Renaissance
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Lors de son séjour en France (de 1495 à 1506), Fra Giovanni Giocondo de Vérone recueillit un ensemble considérable de textes de géométrie pratique. Ces écrits en français présentent aujourd’hui un grand intérêt car les sources de ce type en langue vulgaire parvenues jusqu'à nous sont fort peu nombreuses. L’auteur en donne l’édition critique et s’interroge sur ce qui a pu motiver Giocondo à réunir ces ouvrages. Cela le conduit d’abord à étudier la foisonnante personnalité intellectuelle du frère, à la fois ingénieur, architecte, antiquaire et éditeur de textes anciens, sur lequel les sources sont malheureusement avares. L’œuvre principale qu’on lui connaît est la célèbre édition vénitienne de Vitruve de 1511, d’une grande qualité à maints égards, et la première à avoir été illustrée. L’intérêt de Giocondo pour les textes de géométrie pratique pourrait avoir été inspiré par un goût érudit. Cette hypothèse permet de les parcourir à la lumière de la lecture qui, selon l’auteur, était celle, atypique, de Giocondo.
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Monument de l'histoire des lettres, objet de controverse à travers les siècles et, dans le même temps, objet fossilisé par la tradition académique, La Deffence, et illustration de la langue françoyse exigeait une nouvelle édition. Le présent travail replace l'ouvrage dans les conditions de sa publication et de sa réception, tente de lui rendre sa déroutante provocation et son originalité foncière. C'est pourquoi l'édition originale de 1549 de La Deffence, avec son orthographe et sa ponctuation primitives, a été choisie. C'est aussi pourquoi au texte même de Du Bellay sont joints le Dialogo delle lingue de Sperone Speroni, sa source cachée, et l'ensemble des documents relatifs à la première réception (polémique) de La Deffence.
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Selon une grille de lecture issue de l’anthropologie, Christian Grosse décrit et analyse la profonde transformation de la culture rituelle chrétienne qu’entraîne à Genève l’adoption de la Réforme. Il démontre que la religion réformée ne remplace pas un christianisme médiéval, fondé sur le rite et sur la dimension collective de l’expérience religieuse, par un christianisme centré sur la dimension intérieure et individuelle de cette expérience ; elle substitue à un système rituel cohérent et englobant, dont la messe constituait le cœur, un autre système rituel, dont la cohérence repose sur la complémentarité de la prédication et de la communion. Combinant des approches chronologiques et thématiques, les Rituels de la cène réformée à Genève examinent la formation et le fonctionnement de ce système sur deux siècles, soit des années de révolution iconoclaste qui préparent l’abolition de la messe en 1535, à l’orée du XVIIIe siècle, quand une série de réformes met fin à la continuité d’une tradition fondée sur la forme des prières ecclésiastiques, le formulaire liturgique calvinien édité pour la première fois en 1542.
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Héritières de l’Académie de Platon et de la réflexion de Pétrarque sur le loisir lettré, cénacles d’érudits et d’artistes sous la protection de puissants mécènes, les premières académies italiennes et françaises constituent l’un des cadres privilégiés du renouveau philologique, artistique, philosophique et scientifique qui va transfigurer l’Europe de la Renaissance.
Les Académies dans l’Europe humaniste forment le premier ouvrage d’une telle envergure sur le sujet ; il pose un regard neuf sur le mouvement académique en Europe jusque vers 1600, notamment les premières académies italiennes (académie romaine de Pomponio Leto, académie napolitaine du Panhormite, puis de Pontano, académie florentine de Careggi, avec Marsile Ficin), les Académies royales françaises du règne des Valois (Académie de Poésie et de Musique, Académie du Palais) sans oublier d’autres organisations contemporaines moins connues. Des recherches documentaires présentent le personnel des divers groupes et les œuvres où s’expriment leurs idéaux. L’observation des rapports qu’elles entretiennent permet de définir la forme et les activités de chaque institution ainsi que la nature de leur contribution à l’extension des savoirs : enrichissement de la philologie classique, de la poétique, de la rhétorique, constitution de dictionnaires ou de répertoires linguistiques, archéologiques ou iconographiques, réflexion sur les arts à la lumière des traditions chrétienne ou néo-platonicienne, ambitions pédagogiques ; se dégage aussi le rôle majeur de la musique dans plusieurs académies. L’étude des liens matériels et idéologiques entre ces sociétés et les Grands (papes, rois, mécènes) donne enfin de mesurer la « libert© » dont jouissent les académies, particulièrement dans leur vocation encyclopédique et européenne.
