Droz en poche
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TABLE DES MATIÈRES
Présentation
Extrait I. Première partie : Arrivée d’Alexandre en Grande Bretagne
Extrait II. Première partie : Alexandre investit Gadifer du royaume d’Ecosse et institue les
tournois
Extrait III. Deuxième partie, t. I : Première apparition de Zéphir à Estonné
Extrait IV. Deuxième partie, t. I : Scène de sorcellerie et de sabbat
Extrait V. Deuxième partie, t. II : Retour féerique de Perceforest au Neuf Chastel après
une longue maladie qui l’a tenu dix-huit ans absent de la cour
Extrait VI. Deuxième partie, t. II : Préfiguration de la Table Ronde, l’ordre du Franc Palais est créé
Extrait VII. Troisième partie, t. II : Le paradis du roi Aroès de la Roide Montagne
Extrait VIII. Troisième partie, t. II : Première apparition de la Bête Glatissante, rencontrée
par le Chevalier Doré
Extrait IX. Troisième partie, t. II : Bétidès et les chevaliers de mer
Extrait X. Troisième partie, t. III : Le Temple du Dieu Souverain
Extrait XI. Troisième partie, t. III : Perceforest se rend au Temple du Dieu Souverain
Extrait XII. Troisième partie, t. III : Histoire de Troïlus et Zellandine, ou la Belle Endormie
Extrait XIII. Troisième partie, t. III : Perceforest rencontre la Bête Glatissante
Extrait XIV. Quatrième partie : L’île de la Singesse
Extrait XV. Quatrième partie : Le Conte de la Rose
Extrait XVI. Quatrième partie : Perceforest abdique en faveur de son fils Bétidès
Extrait XVII. Quatrième partie : La bataille du Franc Palais
Extrait XVIII. Quatrième partie : Les facéties de Passelion
Extrait XIX. Cinquième partie : L’assassinat de Jules César
Extrait XX. Sixième partie : Maronès rencontre la Bête Glatissante
Extrait XXI. Sixième partie : Olofer se rend dans l’Ile de Vie
Extrait XXII. Sixième partie : Olofer est tué par la Bête Glatissante
Extrait XXIII. Sixième partie : Arfasem retrouve ses aïeux
Extrait XXIV. Sixième partie : Baptêmes dans l’Ile de Vie
Le roman de Perceforest (XVe s.) est la plus vaste composition en prose du Moyen Age, qui a pour ambition de raconter l’histoire de la Grande Bretagne à l’époque pré-arthurienne. Gilles Roussineau, pendant trente ans, a édité les six mille pages du roman. Il était le mieux à même d’en choisir vingt-quatre extraits significatifs. Son choix a été guidé par la volonté de donner un aperçu de l’histoire qui est narrée et des thèmes qui y sont abordés, depuis le débarquement d’Alexandre le Grand en Grande Bretagne jusqu’à l’avènement du christianisme. Plusieurs extraits abordent les grands événements qui jalonnent la narration et racontent comment l’auteur a imaginé une religion nouvelle, intermédiaire entre le paganisme antique et le christianisme arthurien. D’autres relatent la création du Franc Palais, préfiguration de la Table Ronde, ou évoquent la Bête Glatissante. Certains mettent en scène le personnage de Zéphir, le démon bienfaisant qui veille aux destinées du royaume, ou évoquent des curiosités de la nature, comme les poissons-chevaliers ou la singesse qui s’éprend d’un homme contrefait et difforme, le Bossu de Suave. Enfin, trois extraits racontent des histoires indépendantes, aisément détachables du roman : le paradis du roi Aroès, la Belle endormie et le Conte de la Rose.
