Renaissance
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Dans le sillage des attentats contre Charlie Hebdo, un journal français a publié une chronique intitulée : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une idée, c’est tuer un homme ». Curieusement il n’était pas mentionné que la citation était de Sébastien Castellion, écrite en réaction à l’exécution de Michel Servet (1553). Démonstration éclatante s’il en fallait de l’infortune qui s’attache à la destinée posthume de l’humaniste réformé. Inconnue du grand public, ignor©e ou minimisée par nombre d’historiens, sa pensée se révèle pourtant d’une rare pertinence dans les périodes où la liberté de penser et la tolérance sont en recul. Bien des signes montrent que nous entrons dans une période de ce genre. Le Jbilé de Vandœuvres 2015 n’a eu d’autre ambition que de poser un jalon contre l’oubli d’une figure qui a contribué à faire entrer l’Occident dans le monde moderne. Quatre des meilleurs connaisseurs actuels de son œuvre, Marie-Christine Guéraut-Gomez, Max Engammare, Michel Grandjean et Philippe Fromont ont apporté leurs éclairages complémentaires. En les publiant, nous espérons contribuer à une réflexion sur notre époque pleine de risques.
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« Ce sont vos écrits qui m’ont donné envie d’apprendre cette langue ». La langue est l’italien, les écrits sont la première édition des Vite de Vasari et l’auteur de cette lettre est un Flamand, Lambert Lombard, artiste et lettré renomm©. La diffusion européenne des Vite fut immédiate, mais leur réception ne fut pas toujours aussi élogieuse. Les deux éditions du texte (1550 et 1568) déclenchèrent des réactions en tous genres, car elles suscitèrent des discours ekphrastiques, téoriques, historiographiques et critiques sur les arts figuratifs en Europe qui n’ont rien perdu de leur actualité. Les contributions rassemblées ici mettent en évidence la variété et la dynamique de la réception, entre les XVIe et XVIIIe siècles, de cette œuvre hybride, source d’imitations, d'adaptations, de plagiat, de traductions et, bien sûr, d’inspiration. On reçut encore les Vite comme une œuvre à la gloire de Florence, un recueil d’histoires romanesques et même la matrice d’un nouveau vocabulaire artistique. Le lecteur découvrira tout au long des chapitres les voies empruntées par ceux qui contribuèrent à construire l’histoire des arts européens en référence à ce monument fondateur.
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Table des matières
Véronique Ferrer et Rosanna Gorris Camos
Poésie et théâtre de la Réforme entre France et Italie
Première partie
Poésie et Réforme
Mario Richter
Poésie et Grâce chez les poètes calvinistes du XVIe siècle
Véronique Ferrer
Parler à Dieu, édifier les fidèles. La poésie au service de la Réforme
Max Engammare
Des vers ajoutés aux versets. Poèmes dans les éditions protestantes de la Bible au XVIe siècle
Jean Vignes
Y a-t-il une poétique réformée de la paraphrase des Psaumes ? L’exemple du psaume 3
Letizia Mafale
«De l’inspiration divine à l’inspiration humaine ». Guillaume Guéroult et ses chansons spirituelles
Mariangela Miotti
« Recueillant le fruit de Ronsard et sa Muse, / Ailleurs je l’employray ». La ricerca di André de Rivaudeau
Concetta Cavallini
Vittoria Colonna, femme-poète « spirituale » et les Rime spirituali di sette poeti illustri de Scipione Ammirato (1569)
Davide Dalmas
Letture e riscritture “riformate” della canzone alla Vergine di Petrarca nel Cinquecento
Anna Bettoni
Des huitains puisés au trésor des Psaumes. Les Perles d’eslite de François Perrot (Genève, 1577)
Bruno Petey-Girard
Poupo, le sonnet et la Bible
Isabelle Garnier
Engagement et irénisme autour d’Henri IV. Les Poesies Chrestiennes d’Odet de La Noue, un dialogue posthume avec Ronsard
