Renaissance
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La Syrinx au bûcher, consacrée à la figure de Pan et à celle des satyres, prend pour point de départ le proverbe humaniste des « Silènes d'Alcibiade », tiré du Banquet de Platon. Elle se clôt sur le personnage du satyre dans la pastorale dramatique, l'opéra et le ballet de cour. Au cours du seizième siècle, l'allégorie des silènes, de Pan et des satyres se transforme en fable et en fiction. Cette double évolution, qui s'apparente à la fois à une dégradation et à une incarnation, est d©clinée dans la poésie, la satire, le théâtre, la danse, les traités de sorcellerie et les arts visuels.
L'image du silène comme symbole de la dualité, la diabolisation et la mort de Pan, la relation du satyre et de la satire et, enfin, le personnge théâtral du satyre établissent une figure qui permet de penser, au croisement de la Renaissance et de l'âge baroque, le rapport de la parole au mal, de l'amour à la loi, de l'homme civilisé à l'autre, qu'il soit animal, monstre, paysan, barbare ou étranger.
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La nuit n’a pas la faveur des historiens. Les spécialistes de la Renaissance nous assurent qu’elle est le moment de tous les dangers, pour le corps et pour l’âme, alors tourmentés par le diable et les rêves impurs. L’enquête menée par Daniel Ménager dans la culture littéraire des élites parvient à des résultats fort différents. A la suite d’Orphée et bien avant les romantiques, les poètes de la Renaissance y ont trouvé le temps de l’apaisement. Les astronomes, comme Galilée, ont attendu impatiemment que la vaste nuit allumât étoiles et planètes. Quant aux mystiques, ils ont cherché des nuits entières les voies obscures du désir de Dieu. Il n’en fallait pas plus pour que les livres d’emblèmes célèbrent, avec l’artifice de la concision, les vertus du travail nocturne. Si la nuit est normalement destinée au sommeil, le héros de cet ouvrage, Don Quichotte de la Mancha, celui qui joue ses rêves les yeux ouverts, vient nous sommer de sacrifier le repos au devoir de vigilance. La Renaissance et la nuit écrit l’histoire d’une conception; ses heures d’élection incitent aussi à la rêverie en compagnie de Pétrarque, Sannazar, Michel-Ange, Le Tasse, Ronsard, Belleau, Shakespeare, Cervantès et de beaucoup d’autres, dont quelques peintres qui, autrement que les écrivains, ont donné à voir la nuit.
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Le parlement de Paris, voix de la « raison », a-t-il réussi à se faire entendre en ce XVIe siècle de luttes civiles et religieuses, alors que se déchaînaient les passions les plus irraisonnées ? C'est à cette question que répond Sylvie Daubresse en suivant les réactions du Parlement aux événements qui ont marqué les premières guerres de Religion en France. L'attitude du Parlement à l'égard de la politique religieuse et des exigences financières de plus en plus lourdes du pouvoir royal, engendrées par la « nécessité » de la guerre, est examinée dans le détail. L'étude apprécie les fondements théoriques et symboliques du pouvoir comme les pratiques de la première cour souveraine du royaume. Elle est centrée sur l'enregistrement des édits royaux et l'expérience du droit de remontrances, dont les sources sont principalement manuscrites, mais s'appuie également sur des sources imprimées comme les traités politiques et juridiques, la correspondance diplomatique, les chroniques contemporaines. Pendant cette époque troublée de l'histoire de France, le parlement de Paris et le gouvernement royal, malgré quelques heurts, arrivent généralement à des solutions de compromis qui sont les signes d'un travail de conciliation et de dialogue permanent. Ainsi l'auteur peut-elle démontrer que, si l'univers politique de la fin du XVIe siècle est animé par la violence et la contrainte, il est aussi fait de persuasion.
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Quiconque considère la résurgence du cynisme à la Renaissance pénètre un domaine vaste, mais laissé en friche par les philosophes et délaissé des littéraires. Quelques exemples suffisent à en évaluer l’étendue : reconnaître Diogène dans le Christ et faire – subrepticement – du premier des Adages un adage diogénique ; s’assimiler à Diogène roulant son tonneau pour illustrer la fabrique du Tiers Livre ; attaquer saint Augustin pour son incapacité à comprendre l’impudeur des cyniques ; souhaiter comme idéal pour l’homme de n’être " serf de personne ". Voilà quatre positions où l’on aura reconnu Erasme, Rabelais, Montaigne ainsi que La Boétie et qui persuadent que si le cynisme est bien une philosophie de la Renaissance, il a aussi été un formidable moyen de penser et de parler à neuf. Alors que le bien-dire envahit l’espace public, le dire vrai des cyniques, incisif, est apte à façonner des formes littéraires inédites et à procurer de nouveaux moyens critiques. Contre ceux qui prémunissent la morale des discours bien-pensants, Diogène n’affirmait-il pas, crânement, que l’exercice de la vertu n’est pas pour les pisse-froid, qu’on peut être obscène et vertueux, violent et pédagogue, tout en restant " joyeux entre mille " ?
