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L’Oratio tragedica est un texte de dévotion, inédit, composé par Philippe de Mézières (1327-1405), à l’époque où il rédige le Songe du Viel Pelerin (1389-1390). Cette véritable « dramaturgie de l’âme », écrite en latin, éclaire tous les visages du Chevalier, désormais retiré dans sa cellule du couvent des Célestins de Paris, mais qui ne saurait oublier qu’il fut le conseiller ou l’interlocuteur de six rois, de plusieurs papes et tant de princes… Un tel oubli nous serait interdit à nous aussi, qui prétendons approcher, dans sa complexité, ce quatorzième siècle traversé et comme illuminé par Mézières. Si l’Oratio s’inscrit dans la tradition médiévale des textes spirituels, elle révèle, jamais interrompue, la passion lancinante de délivrer les Lieux Saints et d’atteindre par là la double ambition de faire œuvre sainte d’écrivain et d’accomplir pleinement le service, le devoir du chrétien.
Première édition critique du texte latin, ainsi que première traduction française de l’Oratio tragedica, revues et corrigées.
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Publier des dépêches inédites d’un ambassadeur vénitien en France est chose rare. C’est pourtant le cas du recueil de quatre-vingts lettres de Girolamo Zorzi de la British Library. Le recueil est une mine pour les historiens en quête d’indices sur la diplomatie de la fin du Moyen Âge. En charge de récupérer des galéasses piratées par des corsaires, Zorzi est le témoin involontaire d’une des dernières séditions princières, la Guerre Folle, qui ébranle le royaume. Entre négociations commerciales, imbroglio juridique, péripéties guerrières, l’ambassadeur offre un jugement insolite sur les gouvernants, les institutions d’un royaume qu’il saisit par le biais d’un regard étranger. On parle souvent de la diplomatie comme d’une « histoire totale » : au fil des lettres envoyées à la Seigneurie durant les trois années qu’il passe à la Cour de France, ce sont les multiples facettes d’une histoire économique, politique, diplomatique et culturelle de l’Europe tardo-m©diévale que nous offre ce précieux document.
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SOMMAIRE
Avant-propos, Joël Blanchard
Introduction, Joël Blanchard
I - La rhétorique dans tous ses états
Maria COLOMBO TIMELLI : Qui tient le moien, il va le seur chemin (Songe du viel pelerin, 1133, 28-29). Les « proverbes » dans le Songe de Philippe de Mézières.
Michelle SZKILNIK : Rimes, rythmes et couleurs de rhétorique dans le Songe du Vieil Pelerin
II - Stratégies oratoires
Sébastien CAZALAS : « Je suis triboullee jusques au ventre et au cuer ». L’écriture de la lamentation dans quelques oeuvres politiques de Philippe de Mézières et de Jean Juvénal des Ursins.
Jean-Claude MÜHLETHALER : Par-delà la tristesse et l’indignation : modulations affectives et portée de la voix satirique chez Philippe de Mézières.
Estelle DOUDET : Philippe de Mézières, orateur : les nouveaux territoires d’une posture d’auteur.
III - L'herméneutique mézièrienne
Philippe FRIEDEN : Exercices de lecture : usages de l’allégorie dans le Songe du Viel Pelerin.
Daisy DELOGU : Allegory, Semiotics, and Salvation : the parable of the talents in the Songe du viel pelerin.
Andrea TARNOWSKI : Philippe de Mézières, All at Once (Allegory and the Visual).
IV - Théâtralité et rite
Helen SWIFT : “La devise et forme singuliere de la fin du povre pelerin”: ritual configuration and rhetorical invention in Philippe de Mézières’s Testament (1392).
Adrian ARMSTRONG : Griselda, The Musical ? From Le Livre de la Vertu du Sacrement de Mariage to L’Estoire de Griseldis en rimes et par personnages.
V - Poétique de l'alchimie chez Philippe de Mézières ?
Catherine GAULLIER-BOUGASSAS : L’écriture du miroir du prince au XIVe siècle : Le Songe du Viel Pèlerin de Philippe de Mézières et le Secretum secretorum.
Isabelle FABRE : Le « Viel Solitaire » en son miroir : la poétique du Livre de la Vertu du Sacrement de Mariage de Philippe de Mézières (c. 1385-1389) à la lumière du Roman de la Rose.
Joël BLANCHARD et Antoine CALVET : L’« apothicairerie » de Philippe de Mézières, creuset d’une poétique nouvelle ?
