Renaissance
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Esculape et Dionysos invite à partager, sur le mode de l’excès et de la mesure à la fois, l’esprit que Jean Céard a insufflé à tous ceux qui ont collaboré avec lui ou travaillé sous sa direction ; ainsi ce recueil d’études contribue-t-il à illustrer l’intimité du scientifique et du littéraire, du plaisir et du sens, liaison profonde que le travail de ce pédagogue et chercheur a toujours souhaité comprendre. On y goûtera une cornucopie de joyeuseté scientifique tirant ses fruits des différents champs du savoir que Jean Céard a explorés tout au long de sa carrière (philosophie, sciences naturelles, théologie), enrichissant aussi des questions génériques et d’histoire littéraire qu’il a tout particulièrement éclairées (la poésie, la traduction), ou relançant l’étude d’un auteur dont il a renouvelé l’approche (Rabelais). Cette plongée dans la culture de la Renaissance vise, au fil de quelque soixante-dix enquêtes, à témoigner de la générosité intellectuelle d’un de ses plus éminents historiens et, au nom de la curiosité sans bornes de celui-ci, à entraîner le lecteur à se nourrir «d’admiration, chasse [et] ambiguïté» pour progresser sur la voie que Jean Céard a éclairée de manière d©cisive: l’interprétation des signes au XVIe siècle.
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Ces quinze études réunies par les anciens doctorants, désormais des seiziémistes estimés, de François Rigolot, Meredith Howland Pyne Professor of French Literature à l’Université de Princeton, rendent hommage à ses qualités de professeur, de savant et d’homme qui incarne à la fois l’esprit généreux montaignien et le pantagruélisme rabelaisien. Récapitulant des sujets d’intérêt que partagent le magister et ses discipuli : la poésie, la Renaissance au féminin, Pétrarque, Scève, Ronsard, Crétin, Marguerite de Navarre, Louise Labé, Rabelais, Montaigne, La Boétie et Pascal, louant l’équilibre de l’imagination créatrice, de l’explication de texte rigoureuse et d’une exquise rhétorique personnelle, Esprit généreux, esprit pantagruélicque célèbre l’érudition du Professeur Rigolot, ses publications, ses compétences pédagogiques, son soutien inlassable auprès d’étudiants et de collègues, son leadership à l’Université de Princeton et sa personnalité toujours inspiratrice.ours inspiratrice.
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Il paraît enfin acquis que Sébastien Castellion fut un traducteur sagace et talentueux de la Bible en latin – la Biblia de 1551, après son essai sur le Pentateuque de 1546, le Moses Latinus – comme en français – la Bible nouvellement translatée à Bâle, chez Johann Herwagen, en 1555.
Après La Genèse qu’ils ont donnée en 2003 (TLF 553), deux des éditeurs de l’équipe initiale, n’ayant pu sans doute se dessaisir de la langue novatrice de Castellion, éditent aujourd’hui sa traduction des livres que la tradition attribue à Salomon (Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques). Nicole Gueunier et Max Engammare rappellent l’histoire de l’agrégation de ces trois livres et examinent le contexte exégétique que la Réforme protestante leur a forgé. C’est ainsi que l’histoire de la traduction de ces derniers, celle du Cantique des cantiques en particulier, est rapportée au cadre éminemment polémique des controverses qui opposèrent Sébastien Castellion à Théodore de B¨ze et à Jean Calvin. Par ailleurs, le travail de traduction auquel s’est livré Castellion pour le français est comparé à celui qu’avait nécessité son édition latine. Les outils critiques usuels – notes, bibliographie, glossaire – serventla langue de Sébastien Castellion et en définitive célèbrent sa belle singularité.
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Alors qu’au XVIe siècle le pédant est en charge de l’instruction des jeunes gens au collège comme à l’université, à la fin du siècle suivant, le mot désigne toute personne qui abuse de son savoir dans sa relation aux autres. En même temps, la littérature comique rend populaire le personnage du pédant, universitaire et savant sentencieux dont le ridicule s’exprime à la fois dans l’allure dégradante, la conduite discordante et le jargon inintelligible. Figure caricaturale du clivage entre l’être et le paraître, sa présomption est à l’égal de son «incivilité» et de la dérision qui l’accompagne. Dégageant les traits de ce personnage, dans son usage tronqué du savoir et du langage, Jocelyn Royé montre comment la notion de pédantisme se développe à partir de Montaigne et culmine dans la représentation cocasse qu’en donne Molière. Mais entre ces deux auteurs, nombre d’écrivains placent le ridicule du pédant et la charge contre le pédantisme au cœur de leurs uvres, comme autant de manières de participer aux débats, aux polémiques et aux mutations épistémologiques en cours. Aussi, est-ce bien une critique de la sclérose intellectuelle, des opinions péremptoires et des attitudes affectées qu’aliment le succès littéraire dont jouit la figure du pédant.
