Antiquité
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Six exposés suivis de discussions. Table des Matières / Table of Contents: Introduction par P. DUCREY ; H.VAN WEES, « “Stasis, Destroyer of Men“. Mass, Elite, Political Violence and Security in Archaic Greece » ; W.RIESS, « Private Violence and State Control. The Prosecution of Homicide an its Symbolic Meanings in Fourth-Century BC Athens » ; A. CHANIOTIS, « Policing the Hellenistic Countryside. Realities and Ideologies » ; C. BRÉLAZ, « L’adieu aux armes : La défense de la cité grecque dans l’empire romain pacifié » ; A. W. LINTOTT, « How High a Priority did Public Order and Public Security have under the Republic ? » ; R. MacMULLEN, « The Problem of Fanaticism » ; Y. RIVIÈRE, « L’Italie, les îles et le continent : Recherches sur l’exil et l’administration du territoire impérial (Ier-IIIe siècles) ; Épilogue par C. BRÉLAZ et P. DUCREY.
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Les connaissances sur les Gaulois et leurs langues progressent par la découverte et l’interprétation des documents épigraphiques. Le présent volume, issu d’un colloque international et pluridisciplinaire qui s’est tenu à l’université de Clermont-Ferrand, regroupe dix-neuf contributions (en français, anglais, allemand, italien, espagnol). Le livre s’articule en deux parties : la première porte sur les contextes historique, géographique et sociologique des inscriptions gauloises et gallo-romaines, ainsi que sur les données archéologiques de la découverte de la tablette de plomb de Chamalières en 1971 ; la seconde partie envisage les langues celtiques dans leurs divers aspects (phonétique, morphologie, syntaxe, onomastique, toponymie). Parmi les auteurs, certains reviennent sur des documents gaulois dont l’analyse reste controversée, et plusieurs considèrent d’autres langues qui relèvent, comme le gaulois, du celtique continental: celtibère, lépontique, etc., dont la connaissance a beaucoup progressé dans les dernières décennies. L’interprétation des faits gaulois et des autres langues celtiques du continent est enrichie constamment par la confrontation avec les données plus récentes des langues celtiques insulaires, parmi lesquelles les langues brittoniques. La dialectologie de l’ensemble de la famille celtique est placée dans des perspectives nouvelles. Par sa diversité, ce volume est susceptible d’intéresser à la fois les historiens de la Gaule et de la péninsule Ibérique dans l’Antiquité, les linguistes, comparatistes du groupe indo-européen, et les philologues spécialistes des langues celtiques.
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Dès l’Antiquité, Strabon signalait que l’usage fréquent que les Grecs d’Elide faisaient du rhô prêtait à rire, et le lexicographe Hésychius qualifiait ce peuple du Péloponnèse de barbarophônoi, décrivant leur parler comme rude et peu clair. Aussi les Modernes s’intéressèrent au dialecte éléen dès la publication des premières inscriptions découvertes à Olympie, au début du XIXe siècle. Depuis, le nombre de textes éléens s’est notablement accru. Leur réunion en corpus constitue aujourd’hui une première contribution à la réédition des Inschriften von Olympia publiées en 1896. Le premier volume présente l’édition traduite et commentée des inscriptions éléennes dialectales. Toutes les catégories de documents inscrits ont été prises en considération, qu’ils soient privés ou publics, comme les nombreuses lois sacrées ou les monnaies. Ainsi est-ce l’ensemble des vestiges du dialecte qui est réuni et classé chronologiquement, de la seconde moitié du vie siècle jusqu’aux derniers documents, datant de ca 200 avant notre ère. L’étude des textes du vie et du Ve siècle apporte un éclairage nouveau sur la vie politique et le fonctionnement institutionnel de la cité d’Elis ainsi que sur la domination qu’elle exerça sur les petites cités sises aux alentours du sanctuaire d’Olympie, en Pisatide et en Triphylie. Le second volume fournit une grammaire complète du dialecte. A l’étude graphique, phonétique et phonologique des textes succède celle de la morphologie, de la syntaxe et du lexique complété par les gloses et une étude onomastique. L’analyse des textes qui illustrent le déclin du dialecte conclut cette grammaire. L’ouvrage associe ainsi les approches institutionnelle, philologique et linguistique pour donner sens à des textes de prime abord difficiles. Il apporte une contribution à l’histoire des Eléens et d’Olympie de l’archaïsme à l’époque hellénistique.
