Renaissance
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Publiée à Bruges, chez Hubert Goltzius, en 1565, la Lamberti Lombardi vita est la première biographie d’un artiste écrite dans le Nord, quelques années après les Vite de Vasari (1550). Son auteur, Dominique Lampson (1532-1599) est une grande figure de l’humanisme liégeois. Après avoir été le secrétaire de Reginald Pole, il devint celui des Princes-Evêques. Chez Pole, il découvrit l’œuvre du peintre Lambert Lombard et il suivit son enseignement à Liège. Cet artiste est de nos jours peu connu en dehors de la Belgique. Biographie programmatique, c’est au peintre savant comme le fut Lombard, comme le seront son élève Otto Vaenius et l’élève de ce dernier, Rubens, que s’adresse ce petit ouvrage latin. La Vita fournit des éléments essentiels à notre connaissance des innovations que Lombard introduisit dans la peinture des Pays-Bas. Bien plus, elle propose une théorie cohérente de la peinture fondée dans la rhétorique. La Vita illustre ainsi la réception de l’Antiquité par les artistes dans ses deux aspects – les textes et les objets. Une introduction alerte et une traduction précise et élégante de Colette Nativel invitent à redécouvrir tant Lampson que Lombard.
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Articles – R. THOMAS, « At the cutting edge of ortho-typography: a partly-corrected proof-sheet of Marguerite de Navarre’s Miroir de l’ame pecheresse (1533), and its connections to the Briefve doctrine pour deuëment escripre selon la proprieté du langaige Françoys (1533) » – A. CULLIÈRE, « Le “dur exil” de Louis des Masures » – G. CARDINALI, « Ritratto di Marcello Cervini en orientaliste (con precisazioni alle vicende di Petrus Damascenus, Mosè di Mārdīn ed Heliodorus Niger). Prima parte » – A. GODERNIAUX, « Un bouclier de libelles. L’utilisation du passé proche comme argument contre la démobilisation au sein de la Ligue parisienne (décembre 1588-août 1589) » – Notes et documents – M. MAZZONE, « Remarques sur le Maître de Monypenny », N. BINGEN, « Encore sur Amomo (Antonio Caracciolo) et Charlotta d’Hisca », M. A. DÍAZ GITO, « Con la cruz en ristre: fray Bernardo Boyl, primer apóstol de América, en la Columbeis de Giulio Cesare Stella. Una imagen ignaciana » – Chronique – B. NICOLLIER, « L’entreprise de la Correspondance de Théodore de Bèze » – Comptes rendus.
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TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
ABRÉVIATIONS
CHAPITRE PREMIER
LE DERNIER REPRÉSENTANT DE L’ALLIANCE FRANCO-ÉCOSSAISE (1551-1561)
Les amours d’Henri II et de Jane Stuart : entre passion et politique
Ecarter un bâtard royal masculin : précaution politique et norme juridique
L’enfance en Ecosse et le retour en France
Favoriser l’ascension d’un bâtard : l’innovation de Catherine de Médicis
CHAPITRE II
L’ÉDUCATION D’UN VALOIS INCOMPLET (1561-1567)
Jean de Morel, gouverneur du bâtard d’Angoulême
Une instruction brillante en vue d’une carrière ecclésiastique
Définir la place du bâtard dans la famille royale
Le maintien des liens avec les Fleming et Marie Stuart
CHAPITRE III
LA CARRIÈRE ECCLÉSIASTIQUE D’UN BÂTARD ROYAL (1563-1567)
Protonotaire d’Angoulême et abbé de la Chaise-Dieu (1563)
L’échec de l’accès au cardinalat (1564-1566)
L’entrée dans l’Ordre de Malte (1566-1567)
Des convictions anti-protestantes précoces
Une carrière en e en parallèle : Morel et les siens
CHAPITRE IV
L’« ADVANCEMENT » DU BÂTARD ET LES GUERRES DE RELIGION (1567-1574)
Stratégies d’« advancement » et amitié avec Montmorency (1567-1572)
Une épée au service du roi : un bâtard soldat, assassin et pillard (1567-1573)
Projets écossais autour d’un Valois-Stuart (1570-1573)
L’avancement social et symbolique : le tournant du début des années 1570
Limites de l’avancement et tournants politiques (1572-1574)
CHAPITRE V
REVENUS ET CARRIÈRE ECCLÉSIASTIQUE (1567-1579)