Frank Lestringant
Le Songe du Vieillard Océan. Une églogue marine en épilogue d’un livre de massacres. Les Tragiques, V, « Les Fers », 1447-1564
Michele Mastroianni
Una spiritualità tra Roma e Ginevra? Lettura teologica di due testi di Jean-Baptiste Chassignet
Seconde partie
Théâtre et Réforme
Olivier Millet
Poétique de la moralité réformée francophone, de Neuchâtel à Genève. L’exemple de La Vérité cachée
Eugenio Refini
D’Oxford à Genève en passant par Bâle. Allégorie et jeu comique dans le Triomphe de Jésus Christ de Jacques Bienvenu
Filippo Fassina
Cristianizzazione del linguaggio tragico nei volgarizzamenti
francesi del Cinquecento
Jean-Claude Ternaux
La déconfiture de Goliath et le genre tragique
Riccardo Benedettini
“L’innocence est sujette à l’oppresse de l’homme”. Il tema della salvezza nel David di Louis Des Masures
Daniele Speziari
La voix et la Parole dans la Tragi-comedie d’Antoine de la Croix
Bibliographie
Index nominum
Non seulement la Réforme eut des retentissements politiques, sociaux et culturels sur l’Europe du XVIe siècle, mais elle marqua de son empreinte la littérature de son temps. Si elle engagea la poésie dans la tourmente de l’histoire, dont elle répercuta les querelles théologiques, les débats politiques et les passions polémiques, elle fut aussi à l’origine d’une réforme aussi bien spirituelle que formelle des lettres, en particulier du théâtre et de la poésie. Ce volume se propose dexaminer les choix esthétiques et thématiques retenus par les écrivains réformés, qu’ils soient poètes ou dramaturges, de prendre en considération leurs ambitions pastorales et militantes, en tenant compte des enjeux socio-historiques et confesionnels des pratiques littéraires. Dans le domaine poétique sont principalement envisagés les divers courants de la production religieuse (poésie spirituelle, inspirée des Psaumes et des cantiques bibliques, poésie sapientiale, poésie doctrinale, poésie militante) ainsi que les milieux socio-culturels où elle s’épanouit. Dans le domaine théâtral, il s’agit de s’interroger sur le renouvellement formel de la tragédie, sur son adaptation à la situation existentielle et spirituelle du croyant réformé, enfin sur les solutions envisagées pour concilier les règles d’un genre et les exigences d’une doctrine.
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Voici l’avant-dernier volume de la Correspondance de Bèze, contenant les années 1601 et 1602. Y parle-t-on de l’Escalade de Genève, du 12 décembre 1602 ? Oui, on en parle ! Dans une lettre de Grynaeus, premier pasteur de Bâle et grand ami de B¨ze. Texte qui montre la première réaction que l’on eut dans les villes de Suisse alliées de Genève : certainement, le duc de Savoie allait revenir assiéger cette ville, dont il n’avait pu s’emparer par surprise. Les alliés, alors, enverraiet des troupes. En fait, le duc était à bout de ressources et n’avait plus de quoi assiéger une ville... Ce volume contient force autres documents curieux. Sur les mariages d’inclination qui n’ont pas obtenu le consentement parental. Des conseils aux étudiants allemands : iront-ils en France ou en Italie ? Sur un hermite italien que le pape envoye assassiner Henri IV... Il contient aussi une lettre de Bèze au roi plaidant pour que le Pays de Gex demeure genevois... Une lettre du Synode du Haut-Languedoc demandant l’avis de Bèze sur un projet de Concile national français : les protestants doivent-ils y participer ? (finalement Henri IV fit la seule chose qu’il pouvait faire : remettre ce projet à plus tard). Une lettre de Bèze encourageant les frères William et Patrick Ruthven, nobles écossais qui portaient ombrage au roi Jacques VI, lequel venait de tuer leur frère aîné. Et bien d’autres choses encore...
