Renaissance
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Le huitième volume des Registres du Consistoire de Genève est caractérisé par l’intensification des conflits entre Jean Calvin et le Consistoire, d’un côté, et les Enfants de Genève, de l’autre. Ces derniers se lamentent de l’important afflux de réfugiés qui proviennent surtout de France, ainsi que du pouvoir croissant des pasteurs et du Consistoire. Le pouvoir de privation de la Cène reste toujours une source de disputes amères. Quand, en septembre 1553, le Petit Conseil réadmet à la Cène Philibert Berthelier, antagoniste acharné de Calvin, le réformateur rétorque qu’il préfère mourir plutôt que d’approuver cette décision. Mais la question de la Cène ne sera résolue qu’en janvier 1555. Le Consistoire ne joue aucun rôle dans le tristement célèbre procès d’hérésie contre Michel Servet, dont l’exécution en octobre 1553 provoque en Europe un vif débat sur la tolérance religieuse. Pourtant, l’on remarque dans ce volume une augmentation des investigations contre ceux qui avaient osé critiquer la doctrine de la prédestination ou avaient exprimé des propos hétérodoxes. Les actions contre la mauvaise conduite sont de toute façon beaucoup plus nombreuses que celles contre les croyances inacceptables. Dans ce registre, on continue à trouver des actions contre les pratiques magiques et la consultation des guérisseurs, les chansons profanes, les danses et les blasphèmes. Les actions contre les querelles et la sexualité illicite sont toujours très nombreuses et dans le contrôle du mariage, les enquêtes sur les contrats controversés sont bien plus communes que les demandes de divorces. Dans ce genre de disputes, l’attention du Consistoire est principalement concentrée sur les tentatives de réconciliation entre parties adverses et sur le maintien de la paix sociale.
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Table des matières
Introduction
PREMIÈRE PARTIE: L’ÉVIDENCE DE LA VÉRITÉ
Chapitre premier : Que Dieu se montre seulement
« Nos ennemys ne pourront resister »
De l’ombre à la lumière
La rhétorique du peuple élu
Dans les rets de Satan
Sortir du silence
Une première expression politique
Le premier appel lancé aux princes protestants étrangers
Le premier engagement nobiliaire
Des Eglises unies, dans l’attente d’un signe
Les pasteurs au pouvoir
Le jugement de Dieu
Chapitre II : La genèse d’une conscience politique
Les hésitations des princes
Une fausse piste : l’indifférence de la reine mère
A la recherche d’un prince
Où le réformé se métamorphose en huguenot
Les ferments de la révolte
Les trois pôles de l’activisme réformé
« Une croisade de chevaliers errants »
Le spectre de la guerre civile
La première guerre des pamphlets
La multiplication des prises d’armes
Au bord du précipice
Chapitre III : La parole impuissante
Légalité et providence
Le recours aux Etats généraux
Le réveille-matin de Guillot le songeur
Les signes précurseurs d’une victoire promise
L’embryon d’un parti
Une hydre politique
Le rôle politique des institutions ecclésiastiques
Le temps des requêtes
L’illusion de la réunion dogmatique
Aiguiser le glaive de l’esprit
La concorde impossible
La coexistence refusée
DEUXIÈME PARTIE: LA PAROLE ET LE GLAIVE
Chapitre IV : La révolte du parti de Dieu
« Pour le soutènement de la Religion et délivrance du Roy »
« Une petite mousche contre un grand elephant »
Prise d’armes politique et défense de la foi
Les mécanismes de la propagande condéenne
La mobilisation huguenote
Le soutien massif de la noblesse réformée
L’appel aux Eglises d’avril 1562
De l’argent et des troupes : le financement de l’effort de guerre
La création d’un système politique et militaire
Les prémices d’une organisation défensive
Un système confédéral « pour maintenir la pure doctrine de l’Evangille »
Chapitre V : La solidarité évangélique
Religion et sécurité : les ressorts du jeu diplomatique intra-protestant
La conscience aiguë d’une communauté d’intérêts
Soutien diplomatique et neutralisation militaire
Les ambitions anglaises
L’appel aux mercenaires
Hésitations évangéliques : le rôle décisif de Philippe de Hesse
La mission de François d’Andelot
Un projet de ligue protestante internationale ?