Argent et rhétorique : solliciter la grâce financière du roi
La chasse aux bénéfices et aux commanderies
Enrichissement direct et rétribution des serviteurs
L’ambassadeur officieux de l’Ordre de Malte
Responsabilités militaires, administratives et financières dans l’Ordre de Malte
CHAPITRE VI
PRINCE, POÈTE ET MARGINAL. L’INVENTION D’UNE IDENTITÉ (FIN DES ANNÉES 1560- ANNÉES 1580)
Une condition sociale princière ? Train de vie et mécénat
Les mots de la bâtardise : imaginaires sociaux et stratégies rhétoriques
Le bâtard et sa bâtardise. Ecriture, identité et mise en scène de soi
« L’androgyne assemblé du savoir et des armes »
Portrait physique et moral d’un prince marginal
CHAPITRE VII
L’ASCENSION VERS LES RESPONSABILITÉS POLITIQUES (1574-1579)
Voyage en Italie, mission en Piémont et retour aux armes (1574-1576)
Henri III et son demi-frère bâtard
Commandant en Provence : une initiation à l’exercice du pouvoir (1577-1578)
Révocation royale et jeu ambigu du grand prieur (1578-1579)
La consécration : un gouverneur choisi par le roi et aimé des Provençaux (1579)
CHAPITRE VIII
UN GOUVERNEUR DE SANG ROYAL (1579-1585)
Les Provençaux et la « qualité » de leur gouverneur
Les moyens du gouvernement : itinérance et conseil
Un courtier entre les élites provençales et le roi
« Gouverner les passions » : pacification, justice et mise au pas des pouvoirs locaux
Entretenir et employer l’armée du roi
CHAPITRE IX
UN BÂTARD ROYAL DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES (1579-1585)
Recevoir des princes étrangers : une mise à l’épreuve de l’identité de bâtard royal ?
Une province à protéger des risques extérieurs
Négocier avec des puissances étrangères : l’apprentissage de la diplomatie
La dégradation des relations avec l’Ordre de Malte
CHAPITRE X
ENTRE LA COUR DU ROI ET CELLE DU BÂTARD : UNE VIE PRINCIÈRE ? (1579-1586)
Faire sa cour à distance
Revenus et train de vie princier
Un prince en Provence : vie de cour et mises en scène de dignité
Le « Parnasse » provençal d’Henri d’Angoulême
« Vray Apollon françois ». Le bâtard royal dans la république des lettres
CHAPITRE XI
L’ULTIME ÉPREUVE : LA CRISE DE LA LIGUE (1584-1586)
Le grand pd prieur, « frère » du roi : une nouvelle promotion symbolique
Affronter la subversion : un défi politique et militaire
L’image du bâtard royal à travers la crise : flatteries et attaques
L’impossible retour à la normale : contenir la Ligue tout en réprimant les huguenots
CHAPITRE XII
L’AMBIGUÏTÉ, JUSQUE DANS LA MORT
Une fin qui « aportoit quelque tache à sa reputation »
La bâtardise princière post mortem. Aspects symboliques et politiques
Un bâtard royal à la tête du grand prieuré : bilan français, bilan maltais
Mémoire sombre, mémoire dorée : le massacreur face au prince humaniste
Les réappropriations de la figure du bâtard royal au XIXe siècle
CONCLUSION
SOURCES MANUSCRITES
SOURCES IMPRIMÉES ET BIBLIOGRAPHIE ANTÉRIEURE À 1800
BIBLIOGRAPHIE
INDEX NOMINUM
Henri d’Angoulême (1551-1586), fils naturel du roi de France Henri II, a longtemps été oublié par les historiens. Pourtant, il fut le premier bâtard royal français à occuper des charges importantes : abbé de la Chaise-Dieu, grand prieur dans lOrdre de Malte, puis général des galères et gouverneur de Provence. Erudit, mécène et poète, il fut une figure importante de la République des lettres, mais eut également une réputation d’homme violent et cruel. Grâce à une documentation portante et variée, ce livre retrace l’ascension d’un individu ambitieux qui apprit à surmonter le stigmate symbolique que constituait son illégitimité. En adoptant le point de vue de la monarchie française, des cercles humanistes, des dirigeants de l’Ordre de Malte, ou encore des acteurs politiques provençaux, ce travail étudie aussi la construction collective d’une identité sociale originale, celle de bâtard royal, qui entrecroisait qualité princière et marginalité.
