Renaissance
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ARTICLES – M. ENGAMMARE, « Bèze vs du Bellay. Du nouveau sur les emplois allusifs » ; J.coste et R. descimon, « Une patientèle médicale parisienne à la fin du XVIe siècle : les malades de Guillaume de Baillou (1538-1616) » ; M. VaLente, « La salvezza degli Stati: atei, streghe, infedeli ed eretici nel pensiero di Bodin » ; M. GILET, « Genèse et fortune d’une légende de la Saint-Barthélemy : la décapitation post mortem de l’amiral de Coligny (1572-fin du XVIIIe siècle) » – NOTES ET DOCUMENTS – F. ROUGET, « Ronsard, Amyot, et les Vies des hommes illustres de Plutarque (Paris, M. de Vascosan, 1565) : un nouveau livre de la bibliothèque ronsardienne » ; C. LARRAZ, « Un portrait de Giovanni Caracca retrouvé » ; n.-a. Virastau, « Jean Thenaud et François Rabelais » – IN MEMORIAM – r. cooper, « Professor Michael Screech (2 mai 1926-1er juin 2018) » – COMPTES RENDUS.
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Le chant des psaumes n’est pas une invention de la Réforme, mais au XVIe siècle il n’est plus réservé aux couvents et aux chapitres, aux moines et aux clercs. C’est l’ensemble de la communauté croyante qui donne du ceur et de la voix pour élever ses psaumes à Dieu, d’abord à Wittenberg, à Strasbourg puis à Genève et dans la France réformée. Un jubé sonore est tombé. Entre 1531 et 1561, s’élabore un monument identitaire qui force toujours l’admiration : la paraphrase versifiée des cent cinquante Psaumes qui va s’affirmer comme le Psautier huguenot. Clément Marot, puis Théodore de Bèze sont les auteurs à l’œuvre : le premier est le plus grand poète d’expression française du XVIe siècle avant Ronsard, le second, l’un des plus grands poètes néo-latins du même siècle ardent.
On offre ici la première édition critique du Psautier paru à trente mille exemplaires au début 1562 (le plus gros tirage du premier siècle de l’imprimerie), avec les sources, références et variantes, ainsi que les essais de Jean Calvin. Dans une longue introduction, Max Engammare étudie entre autres la langue des deux poètes, leur poétique, l’hébraïsation de la langue française. En fin d’édition, il donne un glossaire très complet.
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TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Engagement politique et réflexion éthique
Entrée dans les negotia et désir d’otium
Carmina, lib. IV
IV, 1 Épître à François de Lorraine, prince de Guise
IV, 2 Poème de loin le plus savant sur le siège de Calais et de Guînes, places fortes prises durant cette dernière guerre
IV, 3 Poème de Michel de L’Hospital sur la prise de Thionville
IV, 4 À Marguerite, vierge royale
IV, 5 Au cardinal Charles de Lorraine
IV, 6 Au cardinal de Lorraine
IV, 7 À Guy Du Faur. De l’amour et de l’ignorance de soi
IV, 8 Discours contre le luxe à Christophe de Thou, président du Parlement
IV, 9 Aux Muses
IV, 10 À P. Vettori
Abréviations
Index des noms de lieux et de personnes
Le livre IV des Carmina de Michel de L’Hospital regroupe dix épîtres hexamétriques composées entre 1551 et 1563. Dans les trois premières, tirant les leçons de l’actualité politique et militaire (défaite de Saint-Quentin, reprise de Calais, Guînes et Thionville aux Anglais), L’Hospital formule des recommandations éthiques et évangéliques qu’il adresse aux puissants, en particulier au duc de Guise. Deux épîtres développent une réflexion anthropologique et éthique : à Guy Du Faur de Pibrac est proposée une méditation sur les dangers de l’amour de soi et de l’ignorance ; à Christophe de Thou, une réflexion sur le luxe et la cupidité. Deux poèmes à Charles de Guise constituent des exhortations à l’otium, à la vie chrétienne et à la modération. La culture littéraire occupe une place centrale : dans l’épître aux Muses, L’Hospital affirme l’importance existentielle que revêt pour lui la poésie ; une commendatrix epistula adressée à Marguerite de France accompagne l’envoi du Tombeau de Marguerite de Navarre par Nicolas Denisot ; l’éloge dédié à l’humaniste florentin Piero Vettori se double d’un hymne au loisir lettré et à l’amitié. L’édition fournit le texte latin établi sur les manuscrits et les plaquettes collationnés avec les éditions imprimées de 1558 et 1732, une nouvelle traduction en stiques, une présentation contextuelle, une analyse et un commentaire. Le volume est complété d’une introduction, d’un index des lieux, des personnes et des matières.