La frilosité helvétique
La mission de Madeleine de Mailly
L’intervention anglaise en France
Pour Dieu, l’Angleterre et Calais
« Affligé et triste, usque ad mortem »
La confiance brisée
Chapitre VI : Se résigner à la coexistence ?
Voix dissonantes, voies divergentes
La tentation d’Augsbourg
La paix de la discorde
Pragmatisme nobiliaire et idéalisme pastoral
Combattre en temps de paix
« Ceste divine providence »
Le recours à l’Histoire
L’arène politique
Une guerre inéluctable
Paix inachevée et haines irréductibles
Un parti devenu impuissante ?
La phobie du complot papiste
TROISIÈME PARTIE: LE SALUT PAR LES ARMES ?
Chapitre VII : La « cause generalle » au péril de la guerre
Prise d’armes préventive, guerre défensive
La réorganisation du parti
Le réveil du système politico-militaire huguenot
« Quand Israël hors d’Egypte sortit »
Pax certa, victoria integra, mors honesta
La Rochelle, capitale du parti huguenot
La mobilisation nobiliaire et la conduite de la guerre
Les « deniers de la cause »
« Pour la foy, pour la France et pour la liberté »
D’Orléans à La Rochelle, les conditions matérielles de la production pamphlétaire
La noblesse française, plutôt que l’étranger
La défense du Bien public
« Dieu veut régner »
Droit de résistance et contractualisation
Chapitre VIII : Dans l’oeil d’un cyclone européen
Les nouvelles voies de la diplomatie huguenote
Des équilibres fragiles
Londres et Heidelberg, au coeur de la diplomatie huguenote
Une « saincte alliance »
Initiatives huguenotes
La grande ambition de l’Electeur palatin
Elisabeth, Jean-Casimir et Wolfgang au secours des huguenots
Un appui militaire décisif
Le financement des troupes étrangères
Impasses diplomatiques
Chapitre IX : Le parti assassiné
Sous le signe de la méfiance
La victoire paradoxale des huguenots
Un parti uni et solidaire
« Un edict en papier n’est pas suffisant gage »
Le coup de poker néerlandais
L’échiquier européen recomposé
Le jeu des chaises matrimoniales
Quand Josias se mue en « Hérode sanglant »
Un crime politique
L’agonie d’un rêve
Conclusion
Sources et bibliographie
Index des noms de personnes
Index des figures bibliques
Table des tableaux et illustrations
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Au cours des quarante dernières années, les historiens des phénomènes religieux ont beaucoup discuté des réformes postconciliaires, de la « déchristianisation » ou de la « religion populaire ». Il importe de s’interroger sur la pertinence de ces notions héritées, et de saisir quels enjeux précis, passés ou présents, conscients ou inconscients, elles présupposent. Entrecroisant bilans historiographiques et études de cas, Dominique Julia cherche à mesurer les déplacements sous-jacents qui se sont opérés dans le domaine de l’histoire religieuse. À travers les logiques et le langage des acteurs, il s’efforce aussi de comprendre les transformations qui, entre XVIe et XVIIIe siècles, modifient en profondeur le champ du catholicisme depuis le concile de Trente. La différenciation des échelles d’observation permet de saisir tant les proximités qui unissent et les différences qui séparent les réformes pastorales, que le retentissement d’une guérison depuis le faubourg Saint-Antoine jusqu’à La Haye, Genève ou Rome.
