Renaissance
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Après avoir été largement diffusé en Italie, le Liber facetiarum de Poggio Bracciolini ne tarda pas à connaître en France un vif succès, notamment grâce à la traduction que Guillaume Tardif, lecteur de Charles VIII, en donna en 1492 et qui fut r©imprimée abondamment au XVIe siècle. Dès 1878, Anatole de Montaiglon en proposait une édition d’après l’impression sortie des presses d’Olivier Arnouillet à Lyon. A la fin de sa préface cependant, il reconnaissait lui-même qu’il existaitun meilleur imprimé offrant une version globalement plus satisfaisante et comportant un prologue ainsi que trois facéties supplémentaires. Ce sont donc les cent quinze facéties conservées dans cet imprimé, publié par la veuve Trepperel, que nous avons choisi à notre tour d’éditer selon les critères scientifiques contemporains, avec l’espoir que leur lecture contribuera à mieux faire comprendre le rôle de ce texte, savoureux et plein de verve, dans l’avènement du genre de la nouvelle en France.France.
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A la Renaissance, l’écriture de l’exil ne se limite pas au discours élégiaque ovidien – qu’il s’agisse d’un exil politique ou religieux, d’une fiction littéraire ou d’un état d’âme. Liée à une réflexion plus large (stoïcienne ou platonicienne, chrétienne ou juive) sur l’exil, cette écriture se confond parfois avec le discours philosophique ou religieux de l’homo viator, tout en empiétant sur celui, scientifique, historique ou fictif, du voyage. Elle englobe plusieurs formes littéraires ou para-littéraires: récits de voyage ou de pèlerinage; allégories ou commentaires allégoriques, dialogues philosophiques ou satiriques; poésies lyriques ou didactiques. La première partie de cette étude novatrice et érudite, «Voyage et écriture, exil et identité», propose une typologie de l’exil, fondée sur les écrits de Pétrarque, de Marot et de Joannes Sambucus (Zsámboky) – ainsi que d’Horace, Dante, Rabelais, Du Bellay et Montaigne – et sur la libertas exilii. «Homo Viator» se livre ensuite à un examen de la tradition allégorique du « voyage de la vie », en aboutissant à l’ekphrasis de la Tabula Cebetis. A la lumière de ces deux premières parties, «Homo Viator: Homo Scribens » étudie enfin les ©crits d’exil de Petrus Alcyonius, auteur d’un dialogue sur l’exil, des deux marranes portugais Diogo Pires et Amatus Lusitanus et de Joachim Du Bellay, ainsi que les récits d’« exil » intellectuel du voyageur Pierre Belon et de l’auteur satrique Ortensio Landi.
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Panurge, le moins estimé des personnages rabelaisiens, est souvent traité comme le faire-valoir du géant Pantagruel. Rabelais le convoque cependant si fréquemment et sous des traits suffisamment variés et essentiels à l’intrigue pour qu’il paraisse réducteur de ne voir en Panurge qu’un actant de second ordre. Elément complexe de la trame romanesque, Panurge étonne tout d’abord par son éloquence atypique, dont Myriam Marrache-Gouraud dégage les particularités en les jaugeant à celles des autres personnages. Son discours, où s’agrègent des langues diverses, des pièces poétiques, des pastiches et des mélanges déconcertants, résiste à la définition. Le boniment éclectique de Panurge est alors tout proche de la narration. Le discours de Panurge provoque d’une autre manière encore lorsqu’il décode des signes, notamment linguistiques. Ses audaces interprétatives témoignent d’une habileté autant que d’une méthode inédites. La singularité du personnage tient à cette insolence herméneutique qui multiplie les gloses : elle s’engage toujours " au rebours " des attentes et des convenances sémiotiques dont elle ne peut se satisfaire. L’excentricité se mesure enfin aux agissements de ce personnage paradoxal : apparentés aux fourberies du gueux littéraire et aux façons du fou de cour, ils surprennent et empêchent la classification. A ce titre, ils confirment le ton du discours. Leur fonction avive celle de la parole : " excuse " de Rabelais, Panurge endosse le rôle essentiel qui offre à son auteur d’esquiver les attaques de la censure. Toujours innocente, et pourtant très corrosive, cette voix de fiction introduit dans le roman l’office rempli par la carte du Mat dans le jeu de tarot.