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La production littéraire et érudite de la Renaissance se campa souvent sous le signe du compagnonnage, de la « sodalité » (sodalitas) : les notions d’amitié, de communauté, de collaboration – ou de rivalité – affleurent ainsi dans les projets savants et poétiques de l’époque, en France comme ailleurs. Une équipe internationale de spécialistes des lettres françaises, italiennes et néo-latines présente ici de nouvelles perspectives sur cette caractéristique socio-culturelle des textes renaissants. Elle explore les différentes façons dont se croisèrent la cour, les cercles lettrés et les métiers du livre, les sphères vernaculaire et latine, le milieu local et l’échelle internationale de la République des lettres.
Ce volume est dédié à la mémoire de Philip Ford (1949-2013), Professeur titulaire de Lettres françaises et néo-latines à l’Université de Cambridge et Fellow de Clare College. Il célèbre les échanges intellectuels et la collégialité, voire la « sodalité », que Philip Ford appréciait au plus haut point, tant comme sujet de recherche qu’en tant que valeur vivante et durable de la vie universitaire. Sodalitas litteratorum ajoute la bibliographie de ses études et le texte de sa dernière conférence, à propos de Ronsard, ainsi que des poésies multilingues composées en son honneur.
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Dans son acception conceptuelle large, qui se développe depuis la fin du XIXe siècle, la notion d’imaginaire s’est étendue ces deux dernières décennies au champ de la linguistique. L’imaginaire des langues a suscité des recherches novatrices portant aussi bien sur l’historiographie du discours de promotion de la langue française et sur les représentations des styles littéraires, que sur le pluri- et multilinguisme dans les territoires de la francophonie ou encore la pratique des langues régionales. L’on ne peut toutefois envisager un imaginaire identitaire, quel que soit son champ d’application, sans le penser en regard d’une altérité linguistique. Or, entre le début du XVIe siècle et la fin du XVIIIe, se développe une intense réflexion sur les langues suscitée par la convergence de divers faits politiques et culturels : reconnaissance en Europe des langues vernaculaires comme langues nationales, concurrence du latin comme réceptacle et véhicule de la culture lettrée, confrontation avec les langues « exotiques » mises en lumière par la vaste entreprise de colonisation et d’évangélisation des espaces amérindien, asiatique et africain. Autant de situations propices à la perception d’une altérité dans la mise en contact des langues que de cas constitutifs de l’identité linguistique. Cette tension entre identité et altérité affleure dans les traités de l’époque destinés à promouvoir la langue vernaculaire ou, au contraire, à légitimer la diversité linguistique. Elle s’éclaire aujourd’hui, dans un anachronisme fécond, des réflexions sur la polyglossie et le multiculturalisme. Elle se prolonge, ou se redouble, à l’intérieur du même espace linguistique, par les partis pris lexicaux, stylistiques, génériques qui constituent autant de langages singuliers diffractant en de multiples éclats une même langue. Ce volume permettra dès lors d’explorer le champ de déploiement de l’imaginaire des langues, dans ses modes de représentation de l’altérité linguistique, sur un plan à la fois linguistique, culturel et littéraire, qu’il s’agisse de revendiquer, voire de construire, une langue identitaire et distinctive, d’accepter ou de refuser la pluralité linguistique, d’envisager dans la rivalité ou l’harmonie la langue de l’autre ou encore de construire par l’écart ou l’acquisition une identité linguistique.
