Antiquité
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Koryphaioi andri.: «Pour un homme des cimes». Sous ce titre, soixante-quatre études sont réunies à l’occasion du soixante-cinquième anniversaire d’André Hurst, professeur de grec à l’Université de Genève de 1983 à 2003. Le dédicataire est en effet un habitué des sommets, ceux de la littérature grecque à laquelle il a voué l’essentiel de ses recherches, mais aussi ceux de la montagne qui lui est chère et, enfin, ceux de l’Université de Genève, dont il est recteur depuis 2003. Des amis, des collègues, des élèves, partageant un intérêt commun pour l’antiquité, attestent de son rayonnement par la diversité des horizons dont ils proviennent et par la variété de leurs approches. Les contributions, regroupées en cinq chapitres – «La poésie et ses échos» (28 articles), «Religions» (8 articles), «Les idées, les mots et leur histoire» (15 articles), « Autres histoires et realia» (11 articles), « Renaissance» (2 articles) –, offrent au lecteur des analyses et des synthèses originales, des commentaires, des publications d’inédits.
Antje Kolde, Alessandra Lukinovich et André-Louis Rey, éditeurs du volume, enseignent la langue et la littérature grecques à la Faculté des lettres de l’Université de Genève.
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Rien n’était plus étranger aux conceptions grecques que l’éventuelle irresponsabilité des détenteurs de charges publiques. Dans les cités, le pouvoir exécutif était entre les mains de citoyens qui assumaient des charges limitées dans le temps et dans leurs attributions, ce que nous appelons les magistratures. L’ouvrage étudie la façon dont les Grecs tentaient de maintenir un contrôle sur les détenteurs de ces fonctions. La documentation disponible, essentiellement épigraphique, y est rassemblée pour l’ensemble du monde grec, à la période où elle est la plus abondante et la seule à laquelle le sujet puisse être étudié, l’époque hellénistique.
Fondée sur plusieurs dizaines d’exemples, l’étude montre qu’un contrôle très pointilleux était établi sur les magistrats de la plupart des cités. Soumis de façon systématique à une reddition de comptes en fin de charge – et parfois en cours de mandat –, les détenteurs de magistratures pouvaient en permanence être déposés et étaient passibles de toutes sortes de poursuites judiciaires. Il apparaît que les citoyens ordinaires tenaient une large place dans ce processus de contrôle et de sanction des magistrats.
L’ouvrage éclaire ainsi un aspect méconnu mais fondamental des institutions politiques grecques, montrant la validité de l’analyse d’Aristote bien au-delà du ive siècle. Il apporte une contribution à la compréhension des démocraties grecques, dont il démontre la vitalité et la diversité à l’époque hellénistique.
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Durant la deuxième moitié du viii et tout le vii siècle av. J.-C. des artisans doués et prolifiques, faisant preuve de personnalités artistiques très distinctes, travaillèrent dans les îles de la mer Egée, notamment en Crète, à Rhodes et dans les îles cycladiques, produisant de grandes jarres décorées de reliefs. Ils adoptèrent dès le géométrqiue récent la forme de l'amphore à col développé dont la face arrière restait sans décor, puisque, le plus souvent, elle n'était pas visible. Reprenant la tradition des jarres protohistoriques là où elle avait été interrompue, les potiers des vases à reliefs ornèrent leurs récipients gigantesques d'un riche décor réalisé à la main, au moule ou à la roulette, linéaire à ses début mais très vite enrichi de thèmes figurés, dont la conception et l'arrangement sont souvent extraordinaires. Les amphores à reliefs, surtout celles de Ténos et de Béotie, nous font connaître des figures et des thèmes mythologiques complètement ignorés du reste de la Grèce. L'intérêt artistique et iconographique que présentent les vases à reliefs dépasse de beaucoup en importance leur quantité. Seule la peinture attique, depuis le protoattique moyen, pourrait rivaliser avec la diversité et l'originalité des sujets mythologiques ou épiques des amphores à reliefs et la monumentalité atteinte par certaines des représentations qui les décorent.
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L’apport de l’épigraphie grecque à la connaissance des professions médicales est loin d’être négligeable pour l’histoire de la médecine dans le monde antique.
525 inscriptions traduites et commentées proposent au lecteur des informations de première main sur la vie quotidienne des praticiens de la médecine, comme l’exercice de la médecine par une femme dans l’Athènes du IVe siècle a.C., le dévouement des médecins publics dans les cités hellénistiques, l’hommage rendu par les assemblées aux praticiens méritants, le déroulement de carrière d’un médecin de Cos au IIe siècle a.C., la dédicace de malades guéris, l’organisation de concours entre médecins dans l’Ephèse du IIe siècle de notre ère.
Les inscriptions montrent clairement que ces hommes et femmes disposaient, pour soigner leurs contemporains, de formations, de statuts et de conditions d’exercice d’une grande variété. Au fil des siècles, de l’époque hellénistique à la période romaine, le notable succède au médecin voyageur, appelé de cité en cité.
" Technicien " détenteur d’un art dont il connaît le prix, le médecin est aussi une personne reconnue et souvent honorée, pour sa compétence et ses qualités humaines.
Les inscriptions mettent ainsi en évidence la constitution progressive d’un véritable corps professionnel qui s’organise, se reconnaît et se rencontre autour d’une déontologie commune.
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