi », mais sur celui de la dramatisation d’une identité ou de la représentation d’une subjectivité en acte. Au prisme de ce déplacement des termes de l’analyse, l’histoire de la représentation théâtrale rejoint une histoire des représentations et reprend à nouveaux frais la question du sujet moderne.
-
Le manuscrit de Clément Marot, conservé au Musée Condé de Chantilly, était resté inédit jusqu’ici. Il s’agit d’un recueil de cent quarante poèmes remis en mars 1538 par l’auteur au connétable Anne de Montmorency, Grand Maître et nouveau Connétable de France. Ce témoin important méritait d’être publié pour trois raisons principales. Tout d’abord, il est le seul manuscrit composé par Marot lui-même que nous possédions et jouit d’une autorité bien établie. Ensuite, il contient plusieurs pièces restées inédites au XVIe siècle, la plupart ayant été composées soit pendant l’exil du poète à Ferrare, soit entre sa rentrée à la Cour (mars 1537) et la date de la remise du manuscrit (mars 1538). Enfin, ce recueil constitue un ensemble lyrique cohérent, divisé en sections bien définies et conçu pour être lu non seulement par un grand personnage influent dont Marot voulait attirer la sympathie mais, au-delà, par toute la cour de France auprès de laquelle l’ancien exilé cherchait à retrouver sa place au soleil. On prendra ainsi connaissance de poèmes sous la forme où ils ont circulé en haut lieu, avec des renvois appropriés aux versions ultérieures imprimées. Cette édition critique s’accompagne d’une reproduction de l’intégralité du manuscrit en fac-similé. Elle permettra de saisir un moment privilégié de l’œuvre du « Prince des poëtes françoys ».
-
A une époque où le transfert culturel s'avère un phénomène central, l'étude de la migration des artistes, des modèles et des langages constitue un axe de recherche qui permet de comprendre des phénomènes d'assimilation, d'émulation ou de refus face aux usages et aux traditions d'autres pays, voisins ou lointains. Dans cet ordre d'idées, un rôle fondamental revient au dialogue, durable et fertile, entre la France et l'Italie. Les contributions de ce volume mettent en relief des relations entre deux grandes périodes et leurs contextes culturels, le Cinquecento et le Grand siècle, et éclairent les stratégies et les modalités de processus de sélection et d'appropriation. Parmi les nombreuses expériences artistiques qui ont caractérisé la péninsule tout au long du XVIe siècle, quels sont les modèles qui ont vraiment ouvert dans les habitudes et les prédilections des Français, quel type de classicisme italien a été accueilli et selon quelles modalités ? Les contagions et les "allers et retours" constants qui enrichissent les échanges entre les deux pays constituent le dénominateur commun des réflexions de ce livre, appelées à stimuler un regard croisé entre le différents domaines de l'activité artistique, au-delà des frontières et des périodisations traditionnelles. Elles cherchent à montrer la variété et la complexité des problématiques de la migration et de la métamorphose des modèles et à mettre en évidence la richesse des positions critiques actuelles, en encourageant une lecture plus nuancée de l'évolution des concepts et des langages artistiques.
-
-
-
L’étude du rire méritait d’être renouvelée pour une période que Rabelais continue à dominer. Ce volume a regroupé vingt-six intervenants – littéraires, musicologues, historiens de l’art, des sciences ou de la pensée religieuse – qui offrent ici un recueil de vrais rires de toutes natures. A un moment où s’essoufflent les modèles inopérants de Bakhtine et de ses contradicteurs, il a paru plus important de saisir sur le vif, comme à l’improviste, la présence exceptionnelle du rire à tous les niveaux de l’invention, des pratiques et des comportements des hommes de la Renaissance. En partant des évidences sensibles, notamment musicales et iconographiques, en interrogeant constamment les expressions du rire et son lexique – partout, jusque dans les archives qui le condamnent –, en développant sous des angles nouveaux, la réflexion sur les auteurs et les artistes les plus attendus comme les plus anonymes (Rabelais, Montaigne, Roland de Lassus, Ronsard, Béroalde de Verville, Tabourot, Léonard de Vinci et son entourage, etc.), en soulignant également le rôle majeur des médecins-philosophes par le regard libre et profond qu’ils jettent sur ’activité de rire, le volume dégage peu à peu les nouvelles implications de l’érudition facétieuse et des pratiques de cour: tout cela intéressait encore vivement le XIXe siècle. L’omniprésence du rire suggère finalement qu’il pourrait être une activité globale, tout à la fois indépendante et nécessairement sociale, qui unit sans cesse le coeur et le corps de chaque homme dans une expérience unique d’ordre sensible, et met en jeu observation, culture et imagination. Le rire que l’on vivait naturellement à la Renaissance nous concerne pleinement aujourd’hui.i.