Renaissance
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En s’appuyant sur la culture humaniste et historique des robins du XVIe siècle, Marie Houllemare étudie « l’esprit » d’une institution, c’est-à-dire la manière dont des acteurs l’animent en faisant jouer principes et pratiques institutionnelles. Il s’agit de saisir, à travers les paroles et les écrits des gens de justice, l’art qu’ils déploient à des fins d’établissement de l’autorité et de la légitimité du parlement, dans le dialogue avec le monarque et les avocats. L’usage des catégories rhétoriques permet d’appréhender l’histoire politique, judiciaire et sociale à travers la mise en scène autoréférentielle des gens de justice quand ils cherchent à convaincre un public dans une prise de décision. Ils mettent en œuvre des modèles politiques variés : le parlement est tour à tour considéré comme un sénat, comme un théâtre, comme un temple de justice ou encore comme un forum. Dans ces multiples représentations, le parlement, dont l’activité vise au maintien de la concorde sociale, participe activement de la mise en scène rituelle de l’État moderne.
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S’il ne résistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusées par les libelles qu’il collectionnait, Pierre de L’Estoile, Grand audiencier au parlement de Paris, ne marquait pas moins un goût comparable pour l’observation de l’actualité et les curiosités de la vie politique de Paris. La période abordée par ce premier volume du Registre-journal du règne de Henri IV couvre les années 1589-1591. L’auteur ouvre son récit sur les conséquences du régicide et les circonstances du siège militaire de la capitale jusqu’à la fin de l’année 1591 avec la reprise en main de la ville par le duc de Mayenne. Au gré des événements qui bouleversent les représentations traditionnelles de l’ordre social et judiciaire, mais avec une lucidité particulière, L’Estoile nous dévoile un univers dangereux et sectaire. La cité ligueuse, plongée dans le chaos, forme un monde clos, travaillé par la peur, les inimitiés, l’opportunisme et les ambitions déçues.
Ce diaire, établi conformément aux manuscrits originaux, se caractérise par son exceptionnelle richesse située à la croisée des savoirs les plus variés. Il justifie la démarche interdisciplinaire de l’édition, à laquelle participent des spécialistes en histoire, en littérature et en lexicographie.
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Ces actes sont le produit de deux rencontres qui ont lieu à Bordeaux et à Caen en 2006, en parallèle avec l'exposition Splendeur de Venise, qui fut successivement présentée dans les musées des Beaux-Arts de ces deux villes. On y a rassemblés de nouvelles recherches sur les tableaux et les dessins réunis à cette occasion, et, plus généralement, sur les peintures vénitiennes de la Renaissance conservées en France. D'autre part, on a voulu étudier la façon dont les théoriciens, les peintres et les amateurs français du XVIIe au XIXe sécle, ont considéré la peinture vénitienne, dans le cadre de la littérature artistique de l'époque (Félibien et de Piles, en particulier) et des débats de l'Académie de peinture et de sculpture. Enfin, lors de la session qui s'est tenue au musée de Caen, on s'est interrogé sur la place des Vénitiens dans le marché de l'art et les collections en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment dans la collection royale, ainsi que sur la provenance de certains tableaux conservés dans les collections publiques françaises.
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Continuation succincte du Tristan en prose, s’inscrivant dans l’intervalle qui va de la naissance de Tristan au remariage de Méliadus avec la fille du roi Hoël, le Roman de Meliadus (1235-1240) est une œuvre demeurée ouverte, en raison de son inachèvement autant que par le dialogue constant qu’il instaure avec les autres romans arthuriens. S’il revendique sa filiation et assume son statut de récit puîné, les réminiscences qu’il exhibe masquent aussi les gauchissements, les infléchissements qui lui permettent de faire du neuf avec du vieux. C’est ce jeu que Barbara Wahlen étudie et montre à voir, non seulement dans le Roman de Meliadus proprement dit, mais également dans trois de ses relectures, qui actualisent et renouvellent la signification du roman en profondeur. La première est une continuation de la toute fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle qui est aujourd’hui conservée par le seul manuscrit Ferrell 5. La deuxième actualisation retenue est celle qu’offre Meliadus de Leonnoys, l’imprimé publié en 1528 par Galliot du Pré, fruit d’un minutieux travail de découpage et de remontage. La dernière enfin est l’extrait paru en 1776 dans la Bibliothèque Universelle des Romans.
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De toute l’œuvre de l’humaniste écossais Georges Buchanan, la paraphrase poétique des psaumes de David a reçu la plus grande attention de son auteur, qui en a fait le travail d’une vie. Extraordinaire par l’habileté et la variété métriques, ainsi que par l’intelligente fidélité au texte sacré, ce chef-d’œuvre est à la fois un discours de dévotion chrétienne, bâti sur l’érudition théologique, et une excellente illustration de la poésie néo-latine, démontrant un talent po©tique du premier rang et une appréciation sensible des auteurs classiques.
Roger Green donne l’édition critique du texte intégral de la paraphrase, une traduction anglaise totalement nouvelle et un commentaire concis, mais circonstancié notamment ur les questions que pose chaque poème. Son introduction examine inter alia les procédés de composition, l’histoire de la publication des psaumes versifiés, la vie de Buchanan et les conséquences de l’Inquisition portugaise, l’héritage classique dans sa poésie comme sa réception à travers l’Europe, durant quatre siècles.
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Jean Salmon Macrin (1490-1557), poète néo-latin originaire de la ville de Loudun, valet de chambre du roi François Ier aux côtés de Clément Marot, fut considéré de son vivant comme le plus grand poète lyrique après Horace.
Nous proposons ici l’édition, la traduction et le commentaire des Hymnes de 1537, un recueil charnière dans sa carrière littéraire, qui marque le retour à une piété plus ardente et plus intimiste, témoigne d’un approfondissement de la veine familiale et réalise l’alliance du lyrisme profane et d’une pensée érasmienne. Le lecteur trouvera dans ces pièces de circonstance, odes auliques, méditations spirituelles, éloges des grands hommes de lettres, hymnes à Dieu, à la Vierge et aux saints, odes domestiques et autobiographiques, l’harmonieuse union de l’érudition, de la virtuosité métrique, d’une rhétorique affective et d’un idéal de la sincérité
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Ce deuxième tome des œuvres de Scévole de Sainte-Marthe contient ce qui fut imprimé entre les Premieres Œuvres de 1569 et les publications de 1575 (à paraître dans un troisième volume).
L’actualité des années 1569- 1573 est très présente dans le volume : troisième guerre civile, mariages de Charles IX avec Élisabeth d’Autriche puis de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, quatrième guerre et siège de La Rochelle. D’autre part Sainte-Marthe, pourvu de l’office de Contrôleur général des Finances en Poitou, adresse des vers à ses nouvelles relations, particulièrement les « gens des finances », qui se trouvent ainsi associés à ses connaissances parisiennes. L’annotation s’efforce d’apporter des informations sur les dédicataires du poète et les auteurs de pièces liminaires, complétant notre connaissance de la société poitevine et de la vie littéraire en France dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Plus généralement, le livre s’inscrit dans une perspective clairement iréniste : dans le dernier sonnet, l’auteur attribue à sa poésie la capacité de « tempérer le Discord » et se juge par là investi du pouvoir de faire revenir la paix ; cette signification essentielle du recueil peut être étendue à l’ensemble du contenu du tome II.
L’édition des Œuvres complètes de Scévole de Sainte-Marthe est établie par Jean Brunel, Professeur honoraire à la Faculté des Lettres de Poitiers, avec la collaboration de Pierre Martin, professeur dans la même Université.