Bibliographie
Index des noms de personnes, de lieux et des notions
L’œuvre de Philippe de Mézières est double: des textes en français comme le Songe du Viel Pelerin ou le Livre de la Vertu du Sacrement de Mariage, d’autres en latin comme l’Oratio tragedica. La question de l’écriture du Solitaire des Célestins s’en trouve, dès lors, posée, ainsi que de son rapport à l’humanisme naissant, dont il est l’exact contemporain. Si Mézières n’est pas le pendant français de Pétrarque, les études de ce recueil laissent entrevoir un authentique poète, maître de ses effets et de son art. Elles s’articulent autour de cinq lignes axiologiques, scrutant aussi bien les questions de la technique poétique, des stratégies oratoires, de l’allégorie, du tragique et de l’usage, à des fins morales, de la figure de l’alchimiste et de l’apothicaire. Est ainsi réaffirmée la puissance stylistique de l’écriture de Philippe de Mézières. Un index permet une consultation aisée de ce volume qui deviendra rapidement un outil de référence.
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Si le nom de Marco Polo est universellement connu, on sait moins que Le devisement du monde – tel est le titre original de l’œuvre présentant ses voyages –, autrement dit « la description du monde » est le fruit d’une collaboration entre le célèbre voyageur vénitien et un écrivain de métier, Rustichello da Pisa, qui avait choisi le français comme langue d’écriture, à l’instar de nombre d’écrivains italiens de son temps. L’œuvre a connu rapidement le succès, elle a été adaptée ou traduite en plusieurs langues, de sorte qu’elle nous a été transmise dans diverses « versions » ou « rédactions », française, toscanes, vénitiennes, latines, catalane, franco-italienne. C’est cette dernière, souvent considérée comme la rédaction de référence et la plus proche de l’original, que propose le présent ouvrage, pour la première fois sous la forme d’une édition bilingue, édition critique du seul manuscrit sous lequel elle nous est parvenue (BN fr. 1116), traduction en français contemporain. On découvre une langue déroutante et chatoyante, un français coloré de nombreux italianismes. Cet ouvrage bénéficie d’une traduction fidèle et élégante, d’une introduction et de notes substantielles.
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Voici le quatrième volume des procès politiques de Louis XI, élargi au règne de son père Charles VII, car les deux procès de Jean, duc d’Alençon, se sont succédés sous ces deux règnes. Ce sont assurément les plus connus, les mieux documentés, car les traités des XVIe et XVIIe siècles y font souvent référence. Leur célébrité tient aussi à la personnalité d’un prince qui incarne les intérêts et les passions d’une haute aristocratie dont la liberté est bridée par un pouvoir royal centralisé et de plus en plus fort. Les dix-huit documents réunis ici, la plupart publiés pour la première fois, permettent de cerner les réseaux d’alliances locales ou nationales, dans une partie diplomatique serrée, mais surtout les croyances et les préjugés qui nourrissent les incriminations, les rumeurs, les attributions infondées, les pathologies suspectées, élargissant le champ judiciaire dans un jeu invisible et troublant du pouvoir.
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SOMMAIRE
Liminaire, Joël Blanchard et Renate Blumenfeld-Kosinski
Introduction, Joël Blanchard
I - L’EUROPE, UN CONCEPT MULTIFORME ?
• Klaus OSCHEMA
De l’universalisme périmé au refuge de la chrétienté : l’« Europe » de Philippe de Mézières
• Anne Hélène MILLER
Géographies rêvées et vécues : les Europes de Philippe de Mézières
• Kiril PETKOV
Past future? Time, space, identity, and the project of Europe in Philippe de Mézières
• Christine GADRAT-OUERFELLI
Decima pars non sumus : la place de l’Europe dans le monde selon les voyageurs médiévaux
• Benoît GRÉVIN
L’Europe des langues au temps de Philippe de Mézières
II - AVENTURES EUROPÉENNES ?
• Pierre MONNET
L’Europe de Charles IV de Luxembourg : un espace, un système, une culture ?
• François FORONDA
L’Espagne dans le Songe du Viel Pelerin : une expérience et une rencontre
• Émilie ROSENBLIEH
Les conciles réformateurs de la première moitié du XVe siècle, des assemblées européennes ?
• Catherine GAULLIER-BOUGASSAS
La postérité européenne du Choix des maximes et de dits sages de Mubassir Al Fatik : une translatio pour célébrer l’Europe et ses origines ?
• Sylvain PIRON
L’Europe d’Opicino
III - L’EUROPE FILLE DE LA CROISADE ?