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ARTICLES – B. RESTIF, « Les censures de la faculté de théologie de Reims à l’époque du cardinal de Lorraine. Répression du protestantisme, contrôle du livre, conflits intra-catholiques et normalisation post-tridentine » ; PH. DENIS, « An ecumenical momentum. Reunion talks among Anglicans, Gallicans, Arminians and Huguenots in early seventh century europe » ; M.castaño, « Le Maître de Gaste : enluminure et broderie à Lyon au XVe siècle » – NOTES ET DOCUMENTS – R. bodenmann, « Quelques notes sur l’humaniste Matern Hatten (vers 1480-1546) en rapport avec un livre qui lui a été récemment consacré » ; F.schaFFenrath, « Das erste Grossepos über Kaiser Maximilian I.: ein Vergleich der beiden Fassungen der Encomiastica des Helius Quinctius Cimbriacus » ; F. rouGet, « Cartographie du savoir : placards et pédagogie en France au XVIe siècle » – IN MEMORIAM – F. LESTRINGANT, « Michel Jeanneret (1940-2019) » – LA RENAISSANCE D'ÂGE EN ÂGE – « Quelques lettres d’Eugénie Droz et d’Arthur Piaget, 1920-1949 » éditées par J.-C. curtet – COMPTES RENDUS.
ARTICLES – B. RESTIF, « Les censures de la faculté de théologie de Reims à l’époque du cardinal de Lorraine. Répression du protestantisme, contrôle du livre, conflits intra-catholiques et normalisation post-tridentine » ; PH. DENIS, « An ecumenical momentum. Reunion talks among Anglicans, Gallicans, Arminians and Huguenots in early seventh century europe » ; M. castaño, « Le Maître de Gaste : enluminure et broderie à Lyon au XVe siècle » – NOTES ET DOCUMENTS – R. bodenmann, « Quelques notes sur l’humaniste Matern Hatten (vers 1480-1546) en rapport avec un livre qui lui a été récemment consacré » ; F. schaFFenrath, « Das erste Grossepos über Kaiser Maximilian I.: ein Vergleich der beiden Fassungen der Encomiastica des Helius Quinctius Cimbriacus » ; F. rouGet, « Cartographie du savoir : placards et pédagogie en France au XVIe siècle » – IN MEMORIAM – F. LESTRINGANT, « Michel Jeanneret (1940-2019) » – LA RENAISSANCE D'ÂGE EN ÂGE – « Quelques lettres d’Eugénie Droz et d’Arthur Piaget, 1920-1949 » éditées par J.-C. curtet – COMPTES RENDUS.
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Ce livre est consacré aux personnages d’enfants dans la littérature des XVIe et XVIIe siècles. Il analyse les modes de subjectivation qui, dans des genres aussi variés que la poésie, la comédie, la tragédie, les traités pédagogiques, les Mémoires, le discours moraliste et les contes de fées associent à leurs faits et gestes des questionnements temporels nés de l’avènement des Temps modernes. L’Âge des enfants couvre la période de deux siècles au cours de laquelle les jeunes êtres dynamisent le projet humaniste de rénovation culturelle fondé sur l’actualisation du passé, en testent les limites et en interrogent le devenir. Cette période s’achève à la fin du XVIIe siècle, quand la Modernité s’impose en tant qu’horizon temporel indépassable, plutôt que comme projet à mettre en œuvre sur la base d’une représentation idéalisée des temps anciens. Les valeurs d’innocence, de vulnérabilité et de nostalgie attachées à l’enfance au cours du XVIIIe siècle changent alors le rôle dévolu aux enfants dans la littérature.
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Au cœur des contextes plurilingues et de l’effervescence linguistique de la période allant du XVe au début du XVIIe siècle, la langue d’art jouit d’un statut à part. Déployée aux extrêmes limites de la langue d’usage, remarquable par les rapports comme par l’écart qu’elle entretient à son égard, la langue d’art met en scène les rencontres et les mélanges linguistiques, les réélabore et les sublime dans un multilinguisme expérimental ; façonnée au contact des parlers réels et soucieuse d’« illustration », elle témoigne à la fois d’une vive conscience linguistique et d’une revendication esthétique. Le présent volume s’efforce de l’appréhender en tant que « laboratoire » des langues vernaculaires, dans ses contextes d’apparition et dans ses interactions avec l’usage. Ce faisant, il interroge les limites de nos connaissances sur les langages parlés et nos préjugés sur la valeur documentaire des textes, les hiérarchies et les codes de référence implicites, et tente à partir de là d’esquisser des pistes méthodologiques pour analyser ces corpus qui résistent aux approches tant sociolinguistiques, qu’historiques et littéraires. À travers de nombreuses études de cas, il en considère ainsi les manifestations, les modes de réalisation, les intentions et les enjeux, débouchant sur une poétique des genres (théâtre et satire) et de corpus représentatifs (langues artificielles, imitations et traductions), dans de véritables recréations linguistiques.