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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Silvia D’Amico et Catherine Magnien-Simonin
Introduction
Vanni Bramanti
Gli anni fiorentini (pochi) del fiorentino Gabriello Simeoni
Jean Balsamo
Gabriel Syméoni, figure de l’italianisme français
Matteo Residori
Entre « dottrina » et « pratica del mondo » : Le tre parti del campo dei primi studi di Gabriello Simeoni
Franco Tomasi
La Vita di Gabriel Symeoni di natione fiorentino et d’obbligo lucchese e le sue rime
Alexandre Parnotte
« Per favor delle stelle ». Lecture iconographique de la page de titre des Illustres observations antiques de Gabriele Symeoni
Mino Gabriele
L’impresa di Gabriello Simeoni
Chiara Lastraioli
La vena satirica di Gabriele Simeoni
Susanna Gambino-Longo
L’Ovide de Symeoni
Paola Cosentino
Bibbia con figure. Gabriele Simeoni e la tradizione delle Sacre Scritture illustrate
Monica Barsi
Gabriele Simeoni : un traducteur professionnel entre France et Italie au XVIe siècle. Première partie : définition de la théorie et des pratiques traductives
Sabine Lardon
Gabriele Simeoni : un traducteur professionnel entre France et Italie au XVIe siècle. Seconde partie : l’exemple du Presage du triumphe des Gaulois (1555)
Alfredo Perifano
Considérations autour du Presage du triumphe des Gaulois (1555)
Richard Cooper
Gabriele Simeoni et les Antiquités de Lyon
Alessandra Villa
Gli studi antiquari di Gabriele Simeoni
Stéphane Gomis et Mauricette Fournier
La Limagna d’Overnia : un épisode de la Guerre des Gaules de Jules César cartographié par Gabriel Simeoni
Michel Pretalli
Gabriele Simeoni et l’art militaire du XVIe siècle
Rosanna Gorris Camos
« Entro nella biblioteca dei duchi » : présences de Gabriele Simeoni à la Cour des Savoie, exemplaires et dédicaces
Textes inédits et Epîtres
Anna Constantinidis
« Celebrare così la casa de’ Medici come l’Ariosto quella da Este haveva fatto » : La leggenda del Mugello in un poema inedito di Gabriele Simeoni
Anna Constantinidis
De’ fatti del Signor Giovanni de’ Medici et della genealogia della sua casa, edizione critica
Silvia D’Amico et Catherine Magnien-Simonin
L’Epitomé de 1553, ou Gabriele Simeoni premier épistolier français
Les Epistres familieres du seigneur Gabriel Symeon à divers personnages, édition critique
Franco Tomasi
Vita di m. Gabriel Symeoni, di natione fiorentino, et d’obbligo lucchese, edizione critica
Franco Tomasi
Manoscritto Panciatichiano 175 (Firenze, Biblioteca Nazionale Centrale), Tavola dei componimenti
Bibliographie
Table des illustrations
Index nominum
Curieux, éclectique, ambitieux, Gabriele Simeoni (1509-1570?), Florentin actif en France, s’engage dans tous les domaines du savoir. Si son existence aventureuse reflète sa condition de courtisan toujours à la recherche d’un protecteur, son originalité l’amène à se mêler au milieu foisonnant des imprimeurs lyonnais où il révèle un surprenant talent d’éditeur. Il s’impose aussi en précurseur dans des genres éloignés : auteur du premier recueil de lettres en français, ainsi que de la première « touristique » de l’Auvergne, il affiche encore une attention très moderne pour son autoportrait, rédigeant son autobiographie éditée ici pour la première fois. Les dix-sept études de spécialistes de la Renaissance franco-italienne, ainsi que l’édition de quatre de ses ouvrages dont deux manuscrits inédits, rassemblées dans cet ouvrage, démontrent qu’il est un témoin exceptionnel du passage de l’homme de cour de la Renaissance à l’intellectuel moderne, de la sprezzatura à la mélancolie.
Questo libro raccoglie diciassette contributi di studiosi del Rinascimento italiano e francese su Gabriele Simeoni, oltre a tre edizioni di sue opere, tra le quali due manoscritti inediti. Curioso, eclettico, ambizioso, questo fiorentino attivo in Francia si è espresso in tutti i campi del sapere. Se la sua esistenza avventurosa riflette la condizione di cortigiano sempre alla ricerca di protezione, la sua innata originalità lo porta a legarsi all’ambiente creativo degli stampatori lionesi dove rivela un sorprendente fiuto editoriale. Si impone come precursore in diversi generi letterari: autore della prima raccolta di lettere in francese e primo cartografo dell’Auvergna, Simeoni mostra in tutte le sue opere un’attenzione molto moderna per il proprio autoritratto, che si ritrova anche nell’autobiografia conservata manoscritta a Firenze e pubblicata qui per la prima volta. Personaggio complesso, Simeoni è un testimone eccezionale del passaggio dalla sprezzatura del cortigiano rinascimentale alla malinconia dell’intellettuale moderno.
