Jacques BERCHTOLD
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Cette étude met en évidence l’importance de l’incarcération dans la formation du roman moderne (XVIIe-XVIIIe siècles). Le thème prédominant (crainte d’emprisonnement, description de l’univers des geôles) est le reflet et le symptôme d’inquiétudes d’un genre en plein essor, obsédé par le risque de censure mais dynamisé par des tours d’énonciation inédits et par la passion de l’affranchissement des contraintes. Héritant de Socrate ou de saint Paul (la prison, épreuve de vérité), les picaros d’Alemán, Quevedo, Sorel, Cyrano, Lesage, Prévost, Voltaire ou Diderot offrent des caricatures burlesques oscillant entre mobilité et fixité. Par des lectures astucieuses on redécouvre ces romans majeurs sous un éclairage radicalement nouveau – à l’ombre d’une Bastille encore inamovible.
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Jasna ADLER,
Wagih AZZAM,
Jacques BERCHTOLD,
Marie BORNAND,
Anke BOSSE,
Marta CARAION,
Danielle CHAPERON,
Alain CORBELLARI,
Alexandre DAUGE-ROTH,
Jérôme DAVID,
Françoise DUBOR,
Yasmina FOEHR-JANSSENS,
Adrien GÜR,
Dominique KUNZ,
Brooks LA CHANCE,
Christopher LUCKEN,
Pierre MONNOYEUR,
Philippe MORET,
Loris PETRIS,
Michael RINN,
Patrick SUTER,
René WETZEL,
Dagmar WIESER
De quelle manière la référence historique, aussi bien l'histoire que l'historiographie, intervient-elle dans vos recherches et dans vos enseignements ? Telle était la question adressée aux jeunes chercheurs de la "relève" universitaire suisse dans le domaine des études littéraires réunis en colloque à Genève les 6 et 7 juin 1997. Témoignant de la fécondité de cette question dans leurs travaux actuels, leurs interventions présentent, malgré leur diversité, de nombreux points de convergence. Sur le plan théorique comme sur le plan critique, le "retour" de l'histoire dans la littérature s'accompagne cependant d'une réévaluation des relations entre les deux disciplines, de sorte que les travaux d'"histoire littéraire" et d'"histoire de la littérature", aujourd'hui, se démarquent des projets positivistes du siècle passé et intègrent, en particulier, les enseignements de l'analyse formelle des œuvres.
Articles de Alain Corbellari, Yasmina Foehr-Janssens, Wagih Azzam, Christopher Lucken, Alexandre Dauge-Roth, Michael Rinn, Marie Bornand, Dominique Kunz, Adrien Gür, René Wetzel, Jacques Berchtold, Pierre Monnoyeur, Loris Petris, Dagmar Wieser, Philippe Moret, Jérôme David, Brooks La Chance, Anke Bosse, Françoise Dubor, Jasna Adler, Patrick Suter, Danielle Chaperon et Marta Caraion.
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Autour du thème des visites reçues et des visites rendues, cette monographie collective rédigée par une vingtaine de dix-huitiémistes montre combien est complexe la construction de la figure sociale de Rousseau durant ses ultimes années parisiennes. Entre solitude et communauté, le philosophe du lien social qui a donné un sens aux Lumières est encombré par les visites à l’homme de lettres Rousseau que lui rendent celles et ceux qui le vénèrent, le protègent, l’imitent, l’épient ou qui cherchent une amitié difficile à obtenir en raison de la méfiance de Jean-Jacques.