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Voici le quatrième volume des procès politiques de Louis XI, élargi au règne de son père Charles VII, car les deux procès de Jean, duc d’Alençon, se sont succédés sous ces deux règnes. Ce sont assurément les plus connus, les mieux documentés, car les traités des XVIe et XVIIe siècles y font souvent référence. Leur célébrité tient aussi à la personnalité d’un prince qui incarne les intérêts et les passions d’une haute aristocratie dont la liberté est bridée par un pouvoir royal centralisé et de plus en plus fort. Les dix-huit documents réunis ici, la plupart publiés pour la première fois, permettent de cerner les réseaux d’alliances locales ou nationales, dans une partie diplomatique serrée, mais surtout les croyances et les préjugés qui nourrissent les incriminations, les rumeurs, les attributions infondées, les pathologies suspectées, élargissant le champ judiciaire dans un jeu invisible et troublant du pouvoir.
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Dans ce volume, deux traités portent sur la querelle qui opposa Caroli, docteur de la Sorbonne, ancien pasteur de Lausanne, alors à Metz, et Farel, venu jusqu’à Strasbourg pour soutenir l’Eglise réformée lorraine. En mai 1543, Caroli, tel un inquisiteur, dans une Lettre de deffiance, dénonce Farel et le provoque en combat singulier. Ayant eu connaissance de ce texte, Farel répond en juin 1543 par une Seconde Epistre, dans laquelle le réformateur rappelle à Caroli tout ce qu’il sait de la foi réformée et qu’il devrait mettre en œuvre pour comprendre son erreur d’être retourné à la foi romaine. Ces Traités messins attestent de la force de conviction de Farel et de son attention au peuple réformé qu’il entend soutenir par tous les moyens possibles. Une importante annexe composée des correspondances spécifiques aux différents aspects de ces tensions confessionnelles permet de mieux comprendre les enjeux de la lutte qui opposa les autorités catholiques de Metz, république impériale, et la communauté réformée de Metz, soutenue par Strasbourg, en lien avec la Ligue de Smalkalde.
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« Violent et extravagant ». C’est ce que l’historiographie a retenu de Charles IX (1550-1574). Devenu roi alors qu’il n’était qu’un enfant, il disparut avant son quart de siècle. De ses quatorze années de règne, on se souvient de sa passion pour la chasse, de son tempérament colérique et… du sang de la Saint-Barthélemy. Si l’histoire a souvent fait de lui un pantin entre les mains de sa mère Catherine de Médicis, l’histoire de l’art s’est peu attachée à son règne. Et pourtant, entre 1560 et 1574, les arts visuels, les lettres et la musique ont connu un véritable épanouissement en France. « D’un esprit prompt et vif, entre doux et colère » (Ronsard) le jeune roi, mélomane averti, fut écrivain et poète à ses heures. Les superbes portraits de Clouet gardent la mémoire de son visage et permettent de suivre les métamorphoses de ses traits au fil de sa brève existence. En même temps, tout un arsenal symbolique est déployé par les thuriféraires de la cour pour façonner l’image de la royauté qu’il est censé incarner. Ses adversaires en feront autant pour la détruire ou la détourner. Les études réunies dans ce volume mieux qu’esquisser les contours d’un hypothétique Charles IX mécène, ou que dresser un état des lieux des arts au temps du jeune souverain, étudient les nombreuses facettes, parfois contradictoires, de l’image du roi, réelles, symboliques ou imaginaires.
