Renaissance
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Dans les dernières décennies du XVIe siècle, s’épanouit une histoire « à hauteur humaine », par l’objet qu’elle se donne – l’ensemble de ce qui est relatif aux femmes et aux hommes du passé – et par les limites qu’elle se fixe – les capacités humaines d’intelligence du monde. La fortune, à la fois lieu commun et objet polémique, contribue au développement de cette pratique d’écriture qui se veut séculière, quoiqu’elle prenne toujours en considération la volonté divine. Dans les livres d’historiens comme dans les Mémoires, toujours niée mais fréquemment mentionnée, elle est un outil contribuant à établir les structures logiques et temporelles des récits, leurs stratégies argumentatives, leur valeur édifiante ou pratique. Elle permet de penser l’adversité comme obstacle et comme limite aux entreprises humaines, de concevoir l’action entre calcul raisonnable et pari audacieux, ainsi que de s’approprier le passé, en conférant aux histoires singulières des caractéristiques communes.
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Dès sa thèse, Denis Bjaï s’est intéressé au récit épique et a servi la littérature française à la Renaissance avec éclat et passion. À l’occasion de son départ en retraite de l’Université d’Orléans, un groupe de collègues de France et de l’étranger ont souhaité saluer sa carrière exemplaire en lui offrant un volume de Mélanges. Centrées autour de la notion d’épopée et des formes du discours héroïque, quinze études s’attachent à rappeler le rôle important que jouent le discours, les thèmes et le style épiques dans la littérature française du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. Si Ronsard, avec La Franciade, occupe la place centrale de ce volume, d’autres écrivains (d’Homère à Fénelon, en passant par Bodel, Rabelais, Du Bartas, D’Aubigné et La Fontaine) laissent percevoir dans leurs œuvres l’étoffe variée dont l’épopée est faite, et font entendre les composantes de sa rhapsodie.
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TABLE DES MATIÈRES
Frédéric TINGUELY, Ouverture
PREMIÈRE PARTIE
MICHEL JEANNERET
LE MOMENT DE PROTÉE (1550-1630)
CONFÉRENCES DE TORONTO
Avant-propos
I. Corps métamorphiques
II. Identités mouvantes
Illustrations
DEUXIÈME PARTIE
TRAJECTOIRE CRITIQUE
Carlo OSSOLA, « Le savoir fera les délices de ton âme »
Max ENGAMMARE, Poésie et tradition biblique au XVIe siècle (1969) : l'émergence d'un
grand critique
Frank LESTRINGANT, Des mets et des mots, un repas festif
Terence CAVE, Dégeler les paroles en 2020 : Le Défi des signes (1994)
François LECERCLE, Abolir les frontières : Perpetuum mobile
Françoise LAVOCAT, L'indiscipline de Michel Jeanneret
Jean-Pierre VAN ELSLANDE, Versailles, ordre et chaos ou la galerie des Glaces au miroir d'un grand
critique
Dominique BRANCHER, Métamorphoses de la folie
Jérôme DAVID, Du gai savoir numérique, ou la naissance du Bodmer Lab
TROISIÈME PARTIE
DE L'AMITIÉ
Marian HOBSON JEANNERET, À qui manque Michel
Jean BALSAMO, « Passer les Monts » Un Genevois et l'Italie, l'Italie à Genève
Ariane BAYLE, Un sourire
Matthieu BERNHARDT, L'art d'enseigner
Guillemette BOLENS, La voix la plus sûre
Jean-Claude CARRON, Lettre à Michel
Teresa CHEVROLET, « Paroles gelées »
Yves CITTON, Michel Jeanneret, frayeur d'ailleurs
Antoine COMPAGNON, Pour Michel
Patrick DANDREY, Pour un portrait de Michel Jeanneret en honnête homme
Nicolas DUCIMETIÈRE, Entre amoureux des « poètes crottés »
Sylviane DUPUIS, Maître en métamorphoses
Éric EIGENMANN, La main d'un maître
Yasmina FOEHR-JANSSENS, Pour la saveur des lettres et la joie du lecteur
Nicolas FORNEROD, À bonne école