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La grande affaire de l’année 1589, c’est la guerre que Genève a déclarée à la Savoie, en avril. Voilà Bèze transformé en correspondant de guerre, envoyant à ses amis des nouvelles du front. Il le fait dans le style des vieux Romains, Tite-Live, Salluste, César … Ce qui est très apprécié : on en donne lecture au Conseil de Zurich ; Grynaeus, à Bâle apprécie tant ces récits, qu’il fait faire une publication de l’une de ces lettres, non sans y ajouter quelques citations et développements supplémentaires, et ce sera une brochure d’actualité paraissant à Bâle en juillet sous le titre d’Expositio Verissima. Mais en juillet, on pouvait encore envisager l’avenir avec optimisme, espérer une victoire assez retentissante pour que le duc de Savoie se contienne au-delà des Alpes, sans plus molester les Genevois. Las ! Il n’en fut rien. Les alliés de Genève se dérobaient les uns après les autres, la France, Berne… et les Genevois restaient seuls, avec leur toute petite armée, face au gendre du roi d’Espagne ! Cela n’empêche pas Bèze d’applaudir à l’accession de Henri IV au trône de France et de lui faire une propagande infatigable auprès des Suisses. Notre volume donne aussi de curieux carnets donnés au roi Henri pour gouverner la France, car on a autrefois cru que ce document datait de l’avènement royal d’août 1589. Une étude plus attentive a permis de le dater de 1576 : on le trouvera donc parmi les Addenda des tomes précédents.
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« Mais ce prince estoit un chef-d'œuvre de la nature; ce qu'il avoit de moins admirable, c'estoit d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettoit au-dessus des autres estoit une valeur incomparable, et un agréement dans son esprit, dans son visage et dans ses actions que l'on a jamais veu qu'à luy seul; il avoit un enjouement qui plaisoit également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui estoit toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir estre imitée, et enfin un air dans toute sa personne qui faisoit qu'on ne pouvoit regarder que luy dans tous les lieux où il paraissoit. » (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, Droz, TLF 33, p. 10-11).
Jacques de Savoie-Nemours, duc du Genevois (1531-1585), chef de la branche cadette légitime de la dynastie savoyarde, était cousin d’Emmanuel-Philibert duc de Savoie. La relation qu’ils entretinrent généra une source de prestige pour Jacques, en tant qu’acteur politique indépendant, autant qu’elle instaura une entrave permanente à sa liberté de manœuvre. Homme de cour et chef de guerre parmi les plus illustres à la Renaissance, Jacques tenait en apanage le Genevois, duché qui, tout en symbolisant sa puissance dynastique, lui assurait les ressources nécessaires à ses activités militaires, politiques et lettrées, notamment à la cour de France. Matthew A. Vester retrace la fortune de Jacques de Savoie-Nemours au cœur d’un espace europ©en qui n’était normalement pas animé par des individus isolés, mais par les Maisons et leurs différents lignages, et dans lequel l’« Etat » ne jouait alors qu’un rôle politique secondaire.
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Lorsqu’André Alciat ou Pierre Coustau écrivent un livre d’emblèmes, ce loisir studieux repose sur le choix d’une activité utile et morale. Deux hommes de loi s’octroient le plaisir d’un otium litteratum qui se situe en marge du temps concédé à la pratique ou à la théorie jurisprudentielles ; mais cet espace ludique, propice à des jocoseria pour le moins ésotériques, est lui-même pénétré de légalismes. L’écriture d’emblèmes repose sur un modèle épistémique emprunté à la praxis du Droit romain alors en cours de réélaboration. Loin de constituer des témoignages fastidieux d’une pensée fixiste et solipsiste, ou encore une contrainte d’ordre strictement professionnel, les commentaires aux Pandectes et aux autres fragments de Droit romain de la plupart de ces juristes humanistes témoignent avant tout de la perméabilité de cette culture légale et de l’étendue de ses applications. Les commentaires de Droit civil, dont la forme volontiers polyphonique est appel©e à restaurer un « matériel complexe » par le biais d’une critique historique et philologique, servent alors de base à l’élévation d’un nouvel idéal de Justice, à la recherche d’images et de symboles forts, les médailles, hiéroglyphesou emblèmes autour desquels se rallie une communauté active de juristes aussi inventifs qu’érudits.