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TABLE DES CHAPITRES
Préface de Jean Balsamo
Remerciements
Avant-propos
PREMIÈRE PARTIE :
ÉLÉMENTS D’ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Résumé biographique
II. Liste des oeuvres de Gabriel Chappuys
a. Liste chronologique des publications de Gabriel Chappuys
b. Liste sommaire des ouvrages et traductions de Gabriel Chappuys (par auteur)
III. Statistique de la production de Chappuys
a. Evolution dans le temps
b. Les traductions de Chappuys
c. Typologie des ouvrages et traductions de Chappuys
d. Fortune éditoriale
e. Les signatures de Gabriel Chappuys
f. Les dédicataires des ouvrages publiés par Chappuys
g. Les libraires éditeurs des ouvrages de Chappuys
IV. Les bibliographies de Gabriel Chappuys
SECONDE PARTIE :
BIBLIOGRAPHIE
Méthodologie
I. Traductions
T01 PASQUALI : Harangue sur la Mort de Marguerite de Valois, 1574
T02 VALER IANO : Commentaires hiéroglyphiques, 1576
T03 CORDIER : Colloques, 1576
T04 ARIOSTE : Roland Furieux, 1576
T05 R OSEO : Le quinzième livre d’Amadis de Gaule, 1577
T06 MARQUEZ / ROSEO : Le second livre de Primaléon de Grèce, 1577
T07 R OSEO : Le seizième livre d’Amadis de Gaule, 1578
T08 R OSEO : Le dix-septième livre d’Amadis de Gaule, 1578
T09 DONI : Les Mondes / Le Monde des Cornus / L’Enfer des Ingrats, 1578-83
T10 CORNEJO : Brève Histoire des Guerres civiles advenues en Flandre, 1578
T11 R OSEO : Le dix-huitième livre d’Amadis de Gaule, 1579
T12 CASTIGLIONE : Le Parfait Courtisan, 1580
T13 GUAZZO : La civile Conversation, 1579
T14 R OSEO : Le troisième livre de Primaléon de Grèce, 1579
T15 FRANCO : Dix plaisants dialogues, 1579
T16 R OSEO : Le Dix-neuvième livre d’Amadis de Gaule, 1582
T17 CONTRERAS : Les étranges aventures de Luzman, 1580
T18 HUARTE : Anacrise ou parfait jugement et examen des esprits, 1580
T19 E DER : Le Manuel du catéchisme catholique, 1580
T20 R OSEO : Le vingtième livre d’Amadis de Gaule, 1580
T21 R OSEO : Le vingt-et-unième livre d’Amadis de Gaule, 1581
T22 PERE Z : La seconde partie de la Diane de Montemayor, 1582
T23 TORQUEMADA : Héxaméron, 1582
T24 GIL POLO : La troisième partie de la Diane de Montemayor, 1582
T25 SARDI : Mémoires et histoire de l’origine des choses, 1584
T26 PESCATORE : La Suite de Roland Furieux, 1583
T27 PANIGAROLA : Leçons catholiques sur les doctrines de l’Eglise, 1583
T28 GIRALDI : Les Cent excellentes Nouvelles, 1583
T29 GIRALDI : Dialogues philosophiques touchant la vie civile, 1583
T30 RAO : Lettres facétieuses et subtiles, 1584
T31 MUSSO : Les Sermons très doctes et éloquents, 1584-86
T32 FIORAVANTI : Miroir universel des arts et des sciences, 1584
T33 EQUICOLA : Les six livres de la nature d’Amour, 1584
T34 WECKER : Secrets et miracles de Nature, 1584
T35 NANNINI : Considérations civiles sur l’histoire de Guichardin, 1585
T36 SENEQUE : Les Livres dorés de Sénèque, 1585
T37 URREA : Dialogues du vrai honneur militaire, 1585
T38 BOCCACE : La Fiammette amoureuse, 1585
T39 BARTOLI : Conseils militaires, 1586
T40 GRANADA : Le Trésor et abrégé de toutes les oeuvres spirituelles
T41 Juan de AVILA : Epîtres spirituelles, 1588
T42 GARZONI : Le Théâtre des divers cerveaux du Monde, 1586
T43 E STELLA : Méditations très dévotes sur l’amour de Dieu, 1586
T44 PANIGAROLA : L’Art de Prêcher, 1586
T44b MARAFIOTE : L’Art de mémoire, 1604
T45 PANIGAROLA : Cent sermons sur la Passion, 1586
T46 ESTELLA : La Vanité du Monde, 1587-89
T47 LULL : Les 365 demandes et réponses de Blaquerne, 1586
T48 COSTER : Cinquante méditations de toute l’histoire de la Passion, 1587