• Philippe BUC
L’Epistre lamentable au regard de l’exégèse et de la tradition des croisades
• Kevin BROWNLEE
The Languages of History in Philippe de Mézières and Jean Froissart
• Camille ROUXPETEL
D’or ou de pourriture, les pommes de Philippe de Mézières
• Antoine CALVET
L’Oratio tragedica, une apologie inédite de la croisade
• Joël BLANCHARD et Antoine CALVET
Philippe de Mézières, l’Oratio tragedica, Prologus édition et traduction
• Yves COATIVY
Un « lieu de mémoire breton » : les fragments du Songe du Viel Pelerin de Philippe de Mézières
Index
Chevalier dévoreur d’espace, zélateur infatigable de la croisade, homme sans frontières, conseiller des princes, Philippe de Mézières est l’illustration exemplaire d’une certaine idée de l’Europe. Le mot n’existe pas au Moyen Age dans son acception moderne : la diversité des langues et des intérêts laisse peu de place à une interprétation unique. Face aux assauts des Infidèles, aux guerres et aux épidémies, la chrétienté s’interroge, cherche à se réformer, cartographie ses angoisses et tente de se ressourcer et d’atteindre à une rédemption salvatrice. Pour Mézières, l'Europe est un kaléidoscope dans lequel il voit et dénonce trahisons et querelles ; mais au-delà de ce constat amer, il veut croire en un souffle nouveau qui rassemble et mette en marche ce grand corps désuni.
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Après l’édition des procès de Saint-Pol et de Nemours, la première édition de ceux de Jean V d’Armagnac, du Cadet d’Albret et de l’action entreprise post mortem contre le Téméraire, éclaire plus vivement le tableau judiciaire du règne. Lanalyse du champ de la rébellion et des procédures permet non seulement d’évaluer les comportements, de sonder les cœurs, mais surtout de définir une méthode de travail, qui est celle de Louis XI, toute en nuance, en souplesse et soucieuse avt tout d’efficacité. Le roi ne s’affranchit pas des règles du droit mais joue avec elles, les modèle à son gré. L’édition de ces nouveaux procès illustre la « méthode » et les enjeux, et elle donnera certainement du grain à moudre aux littéraires, historiens, spécialistes du droit, soucieux de mieux saisir sur le vif l’éclosion des catégories juridiques mises à l’épreuve du réel. Ainsi la belle aventure commencée en 2008 se poursuit avec l’édition de ces textes qui n’avaient jamais encore été publiés.
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Philippe de Mézières : un nom qui sonne haut et clair, avec des dates de vie connues (1327-1405). Au-delà, un quasi-inconnu. Un des personnages majeurs de son temps, qui n’était pas loin de sombrer dans l’oubli complet. Et pourtant ! « Petit chevalier picard », comme il le dit de lui-même, il sera conseiller et interlocuteur de cinq rois, voire six, deux empereurs et deux papes, croisé à moins de vingt ans – un choix qui le marquera pour la vie dans son esprit, son action et son œuvre , voyageur inlassable et actif à travers toute l’Europe et en Orient, écrivain prolifique et penseur puissant, homme d’influence et de passion. L’ignorer reviendrait à perdre des pans importants de l’histoire et de la pensée de son temps, occulter, dans sa complexité, cette « géographie de l’action » qu’il symbolise mieux que personne. Comment ramener Philippe de Mézières à la lumière, sinon en rendant d’abord au public, savant ou plus large, son œuvre écrite, en commen§ant par ce qui en est sans doute la pierre angulaire, le Songe du Viel Pelerin ? Joël Blanchard en avait donné une traduction magistrale en 2008. Il nous livre aujourd’hui l’édition critique nécessaire du Songe, ce stupéfiant « récit de voyge » dans une Europe multiforme et secouée de cent crises, qui est en même temps, décliné sur un échiquier symbolique, un programme de « réformation » du monde chrétien, aussi structuré qu’utopique. Le souffle prophétique en est d’une rare puissance. are puissance.
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Le manuscrit 2000 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (XVe siècle), consacré au procès de Jacques d’Armagnac (1477), constitue une source manuscrite médiévale inestimable sur la politique judiciaire de Louis XI. La structure inédite de ce texte révélé dans son éclat originel, la qualité de l’information, la vivacité de la narration, sa destination royale en font un joyau de l’histoire judiciaire. Ce témoignage exceptionnel permet d’éclairer les incriminations, les relations ambigu«s du pouvoir et de la justice, la pénétration longue mais sûre des règles juridiques de la procédure extraordinaire dans la sphère civile et dans la langue vernaculaire.
La première publication de ce document hors-norme intéresse d’abord les pécialistes de la procédure et du droit, mais elle aidera aussi à caractériser un règne qui mit en place, par nécessité, par opportunisme, par pragmatisme, des modes de fonctionnement nouveaux. À ce titre, elle devrait toucher un plus large lectorat.at.