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Au Siècle des Lumières, le héros de roman prend la plume. Saisi d’une rage de raconter sa vie et de se donner une histoire, il devient un écrivant. René Démoris explore une forme romanesque liée, au début du XVIIe siècle, au roman picaresque espagnol et qui prend son essor dans les mémoires authentiques et fictifs de l’époque classique. Elle triomphe dans l’autobiographie pittoresque – et à nouveau picaresque – de Gil Blas de Santillane, avant de s’épanouir chez Marivaux et Prévost. Démoris définit le rapport qu’entretient ce roman à la première personne avec la mutation sociale, culturelle et politique qui va produire ce monstre singulier, l’individu, et qui mène au sacre de l’écrivain. Fiction singulière que celle où s’exerce la première personne, laquelle suggère à ses lecteurs un exercice de critique autant que d’identification. En attendant qu’avec Jean-Jacques et ses Confessions, roman-mémoires enfin vrais, l’auteur jette le masque. L’exaltation du Je narratif renvoie au fondement même de notre relation à la littérature. A-t-on une autre histoire que celle qu’on s’invente et qu’on écrit ?
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Les grands poètes néo-latins de l’Italie du Quattrocento ont consacré une part importante et méconnue de leur œuvre à célébrer les plaisirs de la chair ; cette anthologie en rassemble et en traduit les plus belles réussites. Voilant leur audace par le recours à une langue élitiste et revendiquant l’imitation de prestigieux modèles antiques, ces poèmes contredisaient les discours théologiques, médicaux et philosophiques du temps. Le corpus érotique ainsi constitué est parcouru par deux veines d’inspiration divergente : l’une, sensuelle, imite principalement les élégiaques : Tibulle, Properce et surtout Ovide ; l’autre, crue et provoquante, s’inscrit dans la lignée d’un Catulle ou d’un Martial. Oscillant entre littérarité (par cette appartenance à une tradition poétique) et littéralité (en stimulant l’imagination de leurs lecteurs), ces textes étonnants, qui font entendre un « mâle » discours sur les femmes et la sexualité, sont susceptibles d’initier un large public aux charmes de la littérature (néo-)latine.
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Au tournant des XIIe-XIIIe siècles, le Jeu d’Adam inaugure l’histoire du théâtre français par la mise en scène des origines de l’histoire humaine : création, tentation et chute d’Adam et d’Eve, meurtre d’Abel. Mais, comme ces siècles ne regardent le péché qu’à travers le pardon, la succession des Prophètes du Christ fait entendre le message de l’espérance. Une édition critique – au sens philologique du terme – de l'unique copie de ce chef d’œuvre à la fois difficile et essentiel, malmené par les aléas d'une tradition complexe, s'imposait. S'appuyant sur une enquête codicologique, paléographique, linguistique, liturgique affranchie des idées en vogue et porteuse de nouveaux questionnements, toujours attentive à maintenir la distinction entre original et copie, elle replace aussi l’œuvre dans son environnement social et liturgique : le Jeu d’Adam s’inscrit dans la tradition du théâtre latin, qu'il subvertit en adoptant le français pour des dialogues dune force et d’une finesse dramatiques sans précédent. La traduction en français moderne s'efforce de les rendre au plus près.
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Souvent considérée, avec la Chanson de Roland dont elle subit l’influence, comme l’une des plus anciennes œuvres littéraires en langue française, la Vie de saint Alexis prend sa source dans une légende constituée à Edesse au cours du Ve siècle. Né à Rome (Constantinople dans la réalité historique) d’une famille de très haut rang, Alexis refuse de consommer le mariage que son père lui veut imposer et s’enfuit à Edesse, où il passe dix-sept ans incognito, en prière, mortification et privations. Puisqu’à la suite d’un miracle on veut l’élever à la dignité d’évêque, il refuse cette charge et embarque à nouveau. Porté par les vents, il retourne à Rome, où il vit encore dix-sept ans, déguisé en mendiant, logeant sous l’escalier du palais de son père, sans que personne, pas même ses parents ni son épouse, le reconnaisse. Avant d’expirer, il écrit l’histoire de sa vie sur un parchemin, afin qu’on puisse l’identifier. Ce poème anonyme en ancien français, ici accompagné d’une traduction en français moderne, est l’un des plus beaux textes hagiographiques que le Moyen Age nous ait transmis.
