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« Ah ! si le genre humain tout entier pouvait ne parler que deux langues ! », à savoir le grec et le latin, soupirent les deux interlocuteurs du De recta pronuntiatione, un lion et un ours particulièrement érudits. Sous couvert d’un dialogue animalier, Érasme aborde des enjeux cruciaux aussi bien en son temps qu’aujourd’hui : comment faire du latin et du grec des langues toujours vivantes, des langues qui permettraient à tous les hommes de bonne volonté de communiquer ensemble, quelle que soit leur origine ? Il faut pour ce faire restaurer une prononciation correcte – celle que l’on qualifie, encore aujourd’hui, d’« érasmienne ». Le dialogue entre Leo, désireux que son lionceau ait « l’air d’un véritable petit d’homme », et Ursus est un prétexte à une réflexion plus vaste sur l’éducation, mais aussi à un panorama amplement informé des prononciations nationales contemporaines. Sous des dehors techniques, se révèlent des enjeux profondément éthiques, mais aussi un témoignage exceptionnel sur les pratiques orales de la Renaissance.
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Publiée à Bruges, chez Hubert Goltzius, en 1565, la Lamberti Lombardi vita est la première biographie d’un artiste écrite dans le Nord, quelques années après les Vite de Vasari (1550). Son auteur, Dominique Lampson (1532-1599) est une grande figure de l’humanisme liégeois. Après avoir été le secrétaire de Reginald Pole, il devint celui des Princes-Evêques. Chez Pole, il découvrit l’œuvre du peintre Lambert Lombard et il suivit son enseignement à Liège. Cet artiste est de nos jours peu connu en dehors de la Belgique. Biographie programmatique, c’est au peintre savant comme le fut Lombard, comme le seront son élève Otto Vaenius et l’élève de ce dernier, Rubens, que s’adresse ce petit ouvrage latin. La Vita fournit des éléments essentiels à notre connaissance des innovations que Lombard introduisit dans la peinture des Pays-Bas. Bien plus, elle propose une théorie cohérente de la peinture fondée dans la rhétorique. La Vita illustre ainsi la réception de l’Antiquité par les artistes dans ses deux aspects – les textes et les objets. Une introduction alerte et une traduction précise et élégante de Colette Nativel invitent à redécouvrir tant Lampson que Lombard.
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Ce deuxième volume des Centuriae Latinae, dédié à la mémoire de la regrettée Marie-Madeleine de La Garanderie, vient compléter le premier volume, offert à Jacques Chomarat. On trouvera ainsi des notices sur Aléandre, Calepin, Pic de la Mirandole et Salmon Macrin, mais également d'autres consacrées à des imprimeurs -Henri Estienne ou Johann Froben -, à des érudits et à des auteurs qu'on ne tient communément pas pour des humanistes - Bucer, Des Masures, Maldonat.
Les cent une notices bio-bibliographiques, rédigées par les meilleurs spécialistes, couvrent à nouveau quatre siècles, du XVe au XVIIIe (à quoi il faut ajouter un passage par le XIIe siècle), une attention particulière étant réservée à l'humanisme français, sans que soit négligée la dimension européenne. Chaque notice de cet instrument de travail est terminée par une bibliographie des oeuvres et des études ; un index cumulatif des deux volumes achève d'en faire un ouvrage de référence cohérent.
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Ce colloque, qui s’est tenu au Centre Culturel des Fontaines en septembre 1995, envisage différents aspects de l’évolution du savoir féminin à l’époque moderne, sa nature, ses contestations éventuelles. La première partie vise à ancrer la réflexion dans la réalité, souvent complexe de la période. Elle étudie les cadres institutionnels qui définissent l’activité féminine et la diversité des savoirs féminins. La seconde partie aborde l’éloge ou la contestation de ce savoir, sa place dans l’histoire des moeurs, des institutions et des idées. Enfin, sept portraits exemplaires de femmes savantes viennent compléter ce panorama.
