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L’ombre de La Fontaine s’étend si démesurément sur les fables qu’elle a objectivement barré, en amont et en aval, leur horizon critique. Les études réunies dans ce volume, qui constituent les actes d’un colloque tenu à Paris en 2007, explorent l’avant du recueil qui a transfiguré l’apologue et l’a en même temps épuisé : la floraison de recueils qui a préparé au XVIIe siècle l’éclosion du chef-d'oeuvre du genre ésopique, les fabliers humanistes qui les ont précédés et plus avant encore au Moyen Âge les Isopets. Le nom même des premières collections de fables en français souligne leur dette envers les collections gréco-latines dont elles sont lointainement tirées. On trouvera aussi un bilan et un prolongement des travaux importants publiés sur la fable grecque au cours des dernières années, et plus encore sur le domaine latin, décisif pour la naissance du genre ésopique en français : les recueils « classiques » de Phèdre et d’Avianus, ainsi que le champ, plus vaste et plus méconnu, des apologues médio-latins.
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Dans le deuxième tome du Devisement du monde, Marco Polo parcourt le nord de l’Afghanistan et traverse ensuite la Chine septentrionale, en suivant longtemps le chemin des caravanes (route du sud). Les villes citées dans le Xinjiang et dans le Gansu (Kashgar, Yarkant, Khotan, Tcherchen, puis Dunhuang, Jiuquan, Zhangye, Wuwei) sont des étapes obligées de cette antique voie, dite aujourd’hui route de la soie, qui longe ou franchit le désert du Taklamakan, allant d’oasis en oasis à travers maints espaces désolés. Au-delà de Wuwei, Marco Polo semble avoir emprunté un chemin direct par le Ningxia et par le sud de la Mongolie, aux confins du désert de Gobi, sans doute le long du Huang He (Fleuve Jaune), pour atteindre Xanadu, palais d’été du Grand Khan, situé à trois cents kilomètres au nord de Pékin.
Malgré les déserts redoutables, les étendues prodigieuses – cette traversée de la Chine s’étend sur près de six mille kilomètres –, malgré les innombrables périls de cette expédition aventureuse, le voyageur vénitien a atteint son but. Premier explorateur occidental à pénétrer profondément par cette route dans le vaste empire de Khoubilai Khan, il découvre le monde immense et mystérieux de l’Asie.