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TABLE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT SUR LA SECONDE ÉDITION
PRÉFACE DE PIERRE CHAUNU
OUVERTURE
AU RENDEZ-VOUS DES CANNIBALES
De la caravelle au radeau
Le Cannibale et après
Première partie
DU CYNOCÉPHALE AU CANNIBALE
CHAPITRE PREMIER
NAISSANCE DU CANNIBALE
Colomb découvre le Cannibale
Le Cannibale, fils de chien
CHAPITRE II
LE CANNIBALE À LA MODE
La panoplie du parfait boucher
L’héritage de Vespucci ou la vogue du Cannibale incestueux
CHAPITRE III
L’ENTRÉE DU CANNIBALE EN FRANCE
Le Cannibale, héros du folklore
Rabelais ou le Cynocéphale moralisé
CHAPITRE IV
LE BRÉSIL, TERRE DES CANNIBALES
Le Brésil est une île
Au pays des androphages
Deuxième partie
POUR UN CANNIBALISME D’HONNEUR
CHAPITRE V
LE PREMIER ETHNOGRAPHE DES TUPINAMBA
Montaigne, « Des Cannibales » et la tradition
André Thevet et le cannibalisme rituel des Tupinamba
Parenthèse Staden
De Thevet à Lafitau
CHAPITRE VI
JEAN DE LÉRY OU L’OBSESSION CANNIBALE
Un symbole universel
Le retour du refoulé : Sancerre
CHAPITRE VII
MÉLANCOLIE CANNIBALE
L’Ogre et l’amoureuse
Jean Bodin et la tristesse du Cannibale
CHAPITRE VIII
UN CANNIBALE QUI CRACHE
Montaigne ou le paradoxe des « Cannibales »
Une déclamation
Famine ou banquet
Le continent des Cannibales
Un cannibalisme de mots
Frères cannibales
Troisième partie
CANNIBALES PAR CONTRAINTE
CHAPITRE IX
CARDAN OU L’EMPIRE DE LA NÉCESSITÉ
De la haine comme nécessité
Le continent de la faim
CHAPITRE X
BRÉBEUF ET ROBINSON : LE MISSIONNAIRE ET LE COLON
Le goût du missionnaire
Robinson ou le déjeuner sur l’île
CHAPITRE XI
LE CANNIBALE DES LUMIÈRES, ROUSSEAU, BOUGAINVILLE, VOLTAIRE
Les mots du Cannibale, de Montaigne à Jean-Jacques Rousseau
L’Insulaire cannibale : Bougainville, Diderot
Malthus et l’archipel anthropophage
Candide chez les Cannibales
CHAPITRE XII
CRUELLE NATURE : DE PAUW, SADE
L’Amérique dégénérée de Cornélius de Pauw
L’Afrique fantôme de Sade
CHAPITRE XIII
CANNIBALISME ET COLONIALISME : LE CAS JULES VERNE
Le Cannibale au Canada
Le Cannibale raconté aux enfants
De l’île au radeau
ÉPILOGUE
LE RETOUR DU CANNIBALE : SWIFT, FLAUBERT, LA MEDUSE
APRÈS-DIRE
ROUEN ENCORE ET TOUJOURS
Rouenneries
Le « Conte cannibale » de Montaigne
La Boétie à Rouen
Pourquoi Bordeaux ?
