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Une part non négligeable de la littérature contemporaine de langue française évoque les génocides et les violences idéologiques qui secouèrent le XXe siècle. La question de la mémoire et du renouvellement de ses formes y occupe une place primordiale, influencée notamment par la répétition de telles atrocités (dans les Balkans et dans la région des Grands-Lacs). Le témoignage et la fiction apparaissent comme les composantes d’une dialectique propre aux récits de rescapés et aux œuvres romanesques qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, ont eu pour tâche de transcrire un type d’expérience dépassant l’entendement.
Témoignage et fiction fait dialoguer les récits de rescapés des camps nazis (Wiesel, Semprun, Antelme, Rousset, Delbo) avec ceux évoquant les heures noires du communisme ou, sur un mode allégorique, les violences des régimes totalitaires (Kristof, Volodine). Au souci de la vérité des faits narrés animant les premiers récits, Marie Bornand oppose les audaces narratives des romans d’une deuxième génération d’écrivains: les formes ambiguës conférées aux fictions de témoignage mettent doublement en évidence le caractère déroutant et dévastateur des événements racontés. Sollicité et malmené par les distorsions infligées aux structures du récit, le lecteur y est désormais à son tour assigné à la place inconfortable de témoin.
La Peste de Camus, La Douleur de Marguerite Duras, W ou le souvenir d’enfance de Perec ainsi que la trilogie d’Agota Kristof comptent également au nombre des œuvres commentées pour conduire une interrogation originale sur les liens que les formes narratives entretiennent avec le réel. Les configurations littéraires du travail de mémoire s’y trouvent ainsi subtilement éclairées.
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Jasna ADLER,
Wagih AZZAM,
Jacques BERCHTOLD,
Marie BORNAND,
Anke BOSSE,
Marta CARAION,
Danielle CHAPERON,
Alain CORBELLARI,
Alexandre DAUGE-ROTH,
Jérôme DAVID,
Françoise DUBOR,
Yasmina FOEHR-JANSSENS,
Adrien GÜR,
Dominique KUNZ,
Brooks LA CHANCE,
Christopher LUCKEN,
Pierre MONNOYEUR,
Philippe MORET,
Loris PETRIS,
Michael RINN,
Patrick SUTER,
René WETZEL,
Dagmar WIESER
De quelle manière la référence historique, aussi bien l'histoire que l'historiographie, intervient-elle dans vos recherches et dans vos enseignements ? Telle était la question adressée aux jeunes chercheurs de la "relève" universitaire suisse dans le domaine des études littéraires réunis en colloque à Genève les 6 et 7 juin 1997. Témoignant de la fécondité de cette question dans leurs travaux actuels, leurs interventions présentent, malgré leur diversité, de nombreux points de convergence. Sur le plan théorique comme sur le plan critique, le "retour" de l'histoire dans la littérature s'accompagne cependant d'une réévaluation des relations entre les deux disciplines, de sorte que les travaux d'"histoire littéraire" et d'"histoire de la littérature", aujourd'hui, se démarquent des projets positivistes du siècle passé et intègrent, en particulier, les enseignements de l'analyse formelle des œuvres.
Articles de Alain Corbellari, Yasmina Foehr-Janssens, Wagih Azzam, Christopher Lucken, Alexandre Dauge-Roth, Michael Rinn, Marie Bornand, Dominique Kunz, Adrien Gür, René Wetzel, Jacques Berchtold, Pierre Monnoyeur, Loris Petris, Dagmar Wieser, Philippe Moret, Jérôme David, Brooks La Chance, Anke Bosse, Françoise Dubor, Jasna Adler, Patrick Suter, Danielle Chaperon et Marta Caraion.
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