T49 MIRANDA VILLAFAÑE : Dialogues de la philosophie fantastique, 1587
T50 Alonso de MADRID : La Méthode de servir Dieu, 1587
T51 Juan de AVILA : Les Oeuvres spirituelles, 1588
T52 PANIGAROLA : Harangue de l’ancienne institution des saintes stations, 1587
T53 CANISIUS : Le Manuel des Catholiques, 1589
T54 GRANADA : Les Fleurs des méditations divines, 1598
T55 PANIGAROLA : Les Sermons de Carême, 1598
T56 BOTERO : Raison et Gouvernement d’Etat, 1599
T57 ALEMAN : Guzman dAlfarache, 1600
T58 CAVRIANA : Harangue à Marie de Médicis, 1600
T59 INCHINO : Sermons intitulés Chemins du Ciel, 1604
T60 LA VEGA : le Paradis de la Gloire des Saints, 1606
T61 LA VEGA : Sermons sur les évangiles des Dimanches, 1608
T62 PANIGARA : Déclaration des lamentations du prophète Jérémie, 1608
T63 LA VEGA : Suite du Paradis de la Gloire des Saints, 1608
T64 VALDERRAMA : Sermons sur les Evangiles de Carême, 1610
T65 MAZARINI : Cent trente discours sur le psaume cinquantième, 1611
T66 Thérèse d’AVILA : Sommaire et abrégé des degrés de l’Oraison, 1612
T67 LA VEGA : Sermons sur les évangiles du Carême, 1612
II. Ouvrages composés par Gabriel Chappuys, ou qu’il s’attribue
C01 Figures de la Bible, 1582
C02 Les Facétieuses Journées, 1584
C03 Etat et Description des royaumes et républiques du Monde, 1585
C04 Le Misaule, 1585
C05 Le Secrétaire, 1588
C06 L’Histoire du Royaume de Navarre, 1596
C07 Histoire de nostre temps, 1600
C08 La Toscane Françoise italienne, 1601
C09 Citadelle de la Royauté, 1603
C10 Histoire générale de la guerre de Flandre, 1611
III. Ouvrages dont Gabriel Chappuys n’est pas l’auteur ou le traducteur principal, mais auxquels il a participé
P01 CHAPPUYS : Heureux présage sur la venue de Henri III, 1574
P02 CASTELLESI : De sermone latino, 1581
P03 CHAPPUYS et alii : Les Chroniques et Annales de France, 1585-1617
P04 MANUZIO : Purae, elegantes et copiosae latinae phrases, 1586
P05 PICO della MIRANDOLA : Commentaire sur une chanson d’amour, 1588
P06 GRANADA : Livre second du Catéchisme, 1602
IV. Ouvrages perdus, écrits ou traduits par Gabriel Chappuys
D01 DOMENICHI : Six livres de la Noblesse, avant 1584
D02 Méthode de se bien confesser, avant 1584
D03 DELFINO : Sommaire de toutes les sciences, 1584
D04 PASQUALIGO : Lettres et missives amoureuses, 1584
D05 St BONAVENTURE : La Vie de Jésus Christ, 1584
D06 Commentaires sur Sénèque, 1584
D07 CHAPPUYS : Le Miroir du Prince, 1610
V. Ouvrages et traductions attribués à Chappuys
A01 R OUILLÉ : Le Promptuaire des Médailles, 1577 ou 1581
A02 R OSEO : Le quatrième livre de Primaléon de Grèce, 1583
A03 PANIGOLA : Les Sermons hors le temps de carême, 1597
A04 Le Roman de Palladien fils de Milanor
A05 Discours politiques et militaires. Paris, 1593
A06 Histoire véritable des guerres entre les deux Maisons de France et d’Espagne. Paris, 1600
VI. Pièces en vers de Gabriel Chappuys insérées dans des recueils
V01 Heureux présage sur la bienvenue du tres-chrestien Henri III (1574)
V02 Sonnet à M. Buttet / Sonnet aux poètes susdits / L’Esprit de la Duchesse (1574)
V03 Excellente apologie et défense de Lysias (« Au lecteur ») – 1576
V04 Tournoi du chevalier de la Racine (sonnet) – 1576
V05 « Au lecteur », in Commentaires hiéroglyphiques de Valeriano (1576)
V06 Quatrain sur l’Arioste, in Roland Furieux, 1576
V07 Sonnet à Du Verdier in Les Diverses Leçons de Du Verdier (1577)
V08 Sonnet à Jean de Beauchesne, in Le Thresor d’escriture (1580)
V09 Figures de la Bible déclarées par stances (1582)
V10 Quatrain, in Coustumes du Duché et bailliage de Touraine, par Jean Baret (1591)