TABLE DES MATIÈRES: Éditorial, par Jacques Berchtold et Michel Porret. *** Trois rencontres *** : D’une princesse fantasque aux Considérations: faits et reflets, par François Rosset. Le rendez-vous de Thonon, par André Gür. M. Jacques chez l’ami des hommes. Visite de Rousseau au cœur de l’économisme, par Yves Citton. *** Le séjour à Paris 1770-1778 *** : Paris à la fin du XVIIIe siècle. Perceptions et cultures, par Daniel Roche. Rousseau, joueur d’échecs au café (1770-1771), par Jacques Berchtold. Les derniers visiteurs genevois de Jean-Jacques Rousseau, par Jean-Daniel Candaux. La visite au musicien, par Béatrice Didier. Un drame invraisemblable: Dusaulx et Rousseau, par Michel Porret. La visite au non-écrivain ou quand Rousseau ruse avec le verbe (1770-1778), par Yannick Séité. Un visiteur de la rue Plâtrière: le prince Charles-Joseph de Ligne, par Raymond Trousson. ***Résonnances de visites tardives*** : Deleyre, encyclopédiste et conventionnel entre Rousseau et Diderot (1756-1795), par Roger Barny. "Seul avec la nature et vous". Le promeneur solitaire rencontre Linné et ses disciples, par Giovanni Incorvati. Jean-Jacques Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre: de l’amitié entre écrivains au croisement de leurs œuvres, par Anastase Ngendahimana. *** Témoignages posthumes, Panthéon. *** Mercier témoin de Rousseau: la dernière visite et le pèlerinage posthume, par Jean-Claude Bonnet. Brûler Diderot, par Bronislaw Baczko. L’apothéose du 20 vendémiaire an III (11 octobre 1794). Rousseau revisité par la République, par Raymonde Monnier. A propos de la problématique du tiers dans le "cas Rousseau": éléments pour une contribution à l’histoire de la construction du modèle de la paranoïa, par Claude Wacjman. Quia non intelligor illis, par Jean Starobinski. Index onomastique. Société J.-J. Rousseau.
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Quel orgueil pousse donc l’écrivain à bâtir avec des mots sa propre demeure ? Tel un palais de rêve construit lettre après lettre, surgi d’un monde aboli dans son propre Néant pour être recréé au fil des pages. Musicalement. “ Tout, au monde, existe pour aboutir à un livre ” (Mallarmé). Un livre, sinon rien. Un lieu pour l’esprit. Comme une nouvelle tour de Babel. “ Oui, que la Littérature existe et, si l’on veut, seule, à l’exception de tout ”. L’orgueil de la littérature. C’est sous ce titre que la Faculté des Lettres de l’Université de Genève organisa une journée en l’honneur de Roger Dragonetti, Professeur de littérature médiévale française, spécialiste de Dante et de Mallarmé.
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Trente-deux études - pour trente-deux pièces d'ébène et d'ivoire - sont consacrées aux poètes (Eliot, Borges, Roubaud), auteurs de théâtre (Yeats), de bande dessinée (Hergé), et romanciers, d'expression française (Segalen, Roussel, Beckett, Gracq, Ouologuem, Caillois, Gary, Perec, Séry), anglaise (Poe, Carroll, Hardy, Faulkner), espagnole (Cortázar, Arrabal), italienne (Boito, Bontempelli, Calvino, Maurensig), allemande (Zweig, Dürrenmatt), et russe (Nabokov). Alors que trois essais préliminaires soulignent les apports déterminants de la poétique mallarméenne, de la linguistique saussurienne et de la philosophie wittgensteinienne pour l'élaboration d'une réflexion de la modernité accordant une place centrale au registre ludique, la très riche thématique échiquéenne au cinéma est également présentée par deux études sur le Russe Wsevolod Poudovkine et le Suédois Ingmar Bergman. La préface de George Steiner donnant au tout une ouverture de grand maître.
Extraits d'un article paru dans "Le monde" du 1er janvier 1999 : L'ECHIQUIER INVISIBLE, "(...) Quiconque souhaite en apprendre un peu plus sur les étranges et multiples liens tissés entre l'art, la philosophie et les échecs se procurera aussitôt ces Echiquiers d'encre publiés sous la direction de Jacques Berchtold, professeur à l'université de Genève, qui a réuni dans ce volume trente-deux études consacrées aussi bien à Descartes qu'à Lewis Carroll, à Mallarmé qu'à Beckett, à Zweig qu'à Hergé, à Poudovkine qu'à Ingmar Bergman. (...) Une question n'a cessé de hanter tous les forcenés des échecs : contre qui joue-t-on? Quelle est l'identité de l'Adversaire essentiel, à la fois familier et inquiétant, à la fois reflet de soi-même et altérité énigmatique, dont on pressent qu'il aura finalement le gain de l'ultime partie décisive? C'est à cette question que tente de répondre Jacques Berchtold en convoquant la Mort, comme on le fit au Moyen Age, ou le Diable, comme le suggère la tradition romantique."