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Les multiples expéditions allemandes, britanniques, françaises, japonaises et russes qui eurent lieu à l’extrême fin du xixe et au début du xxe siècle dans ce que l’on appelait alors le Turkestan chinois mirent au jour une grande quantité de manuscrits du ier au xe siècle de notre ère en langues diverses, chinois surtout, mais également tibétain, sanskrit, turc ou sogdien, notamment dans les fameuses oasis de Dunhuang et Turfan. Depuis, ces dizaines de milliers de documents ont été exploités par les chercheurs de nombreux pays, donnant lieu à plusieurs milliers d’ouvrages et des dizaines de milliers d’articles, pour la très grande majorité en chinois, qui ont renouvelé complètement non seulement l’histoire locale, mais encore celle de la Chine et d’une partie de l’Asie centrale. Ces manuscrits n’ont pourtant pas livré tous leurs secrets. Même si la chasse aux trésors, inédits, curiosités et textes disparus, se clôt peu à peu, le croisement des documents, leur étude en série permettent d’éclairer de vastes pans de l’histoire économique, sociale, religieuse ou artistique d’une région chinoise qui fut un carrefour de civilisations pendant des siècles.
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Le sanctuaire de Zeus à Dodone (Epire) est, après Delphes, l'un des plus fameux sanctuaires oraculaires du monde grec. Son originalité, et, pour nous, son intérêt, tiennent à ce que les questions posées par les consultants à l'oracle étaient gravées sur des lamelles de plomb, retrouvées en grand nombre lors des fouilles du sanctuaire. La grande majorité de ces documents reste inaccessible, mais certains ont été publiés.
Les lamelles oraculaires de Dodone connues à ce jour ont été regroupées en un corpus systématique, puis étudiées des points de vue historique, paléographique, philologique, linguistique, dialectologique. L'histoire des lamelles commence vers 550, et prend fin brusquement en 167 av. J.-C., quand les Romains de Paul-Emile incendient le sanctuaire. Dodone était par excellence le sanctuaire des Epirotes, mais la zone de rayonnement de son oracle englobait aussi les colonies corinthiennes, la Thessalie, la Boétie, l'Attique, la Grande-Grèce et la Sicile. Le formulaire des questions oraculaires est rigoureux, mais admet de nombreuses variantes, et n'a connu aucune évolution. Les réponses de l'oracle sont rarissimes, mais bien identifiées. Il n'existe pas de dialecte épirote, aussi faut-il poser un continuum linguistique dorien allant du Golfe de Corinthe à la Macédoine incluse.
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L’œuvre tout à fait exceptionnelle de H.-G. Pflaum, disparu il y a vingt-cinq ans, connaît une longévité peu commune qui marque bien son caractère novateur. Sa renommée ne s’est pas seulement fondée sur les études consacrées aux procurateurs équestres. Le grand savant connaissait admirablement les arcanes de l’administration romaine, assumée sur le devant de la scène par les plus illustres aristocrates, les sénateurs, mais gérée en fait par les affranchis impériaux ; il se pencha aussi sur l’organisation de la société, et rien du monde romain ne lui fut étranger. Cette connaissance exceptionnelle se fondait sur l’exploitation minutieuse et rigoureuse, non seulement de l’épigraphie latine et grecque, mais aussi des sources littéraires, de la papyrologie, voire de la numismatique. Cet itinéraire scientifique s’accomplit en dépit des obstacles dus à l’histoire tourmentée du xxe siècle, dont H.-G. Pflaum, né à Berlin en 1902, eut à subir les conséquences.
Le Colloque international organisé en son honneur a permis de mesurer l’importance pour les disciplines historiques de son héritage ; il a fait s’engager de fructueux dialogues, sur quelques thèmes choisis, entre des auditeurs directs de H.-G. Pflaum et leurs propres élèves. Ainsi s’est révélée, pour deux générations, la pertinence des méthodes inculquées par le maître, la rigueur des analyses faisant apparaître des constantes et soutenant la démonstration, le rejet des hypothèses aventur©es. Ces Actes constituent le reflet d’une influence scientifique qui n’est pas près de décliner.
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Si aujourd'hui la polis n'est plus morte à Chéronée, la période qui s'ouvre avec le iie s. av. J.-C. n'en reste pas moins largement terra incognita, y compris pour l'étude des institutions des cités grecques.
Cette période, qui doit à Louis Robert son nom de « basse époque hellénistique », est marquée dans la documentation épigraphique par une rhétorique particulière et l'octroi d'honneurs exceptionnels à quelques grands évergètes, qui ont souvent fait conclure à la dépolitisation de la vie civique.
Pourtant, l'analyse systématique des inscriptions, région par région, permet de poser quelques questions essentielles : quelle périodisation proposer pour ces deux ou trois siècles d'histoire, où les charnières chronologiques semblent varier fortement ? Les citoyens sont-ils encore acteurs ou deviennent-ils les simples spectateurs d'une vie civique confisquée par une poignée de notables monopolisant les magistratures et les places au Conseil ? Enfin, peut-on mesurer les conséquences de la conquête romaine sur les institutions ?
Tels sont les axes de réflexion d'une table-ronde qui réunit autour de Philippe Gauthier un groupe de chercheurs, dont l'objectif est d'abord d'ouvrir des perspectives.
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