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TABLE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT SUR LA SECONDE ÉDITION
PRÉFACE DE PIERRE CHAUNU
OUVERTURE
AU RENDEZ-VOUS DES CANNIBALES
De la caravelle au radeau
Le Cannibale et après
Première partie
DU CYNOCÉPHALE AU CANNIBALE
CHAPITRE PREMIER
NAISSANCE DU CANNIBALE
Colomb découvre le Cannibale
Le Cannibale, fils de chien
CHAPITRE II
LE CANNIBALE À LA MODE
La panoplie du parfait boucher
L’héritage de Vespucci ou la vogue du Cannibale incestueux
CHAPITRE III
L’ENTRÉE DU CANNIBALE EN FRANCE
Le Cannibale, héros du folklore
Rabelais ou le Cynocéphale moralisé
CHAPITRE IV
LE BRÉSIL, TERRE DES CANNIBALES
Le Brésil est une île
Au pays des androphages
Deuxième partie
POUR UN CANNIBALISME D’HONNEUR
CHAPITRE V
LE PREMIER ETHNOGRAPHE DES TUPINAMBA
Montaigne, « Des Cannibales » et la tradition
André Thevet et le cannibalisme rituel des Tupinamba
Parenthèse Staden
De Thevet à Lafitau
CHAPITRE VI
JEAN DE LÉRY OU L’OBSESSION CANNIBALE
Un symbole universel
Le retour du refoulé : Sancerre
CHAPITRE VII
MÉLANCOLIE CANNIBALE
L’Ogre et l’amoureuse
Jean Bodin et la tristesse du Cannibale
CHAPITRE VIII
UN CANNIBALE QUI CRACHE
Montaigne ou le paradoxe des « Cannibales »
Une déclamation
Famine ou banquet
Le continent des Cannibales
Un cannibalisme de mots
Frères cannibales
Troisième partie
CANNIBALES PAR CONTRAINTE
CHAPITRE IX
CARDAN OU L’EMPIRE DE LA NÉCESSITÉ
De la haine comme nécessité
Le continent de la faim
CHAPITRE X
BRÉBEUF ET ROBINSON : LE MISSIONNAIRE ET LE COLON
Le goût du missionnaire
Robinson ou le déjeuner sur l’île
CHAPITRE XI
LE CANNIBALE DES LUMIÈRES, ROUSSEAU, BOUGAINVILLE, VOLTAIRE
Les mots du Cannibale, de Montaigne à Jean-Jacques Rousseau
L’Insulaire cannibale : Bougainville, Diderot
Malthus et l’archipel anthropophage
Candide chez les Cannibales
CHAPITRE XII
CRUELLE NATURE : DE PAUW, SADE
L’Amérique dégénérée de Cornélius de Pauw
L’Afrique fantôme de Sade
CHAPITRE XIII
CANNIBALISME ET COLONIALISME : LE CAS JULES VERNE
Le Cannibale au Canada
Le Cannibale raconté aux enfants
De l’île au radeau
ÉPILOGUE
LE RETOUR DU CANNIBALE : SWIFT, FLAUBERT, LA MEDUSE
APRÈS-DIRE
ROUEN ENCORE ET TOUJOURS
Rouenneries
Le « Conte cannibale » de Montaigne
La Boétie à Rouen
Pourquoi Bordeaux ?