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Agrippa d'Aubigné ou les misères du prophète explore les paradoxes qui s'attachent à la fonction prophétique. Parole absolue qui doit s'incarner dans les contingences de l'histoire, elle aliène son énonciateur, qui ne possède en général ni l'art, ni les prédispositions naturelles, ni l'envie pour en assumer la mission. Rêve de performativité et d'efficacité, le propos prophétique est avant tout le constat de son impuissance dans le présent, du rejet et de la suspicion qui caractérisent sa réception. Dans Les Tragiques, Aubigné estime la mission de sa parole à l'aide de figures, telles que celles de Jonas et Jérémie, exemplaires d'un prophétisme conçu sur le mode du tourment. La complexité de l'èthos prophétique albinéen se nourrit en outre de la place problématique qu'occupe le prophète dans l'ecclésiologie protestante, position vide qui ne laisse plus guère de champ qu'à des postures, comme le montrent les écrits de Luther, Calvin et Zwingli. Un problème de reconnaissance affecte le prophète, au point d'en devenir probablement une des caractéristiques intrinsèques. Si Agrippa d'Aubigné intègre cette donnée dans sa propre énonciation, il est remarquable que cette dernière perturbe aussi le discours critique sur son « prophétisme » dès la première réception des Tragiques au XIXe siècle.
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Laurence BERNARD-PRADELLE,
Michel CASSAN,
Isabelle CIROLO,
Guy DEMERSON,
Jean DUPÈBE,
Max ENGAMMARE,
Philip FORD,
Perrine GALAND-WILLEMEN,
Jean-Eudes GIROT,
Fernand HALLYN,
Pierre LAURENS,
Virginie LEROUX,
Catherine MAGNIEN-SIMONIN,
Michel MAGNIEN,
Isabelle PANTIN,
Bruno PETEY-GIRARD,
Anne-Pascale POUEY-MOUNOU,
Francesco TISSONI,
George Hugo TUCKER,
Jean VIGNES,
Florence VUILLEUMIER LAURENS
Sommaire Table of contents: Ch. de Buzon, Avant-propos ; J.-E. Girot, Préface; G. Demerson, «Dorat et la famille de Lorraine-Guise»; J. Vignes, «Jean Dorat et Jean-Antoine de Baïf»; M. Cassan, «Les choix politiques et confessionnels de la ville natale de Jean Dorat, durant la seconde moitié du XVIe siècle et les débuts du XVIIe siècle»; Max Engammare, «Que fais tu là Dorat… en bas d’une haute fenestre? La religion de Jean Dorat d’une piété convenue à une spiritualité engagée»; B. Petey-Girard, «Dorat, Henri III et la Confrairie de saincte Cécile»; I. Cirolo, «Dorat et les arts plastiques, les Oracles des douze sibylles»; F. Vuilleumier-Laurens et P. Laurens, «Le Bal des Polonais (1573): Anatomie d’une description »; F. Tissoni, «Jean Dorat lecteur des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis»; Ph. Ford, «Jean Dorat et l’allégorie homérique : les sources»; G. H. Tucker, «Jean Dorat et Giovanni Matteo (Giovam-matteo) Toscano, lecteurs des Pythiques de Pindare en 1566 : le double témoignage des ouvrages publiés (1575-1580) de Toscano et d’un livre annoté par lui (1564-1566/7 [?])»; L. Pradelle, «A propos du “fabuleux manteau” chez Jean Dorat: une lecture de l’Ode latine “sur la Cosmographie d’André Thévet”»; F. Hallyn, «Jean Dorat et l’anagramme : ressource poétique et problème herméneutique»; A.-P. Pouey-Mounou, «Dorat, figure de l’expérience poétique dans quelques textes de Pierre de Ronsard»; P. Galland-Hallyn, «La poétique des Odes de Jean Dorat: l’influence de Salmon Macrin»; V. Leroux, «Ter repetamus hymen: Dorat et la tradition antique de l’épithalame»; I. Pantin, «Dorat et la Poésie de la Nature, du ciel et du Nombre»; M. Magnien, «Sur un échange poétique méconnu entre Dorat et La Boétie autour de l’Edit du semestre (1554)»; J. Dupèbe, «Précisions sur la jeunesse de Jean Dorat»; J.-E. Girot, «Dorat et les humanistes : les paradoxes de la renommée»; C. Magnien-Simonin, «Inventaire des contributions imprimées éparses de Jean Dorat - Présentation - Inventaire - Index nominum - Chiffres ou signatures abrégées».
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La B.I.H.R. est le fruit de la coopération internationale entre dix-huit pays où la Fédération est représentée (pour l’Europe : Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suisse ; sur les autres continents : Amérique hispanique et Brésil ; Etats-Unis d’Amérique, Japon). Chaque contributeur procède, année après année, au recensement de tout ce qui a paru dans son pays, à savoir les monographies et les articles contenus dans des revues et des collectifs (mélanges, actes de congrès, etc.), à l’exception toutefois des comptes rendus. La Rédaction centrale se charge de collecter les différentes contributions en vue d’une publication annuelle. Les termes Humanisme et Renaissance y sont entendus dans leur sens le plus large; ils embrassent toute l’activité humaine – économique, juridique, scientifique, technique, littéraire, philosophique, religieuse, artistique, au cours des XVe et XVIe siècles. Nous avons toutefois conservé une certaine souplesse à ces limites chronologiques, compte tenu du développement asynchrone de ces mouvements culturels dans les différents pays concernés.