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Yvonne BELLENGER,
Michel BIDEAUX,
Raymond BOUDON,
Nicole CAZAURAN,
Hélène CAZES,
Jean CÉARD,
F. CHARPENTIER,
Pascale CHIRON,
François CORNILLIAT,
P. DEBAILLY,
Gérard DEFAUX,
Guy DEMERSON,
F. DOBBY-POIRSON,
Claude-Gilbert DUBOIS,
Alain DUFOUR,
Jean DUPÈBE,
Max ENGAMMARE,
Philip FORD,
Marie-Madeleine FRAGONARD,
André GENDRE,
Franco GIACONE,
André GODIN,
Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD,
F. GREINER,
Mireille HUCHON,
Edith KARAGIANNIS-MAZEAUD,
Nadine KUPERTY-TSUR,
Paul LARIVAILLE,
François LECERCLE,
Marie-Dominique LEGRAND,
Frank LESTRINGANT,
P. LOJKINE,
Catherine MAGNIEN-SIMONIN,
Michel MAGNIEN,
Jean-Claude MARGOLIN,
Arielle MEYER,
Jan MIERNOWSKI,
Gérard MILHE-POUTINGON,
Olivier MILLET,
Nuccio ORDINE,
Isabelle PANTIN,
Anne-Pascale POUEY-MOUNOU,
François RIGOLOT,
François ROUGET,
Gilbert SCHRENCK,
A. TOURNON,
Marc VENARD,
Jean VIGNES,
M. YARDENI
Table of Content : Bibliographie des travaux de Daniel Ménager. A. Meyer, «Daniel Ménager à Nanterre»
I - La pensée politique et ses représentations à la Renaissance: P. Larivaille, «Le dernier pari de Machiavel»; M Bideaux, «Sur la trahison: le connétable de Bourbon entre Judas et les renégats objectifs»; M.-D. Legrand, «La figure du roi dans le Traité de la reformation de la justice attribué à M. de L’Hospital»; C. Magnien, «Au service du roi: Jacques Faye d’Espeisses (1544-1590), l’homme qui ne voulait pas écrire»; N. Kuperty-Tsur, «La notion de serviteur de l’Etat entre éthos et pratique à la fin du XVIe siècle en France»; P. Lojkine, «Meurtre à Jérusalem. Boissard et la question du régicide»; A. Dufour, «Bèze historien»; M. Yardeni, «La pensée politique de la première historiographie huguenote: Pierre de La Place et Louis Régnier de La Planche»; A. Tournon, «“Singuliers en leurs fantasies”»; M. Magnien, « Pour une attribution définitive du Memoire à La Boétie»; François Rigolot, «Dialogue et pensée politique à la Renaissance: Bruni, Erasme, Montaigne»; F. Charpentier, «Tragédie et monarchie»; C.-G. Dubois, «David, poète et prince. Sa représentation dans la dramaturgie française de la seconde moitié du XVIe s.»; François Lecercle, «Ne’er seen but wonder’d at. La mise en scène politique dans Henry IV de Shakespeare»
II - Poésie et politique à la Renaissance
N. Dauvois, «Morale, politique et eschatologie dans Les Regnars traversans les perilleuses voyes des folles fiances du monde de Jean Bouchet. Limites et modalités du discours critique»; J. Dupèbe, « Un ami de Clément Marot, le médecin Michel Amy»; G. Defaux, «“Moy ton Poëte, ayant premier osé…”: Du Bellay, Ronsard et l’Envie»; J. Vignes, « Le Poète et la guerre (autour de la prise de Calais, 1558)»; E. Karagiannis, «Images d’Achille dans la poésie de la Pléiade»; A.-P. Pouey-Mounou, «Ronsard et le roi de gloire»; Ph. Ford, «Hercule et le thème solaire à Fontainebleau: la Porte dorée et Le Satyre de Ronsard»; F. Cornilliat, «“Je suis Ronsard…”: paradoxes de l’inconstance dans le Recueil
des nouvelles poésies»; F. Rouget, «Sur des vers retrouvés de Ronsard: J. D. Cécier, dit Colony, et les Preceptes de P. de Ronsard à un Prince»
F. Dobby-Poirson, «Autour des Hymnes: la postérité de Ronsard dans l’Hymne de la monarchie de Robert Garnier»; Y. Bellenger, « Les sonnets satiriques de J. Grevin»; F. Lestringant, «Une Satyre Ménippée au service de la Contre-Réforme: La Cabale
des Reformez attribuée à Guillaume Reboul»; P. Debailly, «Satire et peur du féminin».