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L’échange épistolaire occupe une place très importante dans les pratiques sociales, politiques et culturelles de l’époque prémoderne, s'affirmant comme genre littéraire à part entière à la Renaissance. Tout au long du XVIe siècle, l’imprimerie italienne se spécialise, en effet, dans la publication de livres de lettres, et la parution en 1564, à Venise, du traité Del Secretario de Francesco Sansovino inaugure une riche tradition de manuels d’écriture épistolaire pour les professionnels de la plume. Ces tendances éditoriales mettent à l’honneur un savoir humaniste enraciné dans l’enseignement scolaire et universitaire du Quattrocento à l’échelle européenne, dont le socle rhétorique repose sur la correspondance de Cicéron. L’enseignement d’Erasme, mais également celui de l’humaniste vénitien Francesco Negro sont ainsi assurés d’une longue continuité, parfois surprenante, impliquant des démarches de traduction, d’adaptation voire de contournement de la censure.
re.
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Prononcé à l’audience, le plaidoyer constitue un moment essentiel de la procédure judiciaire, le moment où l’on cherche à établir, à qualifier et à juger les faits, celui où se discute le vrai et le faux, le juste et l’injuste. A la Renaissance, véritable âge d’or des plaidoyers, il constitue aussi un texte, volontiers confié à l’imprimerie et donnant lieu à un genre particulier d’ouvrage : le recueil de Plaidoyez. En dépit de perspectives et de finalités variées, révélant les horizons de juristes qui se voulaient tout autant « hommes de lois » qu’« homme de lettres », ces recueils, délaissés par la critique, s’avèrent d’une richesse particulière, non seulement pour les données juridiques qu’ils renferment que par la rhétorique déployée par leurs auteurs. Poursuivant une enquête au long cours sur les formes d’expression du juridique à la Renaissance, fruit d’un colloque pluridisciplinaire organisé à l’université d’Avignon, le présent volume s’est dès lors attaché à mettre en évidence la plasticité et les enjeux révélés par ces œuvres, contribuant à améliorer notre connaissance de ces dernières, comme plus largement celle de l’écriture des juristes à la Renaissance.
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Le divertissement, la fête, le rire sont des besoins que, pour exorciser les inquiétudes de la vie quotidienne, nous éprouvons tous. Cela est encore plus vrai dans les sociétés soumises à une discipline sévère ou confrontées à des événements douloureux. Les XVIe et XVIIe siècles ont su créer ces espaces d’exception. Ils ont réservé une place aux bouffons et aux farceurs, à l’expression publique de l’exubérance et de la gaieté, ils ont su contourner les interdits pour libérer l’énergie vitale de ses entraves. La littérature tient sa part dans ce grand jeu. Au XVIe siècle, Erasme, Rabelais, Montaigne, quelques autres docteurs en gai savoir affirment la légitimité du plaisir. Lorsque l’ordre moral et la police des idées se resserrent, au XVIIe siècle, des écrivains prennent la relève, remplissant dans la société la même fonction que le fou à la cour. Ce sont des bohèmes, des saltimbanques, des lettrés plus ou moins libertins qui incarnent ou mettent en scène la joie pour la faire advenir. Si Molière joue ce rôle à la perfection, toute une faune littéraire, à ses côtés, s’emploie à créer des mondes où l’homme, en accord avec son désir, peut s’épanouir.