Rouen définitivement
BIBLIOGRAPHIE
INDEX NOMINUM
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1492-1592 : ce siècle conduit d’une erreur à un mythe. Erreur de Colomb qui prend les Indiens Caraïbes pour des sujets du Grand Khan ou, pire, pour des cynocéphales, des hommes à tête de chien. Mythe du Bon Cannibale qui, dès 1580 avec Montaigne, renvoie à la face du colonisateur européen les turpitudes d’une civilisation avide de gain. Partant du mot, que Colomb invente, ce livre montre comment le Cannibale des Antilles et du Brésil est devenu en quelques décennies l’incarnation d’un tabou majeur de l’Occident chrétien. Le renversement paradoxal auquel procède Montaigne transforme cette figure repoussoir en modèle positif. Le libre Cannibale, ancêtre du Bon Sauvage des Philosophes, devient le point de référence obligé pour mesurer la barbarie des prétendus civilisés. Cependant le Cannibale tend à faire oublier qu’il mange de la chair humaine. Endossant la livrée des Philosophes et soutenant le combat des Lumières, il devient le porte-parole idéal dans la dispute anticoloniale et antichrétienne. Le Cannibale est lié à la croyance du civilisé. La critique du dogme catholique de la transsubstantiation, tel que l’orchestre la controverse calviniste, en passe par le parallèle avec l’anthropophagie des peuples d’Amérique. Là aussi le mérite du Cannibale est éclatant : s’il mange de l’homme, ce que l’Européen fait sous des formes plus cruelles, il ne mange pas son Dieu, et sa barbarie apparaît toute relative. Cette image positive se dégrade au temps de l’expansion européenne, lorsque le Cannibale, privé de voix et de message, ne représente plus qu’un appétit bestial. Figure odieuse, il suscite tour à tour l’ironie dévastatrice de Swift et les rêveries primitivistes d’un Sade ou d’un Flaubert.
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Depuis soixante ans, Jean Paul Barbier-Mueller aime la poésie et les livres. Depuis quarante ans, il publie le catalogue de la plus importante collection de livres de poésie de la Renaissance jamais constituée, Ma bibliothèque poétique, dont le huitième volume (II-2, complément à Ronsard) paraîtra prochainement. Ce catalogue est devenu un usuel dans de très nombreuses bibliothèques. Aux descriptions bibliographiques précises, Jean Paul Barbier-Mueller a toujours ajouté des éléments biographiques et historiques à ses notices, et il a souhaité développer dans un dictionnaire une masse de renseignements tirés de documents rares, de pièces liminaires, d’épîtres dédicatoires... Il a donc rédigé un Dictionnaire des poètes français de la Renaissance, qui comptera plus de cinq mille pages en sept ou huit volumes, à raison de deux parutions annuelles. Il a ainsi sorti de l’ombre un grand nombre de poètes peu connus du XVIe siècle, plus de cinq cents, tout en donnant une quarantaine de grandes notices sur des poètes majeurs. Sa contribution sur Louise Labé, remarquable, nourrie de toute la recherche contemporaine et livrant une interprétation personnelle, risque de s’imposer parmi les seiziémistes. Chaque auteur est replacé dans le contexte historique de sa vie d’adulte et de sa région (situation politique, guerres de religion, etc.). Des généalogies et des notes biographiques de personnages influents, français et étrangers, ou de chefs militaires, chantés par « ses » poètes, sont données. Deux index, l’un des noms, l’autre des événements, sont ajoutés dans chaque volume, avant d’être repris et cumulés dans le dernier. Il s’agit du complément naturel et indispensable à Ma bibliothèque poétique.
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En 1597, le jésuite Du Puy fit courir le bruit en France et ailleurs que Bèze était mort, qu’il avait été converti au catholicisme peu avant sa mort, et que toute la ville de Genève avait suivi son exemple. D’où une réplique des pasteurs de Genève, connue sous le nom de Beza redivivus, dénonçant la fausse nouvelle. Et voici qu’un gentilhomme Savoisien, le sieur d’Avully, voulut prendre la défense des jésuites, en soutenant que le faux bruit de la mort de Bèze était une invention des pasteurs de Genève, – un « mensonge ministral » – pour noircir les jésuites. Cette surenchère d’imagination produisit une brochure amusante, pleine d’anecdotes curieuses, décrivant notamment les portraits que Bèze collectionnait dans son antichambre, représentant ses amis, sans s’oublier lui-même. A quoi Bèze répliqua par une Réponse au gentilhomme Savoisien ne se nommant pas, pour donner à ce chasseur entouré d’une meute de chiens, une bonne leçon de théologie. Il s’offre même le plaisir de corriger aimablement la théologie catholique de son adversaire, à l’aide de quelques petits vers d’Octavien de Saint-Gelais. Dans ces deux textes, Calvin, mais aussi Rabelais et Marot ne sont pas loin…