Valérie HAYAERT, « Rompre les bandelettes morales »
Thomas HUNKELER, Ethos de la présence, présence d'une ©thique
André HURST, Nous nous sommes croisés
Laurent JENNY, Labor et fides
Michel JOURDE, « Comme toujours »
Samuel JUNOD, Le Je de Michel Jeanneret
Ullrich LANGER, La valise égarée
Mary MCKINLEY, La fine humeur de Michel
Cinthia MELI, Souvnir en asymptote
Jan MIERNOWSKI, La beauté et la joie
Jacques NEEFS, La confiance comme amitié
Olivier POT, Impressions de route
Florian PREISIG, Un enthousiasme communicatif
Juan RIGOLI, Le directeur au long cours
François RIGOLOT, Michel Jeanneret, ou la critique en fête
Dorine ROUILLER, Constance et mobilité
Stefan SCHOETTKE, Le parti pris de la littérature
Radu SUCIU, Versailles, 6 septembre 2011
Alexandre VANAUTGAERDEN, Figure dressée, frêle, rayonnante
ANNEXE I. Michel Jeanneret, « La Loggia de Psyché »
ANNEXE II. Un parcours académique en quelques dates
ANNEXE III. Bibliographie de Michel Jeanneret
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Michel Jeanneret (1940-2019) fut sans conteste l’un des grands critiques de sa génération, l’un des commentateurs les plus inspirants de la littérature et de la culture des XVIe et XVIIe siècles. Des paraphrases de psaumes aux provocations des bouffons et des libertins, des propos de table à la fascination des métamorphoses et des forces chtoniennes, des ambiguïtés rabelaisiennes à la folie nervalienne, son œuvre n’a cessé d’interroger – sous mille aspects divers mais dans la cohérence d’un style –, le clair-obscur de notre pré-modernité et de ses prolongements. Pour rendre hommage à cette figure importante de l’École de Genève, il fallait un Festin critique au menu pantagruélique : on y trouvera tout d’abord deux conférences inédites prononcées par M. Jeanneret en 2018 et réunies sous le titre « Le moment de Protée (1550-1630) », puis neuf textes sur les principaux aspects de sa trajectoire critique signés par les meilleures et les meilleurs spécialistes (C. Ossola, M. Engammare, F. Lestringant, T. Cave, F. Lecercle, F. Lavocat, J.-P. van Elslande, D. Brancher et J. David), enfin une trentaine de témoignages plus personnels placés sous le signe de la gratitude et de l’amitié. Le tout agrémenté d’une riche iconographie en couleurs et complété de la bibliographie des travaux de M. Jeanneret.
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En étudiant l’esthétique de Clément Marot sous l’angle de sa dette envers trois Rhétoriqueurs de la génération précédente, ce livre remet en question l’idée d’une « révolution marotique », qui déterminerait, autour de 1530, en poésie française, la frontière entre Moyen Âge et Renaissance. Les deux premières parties, consacrées à la poésie épidictique de circonstance (déplorations funèbres et propagande historiographique), montrent comment les œuvres des trois Rhétoriqueurs sont en résonnance avec les changements qui affectent la culture et les devoirs attachés aux milieux de cour, changements qui annoncent et nourrissent les innovations de leur successeur. La dernière partie porte sur le témoignage que Marot donne lui-même de cette évolution, à travers des hommages réguliers aux trois maîtres, dans lesquels il manifeste sa dette ou s’en écarte, mais jamais de façon polémique. Par d’indéniables mutations des genres poétiques et par le récit personnel qui les met en évidence et leur prête parfois un sens rétrospectif, les poèmes de Marot construisent des scénarios et des poétiques de la filiation, qui se distinguent par la variété et la subtilité plutôt que par la rupture, qui caractérisera, à la génération suivante, la Pléiade.
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