V11 Quatrain à Catherine de Médicis, in Harangue du Cavalier Cavriana (1600)
Index des principales bibliographies citées dans cet ouvrage
Liste et codification des bibliothèques citées dans ce volume
Index des noms cités
Table alphabétique des ouvrages et traductions de Gabriel Chappuys
Gabriel Chappuys est le traducteur français le plus prolifique du dernier quart du XVIe au début du XVIIe siècle. Homme de Lettres vivant de sa plume, il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages. Ses choix éditoriaux qui portent plus particulièrement sur des livres italiens ou espagnols fraîchement parus, sont représentatifs d’une époque en pleine mutation. Sa contribution à l’histoire littéraire et spirituelle de son temps est importante, tant par sa quantité que par son caractère novateur et le choix des textes dont certains seront source d’inspiration d’œuvres majeures de Molière, Le Sage ou même Shakespeare. Véritable « passeur », il a mis à disposition du public francophone des éléments capitaux de la culture italienne (L’Arioste, Boccace, Botero, Castiglione, etc.) et espagnole (Alemán, Contreras, Louis de Grenade, Thérèse d’Avila, etc.). L’étude de cet acteur oublié des lettres françaises et de sa production sert à comprendre les mécanismes de la transmission des savoirs dans l’Europe de la fin de la Renaissance.
On donne ici la description bibliographique complète des premières éditions des ouvrages de Chappuys et le recensement de leurs rééditions, les informations pertinentes tirées des dédicaces et des privilèges ainsi qu’une synthèse qui met en lumière le contexte et les éléments déterminants de sa carrière.
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Sans prétendre à l’exhaustivité, cette étude se propose de retracer l’histoire littéraire du livre de piété en prose dans le milieu réformé européen francophone, des origines de la Réforme jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes, en accordant une place de choix à la méditation, qui domine la production de ces ouvrages. Il s’agit de replacer les expressions de la dévotion dans leur contexte socio-historique, en lien avec l’histoire singulière d’une communauté de croyants. La littérature de piété n’est pas strictement spirituelle, elle est aussi existentielle et résolument militante. Opter pour la Réforme dès son origine, c’est entrer de plain-pied sur la scène de l’Histoire : prendre position dans la cité, s’exposer à payer le prix de ses croyances et de sa manière particulière d’aimer Dieu. Ce n’est pas seulement à l’aune de critères esthétiques que sera interrogé le concept d’identité confessionnelle appliqué à la littérature, mais aussi sous l’angle de l’histoire politique, religieuse, sociale et littéraire. Après un premier regard portant sur les origines du livre réformé tel qu’il s’affirme à partir des années 1550, l’ouvrage s’attache à dégager une typologie des pratiques de dévotion : la préparation à la mort, la méditation pénitentielle, la méditation sur les Psaumes, la préparation à la cène et les recueils méthodiques. Les derniers chapitres proposent, quant à eux, des synthèses sur les problématiques soulevées par le livre de piété : le militantisme dévotionnel, le langage de la piété, l’auctorialité, enfin le lectorat. Au fil de ce parcours, il s’agit de montrer le rôle primordial que joue le livre de piété dans la vulgarisation des pratiques et des savoirs religieux comme dans la constitution d’une langue littéraire repensée à partir de nouveaux critères rhétoriques.