III - Poésie et théologie à la Renaissance
J.-C. Margolin, «Victoire chrétienne sur la mort. A propos d’un poème de Ch. de Bovelles (De immortalitate animae, Paris, 1550; N. Cazauran, «Marguerite de Navarre: le deuil en dialogues»; M. Huchon, «François Ier en enfer»; O. Millet, «Poésie et musique: l’œuvre de Louis Des Masures et ses “cantiques”»; J. Céard, «Christianisme et paganisme: les Hymnes ecclesiastiques de Guy Le Fevre de La Boderie»; F. Giacone, «Bible et esthétique: les Hymnes ecclesiastiques de Guy Le Fevre de La Boderie»; G. Schrenck, «“La voici l’heureuse journée”: variation sur le Ps. CXVIII dans l’œuvre d’A. d’Aubigné»; A. Gendre, «Quête de Dieu et séduction du monde dans les Sonnets spirituels de Gabrielle de Coignard»; H. Cazes, «Des voyages à cheval et de l’immortalité: le testament français d’Henri Estienne, 1594»; N. Ordine, «I Furori di Giordano Bruno».
IV - Spiritualité et théologie à la Renaissance
M. Venard, «Réciter sa patenostre ou comment traduire en français l’Oraison dominicale»; A. Godin, «L’Exomologesis d’Erasme, exercice d’humanisme pastoral»; M.-Ch. Gomez-Géraud, «Sur un souvenir de l’Ecclésiaste: un visage de Thomas More en ses derniers écrits»; G. Demerson, «Apollonios de Tyane chez Rabelais: Christ dans un miroir déformant?»; Gérard Milhe-Poutingon, «La décontextualisation: un stylème rabelaisien pour “emplir l’ame de toute verité”»; B. Boudou , «Henri Estienne et la traduction par S. Castellion de la Bible en français»; M. Engammare , «David côté jardin. Bethsabée modèle et anti-modèle littéraire à la Renaissance»; M.-M. Fragonard, « La prédication, le théâtre, Hérode et la folie du monde»; F. Greiner, «Martyrs d’amour du roman baroque: images et enjeux»; I. Pantin, «Fidelissima immortalis Dei nuncia: astronomie et théologie de Regiomontanus à Tycho Brahe»; J. Miernowski, «Le mouvement virtuel des anges»; P. Chiron, «Mouvement et repos dans la cité de Dieu»
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L’«astrarium», une horloge planétaire qui montrait le mouvement des sept planètes, fut une des plus extraordinaire réalisation technique du Moyen Âge. Cette horloge a malheureusement disparu depuis le XVIe siècle, mais son génial inventeur, Giovanni Dondi, en a laissé une longue description qui est un texte étonnant et un témoignage des plus rare de la culture technique médiévale : il relate en effet par le menu la conception et la réalisation de l’«astrarium» de façon qu’il soit possible au lecteur de réaliser à son tour la même machine. Et, de fait, le texte de Dondi a suscité des entreprises de reconstruction de l’«astrarium». Ce texte, à juste titre célèbre, était pourtant mal connu parce que d’un accès difficile. Emmanuel Poulle, qui a fait de l’astronomie planétaire médiévale une de ses spécialités, a montré qu’il existait trois versions de ce texte, dont une seule peut être avec certitude rapportée à Giovanni Dondi. Il donne de cette version une édition critique avec une traduction française en regard, qui autorisera enfin une meilleure connaissance de ce texte important.
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