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Dès sa parution à Turin en 1995, La Stanza della memoria s'est hissée parmi les classiques du genre que constituaient les études de Paolo Rossi et de Frances Yates. Dans le même temps, Lina Bolzoni en a modifié la perspective : plutôt que les traités de mémoire, ce sont les pratiques qui recourent aux techniques de la mémorisation qu'elle a pris le parti d'examiner. Ainsi La Chambre de la mémoire est-elle bâtie sur un paradoxe : alors que les arts de la mémoire surgissent dans une société orale, c'est à l'âge de l'imprimerie qu'ils rencontrent le plus grand succès. Perdant de leur utilité initiale, ils gagnent en efficacité rhétorique. L'auteur examine les diagrammes, le langage chiffré, les alphabets figurés, les rébus, les jeux littéraires, les métaphores et les mythes, autant de modèles qui obsèdent la culture italienne du XVIe siècle et sur lesquels s'exerce une inépuisable érudition mnémotechnique. Son ouvrage reconstruit une culture qui expérimente le pouvoir des images et qui agrée la fascination de la mémoire comme la difficulté d'oublier ; ce faisant, il explore un territoire qui, aux confins de la raison et du désir, hésitant entre le corps et la psyché, lie définitivement les arts de la mémoire aux mécanismes de la création.
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L'histoire de France se drape-t-elle de blanc ? C'est que le blanc contribue à la réflexion sur l'identité politique et religieuse française ainsi qu'à son élaboration sémiotique pendant les guerres de religions. De la confrontation des sources textuelles et iconographiques, Denise Turrel jalonne l'enquête jusqu'au terme de l'Ancien Régime : elle examine, en premier, l'identification des insignes militaires pendant les guerres civiles (la croix et l'écharpe blanche) ; puis leur utilisation politique par la population, chacune des forces en présence s'efforçant de rassembler les Français autour de son emblème et de discréditer celui de l'ennemi ; enfin l'évolution des valeurs attribuées à la couleur blanche, de Charles IX à Louis XIII : elle incarne successivement la bonne conscience de la prise d'armes des huguenots en 1562, le sentiment national sous le premier Bourbon (le blanc français contre le rouge espagnol), avant de devenir avec Louis XIII la couleur identitaire de la monarchie catholique. Ce lien entre le blanc, la monarchie bourbonienne et la France, ourdi durant les guerres de Religion et noué par la détermination et le destin particulier d'Henri IV, ne se rompra qu'à la Révolution.
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Enseigner le latin, certes, mais aussi former les écoliers dans les bonnes mœurs, tels sont les buts que poursuivent ces humanistes pédagogues, auteurs de colloques, que sont Erasme, Vivès ou encore Castellion.
Avec ses Dialogi sacri, dont David Amherdt et Yves Giraud éditent le premier livre, Sébastien Castellion se révèle un maître audacieux et soucieux de la formation de ses élèves genevois. Craignant que les comédies de Térence ne corrompent l’âme des écoliers, il a choisi la Bible pour thème ; désirant mettre la langue latine à la portée des plus jeunes, il a simplifié la syntaxe latine et adjoint une traduction française. Il propose ainsi un outil pédagogique dont les intérêts sont multiples : livre de lecture, manuel de langue pour le latin tout aussi bien que pour le français, dans la mesure où les Dialogues fournissent des modèles de conversation à voix haute et se prêtent à l’interprétation de saynètes par les élèves eux-mêmes, autant qu’ils servent à linstruction morale et religieuse.
Les Dialogi sacri, dont la version définitive réunira quatre livres en latin, connaîtront un immense succès. En 1844, Charles Nodier les qualifiait encore de " joli abrégé de l’Ecriture Sainte, composé sous u forme dramatique assez singulière, et qu’on appellerait romantique aujourd’hui ".