Renaissance
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Durant la Renaissance, la France, l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie, la Pologne, la Suisse produisent des penseurs qui deviennent de plus en plus conscients de la proximité des événements politiques susceptibles d’influencer leurs réflexions. Nul n’échappe à l’emprise de l’histoire immédiate qui structure et détermine toute démarche intellectuelle. L’image du penseur ou du savant, distant du tumulte du monde, retiré dans son cabinet et étudiant les textes classiques, est fortement remise en cause. Pour certains, l’écriture est un engagement, pour d’autres un refuge ; mais, dans tous les cas, la pensée se définit presque toujours par rapport à des actions sur le terrain qu’il est impossible d’ignorer. Même les silences peuvent être interprétés comme des actions. Cet ouvrage propose de reprendre à neuf le débat entre pensée et action en l’examinant à la lumière d’une histoire en proie à des transformations spectaculaires sur le plan politique et économique et tourmentée par des guerres violentes sous couvert de religion.
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Fondée en 1950 par Eugénie Droz, la collection des Travaux d'Humanisme et Renaissance a réuni, en soixante-cinq ans, plus de 550 titres. Elle s'est imposée comme la collection la plus importante au monde de sources et d’études sur l'Humanisme (Politien, Ficin, Erasme, Budé…), la Réforme francophone (Lefèvre d'Etaples, Calvin, Farel, Bèze…), la Renaissance (littéraire et artistique, Jérôme Bosch ou Rabelais, Ronsard ou le Primatice…), mais aussi la médecine, les sciences, la philosophie, l'histoire du livre et toutes les formes de savoir et d’activité humaine d’un long XVIe siècle, des environs de 1450 jusqu’à la mort du roi Henri IV, seuil de l'âge classique. Les Travaux d'Humanisme et Renaissance sont le navire-amiral des éditions Droz.
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La puissance fulgurante des Tragiques a longtemps éclipsé l’étrange beauté du Printemps. Maintenu sous le boisseau jusqu’au XIXe siècle, condamné depuis à des publications tronquées, le grand recueil profane d’Agrippa d’Aubigné a souffert d’une histoire éditoriale parcellaire autant que de la trop forte personnalité de son puîné. Pourtant, Le Printemps procède d’un épisode cardinal de la vie de l’auteur : sa brève histoire d’amour avec Diane Salviati (1571-1573) consacre son avènement poétique en lui donnant l’opportunité de prendre rang dans une tradition lyrique où il s’impose avec son style à rebours, entre rage et mignardise, fureur et ingéniosité, tragique et satire. Comme le Canzoniere de Pétrarque, Le Printemps accompagne la vie du poète, dont il enregistre les secousses et les changements : jusqu’à sa mort, il écrit, réécrit, complète et corrige ses pièces profanes qu’il envisage sur le tard de rassembler en recueil sans pouvoir mener à terme son projet.
À partir des manuscrits conservés à Genève, la présente édition propose une hypothèse herméneutique, dûment étayée, qui permet d’embrasser la production amoureuse d’Agrippa d’Aubigné et d’apprécier son insolente variété. Conformément aux principes de la collection, elle met à la disposition du lecteur deux versions du texte : à droite, le poème restitué dans son orthographe d’origine et sans ponctuation ; à gauche, les vers modernisés et ponctués.
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De la Renaissance à la fin du règne de Louis XIV, la poétique dramatique française se développe et se transforme au rythme des apparitions de Médée. La première tragédie à l’antique imprimée en français, la pièce fondatrice du tragique cornélien, l’œuvre emblématique du théâtre à machines, la riposte des Anciens aux Modernes : toutes mettent en scène la barbare magicienne. Toutes convoquent une figure du mal.
Si Médée participe aussi activement à la définition du théâtre, c’est qu’elle en incarne la mémoire. En matérialisant ses sortilèges, sa passion et ses crimes, l’art dramatique joue sur le plan de l’autoréférentialité : il (se) rappelle qu’il jaillit d’une brèche dans les fondations de la polis, qu’il puise sa force vitale à l’ombre des règles pensées pour délimiter l’acceptable. Et de cette réminiscence, il tire l’énergie nécessaire pour se redéfinir : rappeler le chaos originel, c’est aussi repenser son mode de répression.
