-
« Ah ! si le genre humain tout entier pouvait ne parler que deux langues ! », à savoir le grec et le latin, soupirent les deux interlocuteurs du De recta pronuntiatione, un lion et un ours particulièrement érudits. Sous couvert d’un dialogue animalier, Érasme aborde des enjeux cruciaux aussi bien en son temps qu’aujourd’hui : comment faire du latin et du grec des langues toujours vivantes, des langues qui permettraient à tous les hommes de bonne volonté de communiquer ensemble, quelle que soit leur origine ? Il faut pour ce faire restaurer une prononciation correcte – celle que l’on qualifie, encore aujourd’hui, d’« érasmienne ». Le dialogue entre Leo, désireux que son lionceau ait « l’air d’un véritable petit d’homme », et Ursus est un prétexte à une réflexion plus vaste sur l’éducation, mais aussi à un panorama amplement informé des prononciations nationales contemporaines. Sous des dehors techniques, se révèlent des enjeux profondément éthiques, mais aussi un témoignage exceptionnel sur les pratiques orales de la Renaissance.
-
De tous les adversaires d’Erasme dans le dernier combat que celui-ci engagea, la polémique autour de l’imitation de Cicéron, Scaliger est le seul dont la stature intellectuelle et le prestige pourront être comparés aux siens, à la fin du XVIe si¨cle en France. Mais desservies par leur réputation non usurpée de violence, les Orationes lancées par un Scaliger en mal d’illustration, n’ont jamais vraiment été lues ni analysées pour ce qu’elles sont : une réponse en forme au Ciceronianu, dont sont réfutés les principaux arguments, qu’ils soient d’ordre rhétorique, esthétique, philosophique, ou religieux.
Est ici proposée une édition bilingue des deux discours, précédés d’introductions qui replacent les deux interventions de Scaliger dans leur contexte, et livrent des aperçus nouveaux sur le début de sa carrière française. Un copieux appareil de notes permet de mieux appréhender la convergence des analyses de Scaliger avec celles des principaux adversaires du Rotterdamois.
-
Le titre donné à ces douze livres ne doit pas égarer le lecteur, il ne s’agit pas de développements astrologiques, mais d’un long poème indiquant “comment régler de la meilleure manière la vie de l’homme, son orientation et sa moralité” (sous-titre du Zodiacus vitæ). Ce poème est un traité de morale, il décrit une progression intellectuelle, parcourt les étapes d’un itinéraire qui mène du plus bas au plus haut, des bassesses terrestres au ciel éthéré et, par-delà, jusqu’à la lumière infinie. Palingène fut admiré (même si ce fut avec des réserves) jusqu’au XVIIIe siècle (un appendice relève les nombreux jugements formulés sur lui et son Zodiacus vitæ), mais est, depuis lors, tombé dans l’oubli. Cette édition, traduite et annotée de main de maître par Jacques Chomarat, devrait contribuer à ressusciter un poète qui a davantage emprunté au “divin Plotin” qu’à la tradition chrétienne (le Christ n’est d’ailleurs nommé que quatre ou cinq fois, comme un sage).omme un sage).
-
On connaît l’usage que Ronsard fit des Hymnes naturels de Marulle pour composer ses propres Hymnes, toute édition savante y faisant référence, mais rares sont ceux qui remontaient jusqu’à la source, tant les difficultés du latin de Marulle, dues à un ordre des mots plus libre encore que celui des Odes d’Horace, sont décourageantes. Grâce à l’édition et à la traduction que donne aujourd’hui Jacques Chomarat, ce sera désormais chose facile. On connaîtra mieux Marulle, non plus à travers Ronsard, mais par lui-même.
Marulle redonne la parole aux dieux ancestraux de la Grèce, mais, Grec, il écrit en latin pour se faire entendre. Ces Hymni contiennent une description non seulement de l’autre monde et des aspects divers du Dieu souverain, présentés comme autant de divinités, mais encore de l’organisation et de la genèse de ce monde-ci. En cherchant à rendre respectable la religion de ses ancêtres, Marulle montre sur des points essentiels sa concordance avec le christianisme; pourtant le polythéisme qui se dégage de son œuvre troubla Beatus Rhenanus et ne manquera pas de troubler encore les lecteurs contemporains. C’est que ces Hymni occupent une place singulière dans la longue histoire des relations entre paganisme et religion chrétienne. A redécouvrir.
-
-
-
-
Cornelis AUGUSTIJN,
Irena BACKUS,
Charles BÉNÉ,
Peter G. BIETENHOLZ,
Jean CÉARD,
Jacques CHOMARAT,
M.-M. GARANDERIE,
Klaus GARBER,
A. GERLO,
André GODIN,
L. GUALDO ROSA,
Léon-E. HALKIN,
J. HIRSTEIN,
A. JOLIDON,
D. KINNEY,
E. KINOWAKI,
M. MANN-PHILLIPS,
G. MARC'HADOUR,
Jean-Claude MARGOLIN,
Alain MICHEL,
J.A. OSARIO,
Jan PENDERGRASS,
J.P. VANDEN BRANDEN,
A. WEILER,
M. WEISS
4 parties : Humanae litterae, Divinae litterae, L'homme Erasme, Fortune européenne d'Erasme.
Articles de A. Michel, J.A. Osario, A. Jolidon, D. Kinney, J. Hirstein, A. Weiler, L.-E. Halkin, M.-M. de La Garanderie, I. Backus, E. Kinowaki, P.G. Bietenholz, C. Augustijn, G. Marc’hadour, Ch. Béné, J.P. Vanden Branden, J. Chomarat, A. Godin, J. Pendergrass, M. Weiss, L. Gualdo Rosa, M. Mann-Phillips, J. Céard, J.-C. Margolin, A. Gerlo et K. Garber.
-
Fondée en 1950 par Eugénie Droz, la collection des Travaux d'Humanisme et Renaissance a réuni, en soixante-cinq ans, plus de 550 titres. Elle s'est imposée comme la collection la plus importante au monde de sources et d’études sur l'Humanisme (Politien, Ficin, Erasme, Budé…), la Réforme francophone (Lefèvre d'Etaples, Calvin, Farel, Bèze…), la Renaissance (littéraire et artistique, Jérôme Bosch ou Rabelais, Ronsard ou le Primatice…), mais aussi la médecine, les sciences, la philosophie, l'histoire du livre et toutes les formes de savoir et d’activité humaine d’un long XVIe siècle, des environs de 1450 jusqu’à la mort du roi Henri IV, seuil de l'âge classique. Les Travaux d'Humanisme et Renaissance sont le navire-amiral des éditions Droz.
-