Rouen définitivement
BIBLIOGRAPHIE
INDEX NOMINUM
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1492-1592 : ce siècle conduit d’une erreur à un mythe. Erreur de Colomb qui prend les Indiens Caraïbes pour des sujets du Grand Khan ou, pire, pour des cynocéphales, des hommes à tête de chien. Mythe du Bon Cannibale qui, dès 1580 avec Montaigne, renvoie à la face du colonisateur européen les turpitudes d’une civilisation avide de gain. Partant du mot, que Colomb invente, ce livre montre comment le Cannibale des Antilles et du Brésil est devenu en quelques décennies l’incarnation d’un tabou majeur de l’Occident chrétien. Le renversement paradoxal auquel procède Montaigne transforme cette figure repoussoir en modèle positif. Le libre Cannibale, ancêtre du Bon Sauvage des Philosophes, devient le point de référence obligé pour mesurer la barbarie des prétendus civilisés. Cependant le Cannibale tend à faire oublier qu’il mange de la chair humaine. Endossant la livrée des Philosophes et soutenant le combat des Lumières, il devient le porte-parole idéal dans la dispute anticoloniale et antichrétienne. Le Cannibale est lié à la croyance du civilisé. La critique du dogme catholique de la transsubstantiation, tel que l’orchestre la controverse calviniste, en passe par le parallèle avec l’anthropophagie des peuples d’Amérique. Là aussi le mérite du Cannibale est éclatant : s’il mange de l’homme, ce que l’Européen fait sous des formes plus cruelles, il ne mange pas son Dieu, et sa barbarie apparaît toute relative. Cette image positive se dégrade au temps de l’expansion européenne, lorsque le Cannibale, privé de voix et de message, ne représente plus qu’un appétit bestial. Figure odieuse, il suscite tour à tour l’ironie dévastatrice de Swift et les rêveries primitivistes d’un Sade ou d’un Flaubert.
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TABLE DES MATIÈRES
ILLUSTRATIONS
REMERCIEMENTS
NOTES SUR LA PRÉSENTATION DU TEXTE
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
Contextes
L’étude du droit romain au Moyen Age et à la renaissance
Le droit et son statut dans les universités
Les textes de droit : genres, production, présentation, distribution
La défense du commentaire faite par Justinien et son interprétation
La défense de la pédagogie juridique
CHAPITRE II
Interprétation et cursus académique
Grammaire
Logique et dialectique
Topiques et rhétorique
L’interprétation en théologie et en médecine
Le développement de la pédagogie juridique
CHAPITRE III
Théories de l’interprétation et de la signification
Le texte évident par lui-même
Autorité et interprétation
Signification, référence, preuve et interprétation de la preuve
La méthode
Définition, étymologie, division
Modes d’interprétation : déclaratif, extensif, restrictif
Les mots et les choses : propriété, ambiguïté, usage
Cavillation : l’interprétation en mauvaise part
Fictions juridiques
Sens littéral, subjectif et objectif : « verba », « mens legislatoris » et « ratio legis »
La force illocutoire et perlocutoire : les performatifs
Interprétations non-linguistiques : coutume et équité
CHAPITRE IV
Parallèles et exemples
Suarez
L’Angleterre
Droit de la diffamation et sémantique
CONCLUSION
NOTES
BIBLIOGRAPHIE DES SOURCES PRIMAIRES
INDEX DES CITATIONS DU CORPUS JURIS CIVILIS
INDEX DES NOMS
INDEX DES TERMES DE DROIT ET DE LINGUISTIQUE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
C’est un lieu commun de la critique moderne que de rappeler qu’il n’y avait aucune théorie générale du langage à la disposition des penseurs de la Renaissance, et que les études de grammaire se confinaient, pour la plupart, à une enquête sur les traits formels de la langue. Aucune communauté ne peut toutefois fonctionner sans partager un minimum de présupposés sur la signification et sa transmission, ce qu’induit la pléthore d’ouvrages qui traitent de l’interprétation à cette époque (commentaires, traductions, paraphrases, éditions, épitomés…). La transmission de la signification était manifestement florissante et donnait tout naturellement lieu à de vifs débats sur l’exactitude de l’interprétation en théologie, en droit, en médecine, en philosophie et au sein des études humanistes. Il fallait faire un choix et ce livre se focalise sur les théories de l’interprétation et de la signification dans la production écrite de la jurisprudence à la Renaissance.
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« La matière demeure et la forme se perd », écrivait Ronsard. C’est partout, au XVIe siècle, la même fascination pour le transitoire et le protéiforme, la même effervescence vitaliste et naturiste, le même regard porté sur la gestation de formes issues du chaos, la même attirance pour les naissances confuses.
La tache de Léonard, les grottes artificielles de Palissy, l’inachèvement programmé de grandes œuvres comme celles d’Erasme, de Rabelais, de Ronsard ou de Montaigne, disent en autant de variations le triomphe de la métamorphose.