Roland Jaccard **********************************************************
Extraits d'un article paru dans "24 heures", le mardi 15 décembre 1998: QUAND LE JEU DES ROIS FÉCONDE LES CASES LITTÉRAIRES, "Echiquiers d'encre est un ouvrage collectif qui réunit des études fascinantes sur les rapports obliques entre échecs et littérature. Ces 32 études (écho aux 32 pièces du jeu d'échecs) réunies sous la direction de Jacques Berchtold, professeur d'université et brillant maniaque, qui signe une passionnante introduction multipliant les pistes parallèles, n'ont pas à être lues linéairement. Mais sont plutôt à parcourir cavalièrement, à la manière d'un répertoire de parties, pour découvrir les mille et une façons de réfléchir les échecs dans le miroir des lettres : symbolisme des pièces, jeu de la métaphore, système clos sur lui-même, analogie dialectique, notions de règles et autres combinaisons savantes qui rendent cette confrontation fructueuse.
(...) Fouillées, savantes, voire alambiquées comme un mat en treize coups, ces études à cheval sur les cases les plus folles (...) révèlent également l'aptitude royale des universitaires à créer des problèmes insolubles, mais truffés de variantes infinies." Boris Senff.
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sommaire
- Jean STAROBINSKI, "Rousseau: notes en marge de Montaigne (textes inédits)", p. 11-56
- Jean EHRARD, "Rousseau et Montesquieu: le mauvais fils réconcilié", p. 57-77
- Alfred DUFOUR, "Rousseau entre droit naturel et histoire. Le régime politique genevois, de la Dédicace du “Second Discours” aux “Lettres de la Montagne”", p. 79-108
- Dominique FROIDEFOND, "Jean-Jacques Rousseau: le trop-plein et le non-dit dans la “Première promenade”", p. 109-129
- Emma NARDI, "Rousseau contredit Jean-Jacques", p. 131-151
- Yves TOUCHEFEU, "Jean-Jacques Rousseau: le christianisme et la république", p. 153-187
- Arnaud TRIPET, "Rousseau et la Muse comique", p. 189-203
- Robert WOLKER, "Rousseau et la liberté", p. 205-229
- Raymond BIRN, "Les “Oeuvres complètes” de Rousseau sous l’Ancien Régime", p. 231-264
- Lucia OMACINI, "Parole véridique, parole mensongère. Le roman épistolaire après Rousseau (1790-1820)", p. 265-279
- Helmut WATZLAWICK, "Mémoires et thérapie: les anticonfessions” de Casanova", p. 281-311
- Jean STAROBINSKI, Charles WIRZ, "Jean-Jacques Rousseau, “Lettre sur la vertu, l’individu et la société”, un texte oublié, édité d’après les manuscrits", p. 313-327
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La richesse est-elle une condition du bonheur humain? Interrogeant cette problématique ancienne autour de la figure de Voltaire cet ouvrage collectif rassemble vingt-trois études historiques et littéraires concernant la richesse, ses usages et le contenu métaphorique de son langage. Des théories économiques aux représentations littéraires de la richesse, un vaste pan de l’imaginaire social des Lumières est introduit par J. Berchtold et M. Porret.
Articles de J.-Y. Grenier, Y. Citton, L. El-Wakil, M. Geuna, A. Gür, G. Silvestrini, C. Walker, H. Watzlawick, K. Antonowicz, B. Baczko, D. Buyssens, A. Farchadi, D. Gembicki, M. Porret, J. Starobinski, L. Adert, J. Berchtold, S. Dervaux, E. Eigenmann, A. Keilhauer, S. Moussa, G. Poitry et F. Rosset.