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A rebours des interprétations traditionnelles, cet ouvrage propose une lecture inédite du rapport d’Erasme à l’histoire. C’est sur le mode dramatique que Marie Barral-Baron envisage la manière dont Erasme vit l’histoire de son temps. Enthousiaste à l’idée de faire renaître les temps apostoliques, temps bénis du christianisme, il en oublie les réalités de la continuité historique. La brusque irruption de Luther, qui brise soudainement son rêve d’un nouvel âge d’or, lui permet de prendre conscience de sa tragique méprise. Bien involontairement, il a favorisé la rupture d’une unité chrétienne à laquelle il tient plus que tout, anéantissant ainsi lui-même ses propres espérances. Lorsqu’il en prend conscience, il corrige ses textes et révise son appréhension du temps, mais cette course contre la montre est perdue d’avance. Erasme sombre alors dans l’enfer de son propre échec, terrifié à l’idée d’avoir été abandonné par Dieu et confronté à la cruauté de l’histoire. l’histoire.
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Sommaire: Chiara Lastraioli, "Introduzione"; Franco Pignatti, "I capitoli di Francesco Maria Molza. Storia esterna e restauri testuali"; Danilo Romei, "Paralipomeni della disputa Brembo-Brocardo"; Giorgio Masi, "Un sonetto inedito sull' Ercole e Caco di Baccio Bandinelli, con ipotesi attributive (e il topos burlesco del dimissionario); Enrico Garavelli, "L'erudita bottega di Messer Claudio. Nuovi testi per il Reame della Virtù (Roma 1538)"; Giuseppe Crimi, "Mostri, menzogne e meraviglie nel Bosadrello di Baldassarre da Fossombrone"; Antonio Corsaro, "La poesia comica di Michelangelo. Per una nuova edizione dei testi"; Conférence Barbier-Mueller 2013; Chiara Lastraioli, "In extremis: la manière burlesque de Giovanni Francesco Ferrari".
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Une fédération a pour vocation de fédérer des individus et des institutions, de fouler des champs non encore labourés, d’inspirer de nouvelles recherches. Pour fêter son cinquantenaire, la Fédération internationale des Sociétés et Instituts dEtude de la Renaissance (FISIER) a organisé à Bruxelles un colloque international sur la présence obsédante du droit dans la vie quotidienne des hommes et des femmes de la Renaissance, éclatants ou obscurs, célèbres et sans grade. La réflexion’est focalisée sur cinq figures qui apparaissent comme essentielles: le diplomate, le père, le maître, le pasteur et le juge. Ce faisant, cinq grands domaines ont été abordés: la politique internationale, la famille, l’enseignement, la religion et les questions juridiques proprement dites. Avec chacune de ces figures, réapparaissent Erasme et son oeuvre, cherchant à rendre justice à l’Humaniste par excellence dans les cinq domaines abordés. Du particulier au général, d’une famille de notaires aixois à des traités de diplomates européens, la réflexion se nourrit de détails qui ramènent à l’essentiel, des principes qui interrogent des usages régionaux, la réflexion juridique faisant de plus en plus référence au droit romain qui empiétait, en particulier à Genève, sur les prérogatives du droit coutumier. Cette réflexion offre surtout un panorama étendu qui donne à penser et ouvre des perspectives nouvelles jusque dans notre quotidien le plus contemporain.
Pour aborder la question différemment, Valérie Hayaert a commenté, au début de chaque partie, le Pegma de Pierre Cousteau (1555), ces emblèmes juridiques trop longtemps laissés dans l’ombre de ceux d’André Alciat.