Au rebours des principes d’ordre, d’harmonie et de maîtrise d’ordinaire associés à la culture de la Renaissance, ce livre explore l’envers mouvant et dionysiaque d’une époque placée sous le signe de l’instabilité. La flexibilité de la littérature et de l’art au XVIe siècle est replacée dans un contexte large, qui va des théories de la Création, de celles de la cosmologie, de la biologie et de la géologie à la conception de l’homme et au sens de l’histoire.
Perpetuum mobile constitue une magnifique initiation à la culture d’un siècle ondoyant et divers, qui ressemble au nôtre par l’inquiétude et le sens de l’inaccompli.
Frank Lestringant
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
I L’allégorie, « ce genre si spirituel » : Les modèles rhétorique et théologique ; rhétorique et théologie du secret de la fable à l’art des emblèmes ; la « crise romantique » ; l’allégorie et son lexique ; allégorie, subjectivité et mémoire.
II Présence de l’allégorie dans l’oeuvre poétique et critique de Baudelaire : Critique littéraire ; critique picturale et musicale ; Pauvre Belgique ! et les Journaux intimes ; les Paradis artificiels.
III Pour une typologie de l’allégorie dans Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris. La « rhétorique profonde » ; la majuscule allégorisante ; symbole/ allégorie : une incertitude lexicale ; essai de répartition : les emblèmes ; allégories narratives/allégories figuratives ; intériorisation et détachement un paradigme dans les Fleurs du Mal ; statut de l’allégorie dans Le Spleen de Paris ; « la folle du logis rhétorique ».
IV La « convergence allégorique ». L’allégorie selon Walter Benjamin ; gains d’une approche historique; perspective générale.
Première partie : BAUDELAIRE ET LA TRADITION CHRÉTIENNE DE L’ALLÉGORIE
CHAPITRE PREMIER
LE DIALOGUE AVEC CHATEAUBRIAND
I — UN DIALOGUE INSISTANT
Un aristocrate du tombeau
Lécole de la mélancolie
Une esthétique du « sublime »
Une admiration ambiguë
II — LES SITES DE L’INQUIETUDE
L’inquiétude, le remords, le vide
La « distensio animi »
La Douleur fécondante
III — UN RELAIS DE L’AUGUSTINISME : SAINTE-BEUVE
Sainte-Beuve, exégète de Chateaubriand
L’ascète et le libertin : un « même fruit amer »
Les disciples infidèles d’Augustin
Le Poème-Épître à Sainte-Beuve
IV — LE THEATRE DE L’EROS
Les Natchez ou « l’épopée de l’inceste »
Néo-classicisme et nostalgie de l’origine
D’un satanisme à l’autre
De la Sylphide à la soeur-enfant
CHAPITRE II
DE LA POÉTIQUE DU SECRET A L’ANAMORPHOSE BAUDELAIRIENNE
I — UNE POETIQUE DE L’ANALOGIE
La pensée traditionnelle des « Correspondances »
Chateaubriand et la thématique du voile
Allégorie physique, allégorie morale
II — L’ALLEGORIE ET SES LIEUX
La notion du « Beau »
La vision de la Mort
Le rapport intersubjectif
CHAPITRE III
LA TRADITION DES PRÉDICATEURS
I — LE DOCERE CHRETIEN
De la théologie à l’anthropologie
L’éloquence « quintessenciée « de Bourdaloue : une ardente dialectique
Une franche littéralité
Le tempo de l’irrémédiable
II — PORTRAIT DU POETE EN ANATOMISTE
III — TROIS PARABOLES ALLEGORIQUES
Laquelle est la vraie ?
