Antiquité
L’ombre de La Fontaine s’étend si démesurément sur les fables qu’elle a objectivement barré, en amont et en aval, leur horizon critique. Les études réunies dans ce volume, qui constituent les actes d’un colloque tenu à Paris en 2007, explorent l’avant du recueil qui a transfiguré l’apologue et l’a en même temps épuisé : la floraison de recueils qui a préparé au XVIIe siècle l’éclosion du chef-d'oeuvre du genre ésopique, les fabliers humanistes qui les ont précédés et plus avant encore au Moyen Âge les Isopets. Le nom même des premières collections de fables en français souligne leur dette envers les collections gréco-latines dont elles sont lointainement tirées. On trouvera aussi un bilan et un prolongement des travaux importants publiés sur la fable grecque au cours des dernières années, et plus encore sur le domaine latin, décisif pour la naissance du genre ésopique en français : les recueils « classiques » de Phèdre et d’Avianus, ainsi que le champ, plus vaste et plus méconnu, des apologues médio-latins.
Sommaire
Articles
M. Taylor, « L’embrasement du pont du Rhône de 1670
Gestion et perception du fléau du feu à Genève dans la seconde moitié du XVIIe siècle »
M. Caillat, « Genève, centre mondial du mouvement antibolchévique durent l’Entre-deux-guerres : l’Entente internationale anticommuniste de Théodore Aubert » ;
Outils et lieux de la recherche
M. de la Corbière, « Petite réflexion sur les apports des sociétés savantes à la recherche historique régionale »
J.-F. Gilmont, « La base de données « GLN 15-16 » (Genève, Lausanne, Neuchâtel, XVe et XVIe siècle) » ;
M. Piguet, « Adhémar, base de données des Archives d’Etat de Genève » ;
M. Piguet, « Catalogue des travaux d’étudiants relatifs à l’histoire de Genève (2002 à 2009) » ;
Hommage
A.-M. Piuz, « Hommage à Jean-François Bergier »
Historien, archéologue, épigraphiste... Denis Knoepfler est tout cela à la fois, mais plus encore : un enseignant qu’une carrière exceptionnelle a conduit de l’université de Neuchâtel, où il fut successivement maître assistant et professeur, jusqu’au Collège de France, qui a créé pour lui, en 2003, la chaire d’épigraphie et d’histoire des cités grecques dont il est aujourd’hui titulaire. Ses élèves ont voulu lui rendre hommage en lui dédiant une série d’articles qui témoigneraient de la multiplicité d’intérêts suscités par son enseignement. Le présent volume réunit ainsi quinze contributions relatives à l’épigraphie du monde grec, et neuf autres portant sur des sujets tels que la mythologie, l’histoire politique et religieuse, la géographie, la statuaire, la numismatique ou encore la glyptique des Anciens.
Le présent ouvrage s’intéresse à la question des formes de gradation dites supplétives, c’est-à-dire des comparatifs et des superlatifs défectifs, dépourvus d’un adjectif correspondant issu de la même racine qu’eux, et qui répondent à un positif provenant d’une autre racine (type grec ἀγαθός « bon », ἀμείνων « meilleur », ἄριστος « le meilleur »). S’appuyant sur une étude philologique détaillée des faits de supplétisme dans les langues indo-européennes, notamment en grec ancien où ce phé- nomène est le mieux représenté, il consacre d’assez longs déve- loppements aux faits de polysupplétisme, où plusieurs formes de gradation se trouvent répondre à un même adjectif ; et il s’efforce, dans une perspective d’histoire des langues, d’observer la genèse des systèmes linguistiques tels qu’ils y apparaissent. Il étudie éga- lement la question de l’origine du supplétisme, et en particulier de la défectivité qui en constitue la cause principale. Des dévelop- pements étymologiques viennent compléter ces exposés, si pos- sible dans le prolongement des études philologiques qui les ont précédés; ils comprennent, en outre, une analyse des quelques traits de morphologie particulièrement archaïques que les formes de gradation supplétives, souvent isolées de par leur nature défec- tive, ont pu parfois d’autant mieux préserver, notamment dans leur vocalisme radical.
Le monde est une scène, la vie est un drame : la métaphore du théâtre du monde est l’une des plus triviales qui se trouvent. Elle s’insinue jusque dans le vocabulaire, par exemple dans le mot « personne », dérivé du latin persona signifiant « masque », puis « personnage » de théâtre. Le théâtre fournit donc à la théorie un certain lexique, ainsi qu’un véhicule métaphorique qui se révèle opératoire dans de nombreux domaines, par exemple en rhétorique, en éthique ou en métaphysique. Comment la formalisation de l’objet esthétique qu’est le théâtre a-t-elle pu influencer la théorisation de problèmes abstraits et complexes, tel celui de l'action humaine ? En leur offrant un modèle analogique et artificiel, comme on le verra en inventoriant les formulations et usages métaphoriques du drame de la vie de l’Antiquité au XVIIe siècle, notamment chez certains auteurs décisifs comme Cicéron, Plotin, Thomas More, Montaigne, Shakespeare ou Calderón. Si l’étude de cette métaphore contribue à l’écriture d’une histoire dramatique de notions comme la « personne », elle permet réciproquement d’établir l’histoire philosophique des mots du théâtre, comme l’acteur, le personnage, le poète, la scène ou le spectateur. Les références métaphoriques au théâtre dessinent ainsi en creux une théorie du théâtre qui vient compléter de façon souvent originale les sources « directes », Poétiques et Arts de l’acteur. Loin d’être une figure de style figée, la métaphore ouvre des perspectives nouvelles dans chacun des deux champs qu'elle rapproche : elle établit un dialogue entre réflexion théorique et expérience dramatique, entre Socrate et Shakespeare.