REALITES/SAVOIRS: - Christian Biet. Quand la veuve contre -attaque : droit et fiction littéraire sous l'ancien régime. - Bruno Neveu. Doctrix et Magistra. - Colette Winn. Les femmes et la rhétorique de combat : argumentation et (auto) référentialité. - Nathalie Grande. L'instruction primaire des romancières. - Sabine Juratic. Marchandes ou savantes? Les veuves des libraires parisiens sous le règne de Louis XIV. - Pierre Maréchaux. Savoir des doigts, savoir des voix. REGARDS D'HOMMES: - Jean Céard. Listes de femmes savantes au XVIe siècle. - Brenda Hosington. Learned ladies : éloges de l'anglaise savante (1550-1558). - Nicole Jacques-Chaquin. La curiosité sorcière : représentations du désir féminin du savoir chez les démonologues (XVIe-XVIIe siècles). - Sophie Houdard. Possession et spiritualité : deux modèles de savoir féminin. - Philippe Salazar. Elizabeth à Descartes : "Etre mieux instruite de votre bouche". - Jean-Charles Darmon. La fontaine et le savoir des muses. DISCOURS DE FEMMES/PORTRAITS: - Eliane Viennot. Ecriture et culture chez Marguerite de Valois. - Chantal Morlet Chantalat. Parler du savoir, savoir pour parler : Madeleine de Scudéry et la vulgarisation galante. - René Démoris. Ecriture féminine en Je et subversion des savoirs chez Mme de Villedieu (les mémoires d'Henriette-Sylvie de Molière). - Emmanuel Bury. Madame Dacier. - Ralph Heyndels. Le cogito du néant : Jeanne Guyon dans l'épistémologie cartésienne. - Elisabeth Lavezzi. Catherine Perrot, peintre savant en miniature : Les leçons royales de 1686 et de 1693. - Henriette Goldwyn. Journalisme polémique à la fin du XVIIe siècle : le cas de Mme du Noyer.
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Ni anthologie ni tableau d'un milieu précisément limité dans la chronologie, ces cent une notices bio-bibliographiques couvrent quatre siècles - du XVe au XVIIIe (avec une incursion médiévale justifiée par le rayonnement de Lulle à la Renaissance) - et apportent aux chercheurs, à travers l'étude de figures humanistes parmi les plus marquantes (d'Agricola à Zwingli en passant par Bruni et Bruno, Budé, Erasme, Jansenius, les Junius, Mersenne, Pomponazzi, Postel, les Scaliger, Sannazaro, Vossius...) analyses et synthèses rigoureuses: pour honorer Jacques Chomarat une telle qualité s'imposait. Chaque notice (de 20 000 signes en moyenne) est terminée par une bibliographie des oeuvres et des études, alors qu'un index général complète le volume.e.
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A.-M. ,
Jean-Robert ARMOGATHE,
B. BEUGNOT,
A. BRESSON,
Emmanuel BURY,
P. DANDREY,
J.-C. DARMON,
Marc FUMAROLI,
Alain GÉNETIOT,
Colette NATIVEL,
Carlo OSSOLA,
Philippe-Joseph SALAZAR,
Françoise WAQUET
“Pourquoi peu à peu le désir, l’idée, le sentiment du “loisir”, tel que l’ont dessiné successivement... Aristote... Sénèque... les moines médiévaux et les humanistes de la Renaissance, le “J’aime le jeu, l’amour, les livres et la musique” de La Fontaine..., pourquoi ont-ils pris le pas, dans l’esprit de plusieurs d’entre nous, sur d’autres plus urgents et plus sérieux “engagements”? (Marc Fumaroli). La question des rapports entre le temps de l’étude et le temps du repos, celle de la nature de ce temps et des occupations qui le nourrissent fomentent en effet, à travers les siècles qui mènent à l’épanouissement de la société industrielle, une sorte de lent et complexe processus de divergence entre l’étude et le loisir, entre la vie de l’esprit et le domaine de l’action, entre les études qui s’ouvriraient sur le monde et celles qui s’en tiendraient à l’écart. Cet ouvrage propose de suivre la généalogie de cette question, d’en retracer sinon les étapes, du moins les lieux et les moments les plus forts, et de livrer, même incomplète, une histoire intellectuelle des mœurs de la vie littéraire et savante, sous le rapport de cette tension entre les impératifs de la vie de l’esprit et ceux de la sphère civile. On trouve réunis près de 100 pages de Marc Fumaroli, et d’autres textes d’A. Bresson, A.-M. Lecoq, C. Nativel, F. Waquet, J.-R. Armogathe, B. Beugnot, E. Bury, P. Dandrey, J.-C. Darmon, A. Génétiot, C. Ossola et Ph.-J. Salazar.azar.