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Introduction, Patricia Eichel-Lojkine
LA DIFFUSION DU LUTHÉRANISME : RÉCEPTION ET CRISPATIONS
De qu(o)i Érasme est-il le nom dans la France du XVIe siècle ? Les leçons de la bibliographie matérielle, Christine Bénévent
La réception en France de la propagande iconographique luthérienne, Florent Gabaude
De la Réforme à la Contre-Réforme : le Faust de Pierre Victor Palma-Cayet (1598), Marie-Hélène Quéval
Luther et Muhammad dans la Concorde du Coran et des évangélistes de Guillaume Postel, Tristan Vigliano
ALLEMAGNE, SUISSE, PAYS-BAS, FRANCE : CONVERGENCES THÉOLOGIQUES ET RHÉTORIQUES RÉFORMÉES
Ce que Calvin a lu de Luther : commentaires sur les épîtres pauliniennes, Max Engammare
"Embrasser la croix" : la méditation de la Passion du Christ chez Martin Luther et Marguerite de Navarre, Jean Lecointe
L'art de s'adresser à "l'homme du commun" : principes et méthodes du langage simple chez quelques traducteurs et prédicateurs réformés français au XVIe siècle, Carine Skupien Dekens
Le discours du fou chez Luther et chez Marnix. Convergences théoriques, Mathieu de La Gorce
Luther en Provence ? L'Histoire memorable (1555), ou comment s'adresser "à tous lecteurs chrestiens" à propos de la persécution des Vaudois, Patricia Eichel-Lojkine
CONTRE LUTHER
La biographie de Luther par Cochlée, Daniel Ménager
Jean Gacy et son Trialogue contre Luther (1524) : poésie et théologie, Olivier Millet
Libelles anti-luthériens : le potentiel polémique des Lamentations de Jérémie, Natalia Wawrzyniak
Avertir le peuple : les premiers imprimés en français contre Luther et les luthériens (France, années 1520-1530), Tatiana Debbagi Baranova
Bribes luthériennes en guise de conclusion, Frank Lestringant
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Le Contra libellum Calvini constitue, avec le De haereticis, an sint persequendi, l’une des contributions les plus importantes de Sébastien Castellion à la controverse sur la tolérance, née à la suite de l’arrestation puis de l’exécution sur le bûcher pour cause d’hérésie de l’espagnol Michel Servet à Genève le 27 octobre 1553. Écrit au cours de l’été 1554 à Bâle, il se présente comme une réponse au Defensio orthodoxae fidei de Calvin. Il ne fut publié pour la première fois qu’en 1612.
L‘ouvrage est construit sous la forme d’un dialogue entre Calvin et "Vaticanus" (Castellion). Dans une querelle empreinte d’ironie et de mépris amer, l’humaniste bâlois se dévoile comme un orateur colérique et passionné qui sen prend aux fautes et aux faiblesses de Calvin, à sa théologie et à ses occupations genevoises. C’est ici que l’on rencontre la célèbre phrase "tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme".
L’édition critique d‘Uwe Plath inclut un long fragment autographe bâlois et s’attache à fournir un texte lisible et exempt de fautes, aussi proche que possible de l’original de Castellion.
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ARTICLES – M. ENGAMMARE, « Bèze vs du Bellay. Du nouveau sur les emplois allusifs » ; J.coste et R. descimon, « Une patientèle médicale parisienne à la fin du XVIe siècle : les malades de Guillaume de Baillou (1538-1616) » ; M. VaLente, « La salvezza degli Stati: atei, streghe, infedeli ed eretici nel pensiero di Bodin » ; M. GILET, « Genèse et fortune d’une légende de la Saint-Barthélemy : la décapitation post mortem de l’amiral de Coligny (1572-fin du XVIIIe siècle) » – NOTES ET DOCUMENTS – F. ROUGET, « Ronsard, Amyot, et les Vies des hommes illustres de Plutarque (Paris, M. de Vascosan, 1565) : un nouveau livre de la bibliothèque ronsardienne » ; C. LARRAZ, « Un portrait de Giovanni Caracca retrouvé » ; n.-a. Virastau, « Jean Thenaud et François Rabelais » – IN MEMORIAM – r. cooper, « Professor Michael Screech (2 mai 1926-1er juin 2018) » – COMPTES RENDUS.
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