Antiquité
Avec l’ampleur de la diffusion des publications en langue originale aux alentours des années 60 du siècle dernier, les études tibétologiques ont pris un essor sans précédent dans l’histoire de la discipline. Cet essor s’est traduit non seulement par l’augmentation des publications de type académique mais également par la diversité des thèmes traités. Il était évident que, devant un tel choix de sources désormais disponibles pour l’analyse, les études tibétaines allaient se diversifier grandement, au point que des sous-branches de la tibétologie dans le sens le plus large se sont progressivement détachées du tronc originel pour, pratiquement, voler de leurs propres ailes. Si cela est à l’évidence vrai pour les études bouddhiques par exemple qui sont pour une grande part issues des études indianistes, cela l’est tout autant pour d’autres branches que l’on attendait moins sur le devant de la scène académique, comme la linguistique ou les études portant sur la littérature tibétaine contemporaine, sans parler du développement des sciences et techniques. Les travaux réunis dans ces Études tibétaines sont les témoignages de ces développements aussi riches que divers, présentés en hommage sincère à Anne Chayet par ses amis et collègues.
La Lycie et la Cabalide sont deux régions antiques de l’Asie Mineure du Sud-Ouest dont l’histoire s’est sensiblement enrichie durant les deux dernières décennies : ce fut notamment grâce à la publication de documents épigraphiques d’une grande richesse, tels la fondation du concours des Démosthénéia de Termessos près d’Oinoanda, le stadiasme de Patara et le traité entre Rome et la Lycie conclu par César. La connaissance de ces régions est aujourd’hui éclairée par une inscription longue de 111 lignes découverte au Létôon de Xanthos, dont l’édition commentée forme le cœur de ce livre. Cette inscription est une convention conclue entre la confédération des Lyciens et la cité de Cabalide appelée Termessos près d’Oinoanda. Datant de ca 160-150 av. J.-C., la convention règle entre les deux parties une série de litiges, qui portaient notamment sur des questions douanière et territoriale entre les cités de Tlos et de Termessos, et qui mettaient en jeu les intérêts économiques des Termessiens. Sur l’exploitation des zones de confins dans le monde grec, la convention contient un compromis original, qui reconnaît à Tlos la propriété d’un mont appelé Masa, situé entre les deux villes, et à Termessos le droit d’y faire paître et d’en recueillir le bois. La convention éclaire l’histoire de la confédération lycienne, et renouvelle largement notre connaissance de Termessos près d’Oinoanda et des relations entre cette cité et les Lyciens. Sur ces questions le livre utilise les témoignages des auteurs, les sources numismatiques et les documents épigraphiques provenant de plusieurs autres sites de Lycie et de Cabalide ; il contient ainsi l’édition ou la réédition de treize autres inscriptions, parmi lesquelles figurent un traité récemment découvert à Boubôn, le traité entre Rome et la Lycie de 46 av. J.-C. et le stadiasme de Patara. Enfin, l’enquête topographique vient compléter les sources écrites et fonder l’étude de la géographie et des frontières de la cité de Termessos, qui est une contribution à l’histoire des territoires antiques en Asie Mineure.
La formation des modèles de contrat dans la culture juridique ouest-sémitique, objet de la table ronde qui s’est tenue à l’EPHE en septembre 2006, est un thème qui permet d’aborder l’histoire juridique de la Syrie-Palestine et, en partie, de l’Égypte sur une longue période, allant du deuxième millénaire avant notre ère jusqu’au Moyen Âge. Les actes de la pratique sont en effet de bons indicateurs de l’évolution et de la transmission des traditions scribales, en ce qu’ils reflètent les permanences et les changements du droit et de l’écriture du droit.
Dans les sociétés du Proche-Orient ancien et médiéval, où la création des conventions est dominée par l’oralité et le formalisme, les formulaires des contrats opèrent une standardisation des clauses qui n’implique pas pour autant leur uniformité, voire leur canonisation figée. Il existe au contraire une « dynamique des formules », pour reprendre l’heureuse expression de Jean Hilaire à propos du droit notarial médiéval, parce que le praticien conserve et innove tout à la fois, afin de concilier les besoins des parties et les exigences de la coutume.
Langage commun ou langage fossile, les formulaires juridiques parcourent le monde ouest-sémitique, de la Syrie cunéiforme (Mari, Émar, Ougarit, empires néo-assyrien et néo-babylonien) jusqu’au Talmud et aux premiers formulaires arabes, en passant par les papyri d’Éléphantine et de Samarie, les tablettes araméennes et les textes en sud-arabique, en nabatéen, palmyrénien, et en syriaque, judéo-araméen et hébreu.
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En Espagne, le développement de l’histoire des femmes, dans les années 1980, est contemporain des profonds changements qui ont affecté la sociét© après l’avènement de la démocratie. Aux lendemains de la Transition, les revendications féministes ont porté, tout particulièrement, sur l’accès au marché du travail et sur la reconnaissance de la contribution féminine à l’économie. Cete concomitance contribue à expliquer que l’attention des historiens se soit portée très tôt sur la place des femmes dans les activités de service et de production, qu’elles soient salariées ou pas. Sans doute l’heure n’est-elle pas encore au bilan, mais le dossier présenté dans ce numéro permet d’apprécier les progrès accomplis sur cette question. Plus qu’une évolution linéaire, c’est la variété des situations, la diversité des sources et les enjeux heuristiques de ce champ d’étude que les auteurs ont cherché à montrer.
L’ouvrage se propose d’appliquer la méthode éprouvée du comparatisme structural indo-européen aux textes poétiques, mythologiques et désormais philosophiques, notamment présocratiques, afin de repenser l’unité de la sagesse grecque (sophía). Comment concilier la sagacité vide du déchiffreur d’énigmes qui, tel un sophiste, ne connaît des choses que le système de leurs noms, avec la science « universelle parce que première », dont la poursuite transforme la sagesse en métaphysique ? Bien que composé en Inde, le Veda offre une réponse, se posant en réalité primordiale du seul fait qu’il cultive l’occulte dans la parole. La théorie platonicienne des Idées, en effet, se révélera ici déductible de l’antique hiérarchie articulant langue des hommes et langue des dieux, présente dans le Veda comme chez Homère. Les Mystères d’Éleusis, dont Platon se réclame dès qu’il affirme le caractère stratifié de l’être, confirmeront cette généalogie : faisant de la connaissance une source d’immortalité, ils mettent en scène, dans des rites analogues à ceux des brâhmanes, la quête de l’inspiration propre aux poètes-voyants, laquelle culmine dans l’intuition intellectuelle des noms secrets en usage chez les dieux.les dieux.