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Bronislaw BACZKO,
Jacques BERCHTOLD,
Yves CITTON,
Joëlle DROUX,
Max ENGAMMARE,
Alain GROSRICHARD,
U. HEIDMANN VISCHER,
C. JAQUIER,
Sarga MOUSSA,
G. POITRY,
Michel PORRET,
François ROSSET,
J. STAROBINSKI
Histoire, théologie, critique littéraire, ce recueil présente treize études cernant maints aspects de peurs collectives ou individuelles, toutes caractéristiques du siècle des Lumières. A côté d'essais de synthèse étudiant les discours et les pratiques de philosophes, de criminalistes, de pédagogues chrétiens, d'acteurs politiques, d'amateurs de musique, ou de médecins hygiénistes, sont abordées des peurs particulières, notamment celles engendrées par la Terreur, le gibet, la prison, l'impuissance sexuelle, l'iconographie chrétienne, le bédouin, la caverne préromantique, l'épidémie de choléra morbus, ou encore les frayeurs mises en scène dans le roman noir naissant.
Consacré ainsi à l’imaginaire de la peur, cet ouvrage collectif témoigne des travaux interdisciplinaires menés à Genève dans le cadre du Groupe d’études du XVIIIe siècle. Articles de M. Engammare, M. Porret, B. Baczko, J. Starobinski, J. Berchtold, Y. Citton, C. Jaquier, G. Poitry, F. Rosset, U. Heidmann Vischer, S. Moussa, J. Droux et A. Grosrichard.
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Fruit d’un colloque organisé par les éditeurs à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève, ce recueil contient une série d’études consacrées au jeu dans différents domaines: J.-P. Van Elslande, “Du roi joueur au roi joué, Les Plaisirs de l’île enchantée de 1664”; M. Porret, “Le jeu et ses passions chez quelques moralistes du siècle de Voltaire”; V. Barras, “Les cliniciens du jeu”; J. Berchtold, “L’échiquier absent. A propos d’une disparition signifiante dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes”; S. Schoettke, “La femme et le tricheur. La joueuse dupée (1664) de Jean de La Forge”; G. Poitry, “Le Glossaire de Michel Leiris, ou la poésie joue son jeu”; E. Bizub, “Echec et mat: les ‘coups de Beckett”; F. Dubor, “Lectures de sable, ou les châteaux du sens. A propos du Château des destins croisés d’Italo Calvino”; D. Mueller, “Boîtes, emboîtements et enjeux modernes. Réflexions sur Hans Magnus Enzensberger”; Ph. Cuenat, L’‘œuvre sans valeur’. La place du spectateur dans l’œuvre de Robert Filliou”. Avec une introduction de Ch. Lucken et une postface de Michel Butor sur “La littérature et le jeu”.
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De la métaphore augustinienne de la muscipula, la ratière qui piège l'homme et le prive de son salut, on passe à l'examen de la tradition médiévale de la femina-muscipula (Eve pécheresse contrebalancée par saint Joseph constructeur de ratières), dans la littérature hagiographique comme dans l'iconographie, avec un examen spécial de sainte Gertrude, toujours représentée entourée de rats, elle aussi anti-type d'Eve. La secrète filière des rats nous amène ensuite à analyser Hamlet, dont la mère s'appelle Gertrude, comme un « homme aux rats » élisabéthain. Le rat taraude encore Clément Marot, qui l'emploie à délivrer son vénéré maître Villon des rets de la rhétorique. Enfin, on s'interroge sur le sort réservé par Racine à la part impure du langage, symbolisée par le « rat » qu'il obtint d'éradiquer de son blason (rat-cygne).
Une étude exceptionnelle, réconciliant, une fois n'est pas coutume, le champ des travaux « essentialistes », dénués de base historique, avec celui des travaux d'historien dépourvus de tout pouvoir d'intuition.