Le Tir et le Cimetière ou la prédication d’outre-tombe
Une parabole sur le mal : Le Joueur généreux
IV — DE L’ESSENCE DU RIRE
CHAPITRE IV
PROVIDENTIALITÉ ET ALLÉGORIE : BOSSUET, JOSEPH DE MAISTRE,GIUSEPPE FERRARI
I — BOSSUET OU LE TABLEAU EN ANAMORPHOSE DE L’HISTOIRE
Baudelaire et le Discours sur l’Histoire Universelle
Une hypothèse sur Baudelaire et la tradition origénienne
II — VIOLENCE ET ALLEGORIE :
BAUDELAIRE LECTEUR DE JOSEPH DE MAISTRE
Une logique du négatif
« Le Gâteau » : Maistre contre Rousseau ?
Les hiéroglyphes de la Providence
III — FERRARI, OU L’HISTOIRE COMME ALLEGORIE DU DESTIN
« Un autre livre dans chaque livre »
« L’harmonie éternelle dans la lutte éternelle »
L’allégorisme du dandy
Deuxième partie :
LES AVENTURES DE PSYCHÉ :HÉRITAGE ET AVATARS BAUDELAIRIENS DE L’IDÉALISME
CHAPITRE V
LES TRADITIONS DE L’ALLÉGORIE : de Winckelmann à Théodore Jouffroy
I — DE WINCKELMANN A GOETHE
Winckelmann, l’anti-baroque
Winckelmann et la dignité de l’allégorie
La dévalorisation goethéenne de l’allégorie
L’allégorie chez Jean Paul
II — LE LANGAGE SYMBOLIQUE
Le symbolisme naturaliste de Creuzer
Le « style symbolique » selon Pierre Leroux
III — LA TRADITION MYSTIQUE : ALLEGORIE ET GNOSE
La gnose swedenborgienne
Lavater ou l’individu comme « harmonie »
La mystique fouriériste
IV — LE ≪ SPIRITUALISME ESTHETHIQUE ≫ DE COUSIN A JOUFFROY
CHAPITRE VI
PAGANISME ET MODERNITÉ : LE STATUT DU MODÈLE ANTIQUE
Le mythe d’un Age d’or
Le péché de l’anachronisme : ironisation et modèle antique
Les derniers témoins de l’antique
Banville, le néo-païen
Le modèle antique et l’ordre de l’éros
Modèle antique et subjectivité moderne
« Un effrayant rappel à l’ordre »
Mythe et allégorie
CHAPITRE VII
PSYCHÉ ET LE SERPENT POÉTIQUES COMPARÉES DE BAUDELAIRE ET DE GAUTIER
I — LE ≪ CONTEMPORAIN CAPITAL ≫
L’art analogique de Gautier
Un « maître » secrètement contesté
II — LA COMEDIE DE LA MORT
Le monument et le caveau
Ténèbres ou les concetti de la mort
III — LA ≪ MODERNITE ≫ : DE GAUTIER A BAUDELAIRE
De « Paris futur » aux « Tableaux parisiens »
Le barbare et le dandy
IV — UT PICTURA POESIS
Entre le modelé et la couleur : Ingres et Delacroix
La sculpture, art de l’Idée ?
Baudelaire, poète-peintre : l’exemple de La Belle Dorothée
« Contemplation, c’est possession
CHAPITRE VIII
PSYCHÉ ET LE SERPENT TYPE ET ALLÉGORIE DE GAUTIER À BAUDELAIRE
I. NOSTALGIE DE LA RHETORIQUE, NOSTALGIE DU TYPE 7
Rhétorique et économie spirituelle
La poétique des Funambules : Pierrot
Deux chevaliers de l’idéal : Don Quichotte et Don Juan
Les affranchis de la matière : l’acteur, la danseuse, le clown
II — GAUTIER, BAUDELAIRE,POETES ALLEGORISTES
Un même penchant pour l’allégorie
L’allégorie de la Chimère
Variétés du duel : « Choc de cavaliers »/« Duellum »
Tropologie et ontologie romantiques
Ironie et exég¨se
Les tribulations de Psyché
La cité et la nuit : destins d’aveugles
Troisième partie :
LA « RHÉTORIQUE PROFONDE » DES PASSIONS
CHAPITRE IX
PARIS COMME DÉCOR ALLÉGORIQUE
Paris comme théâtre de la temporalité
Le paysage parisien ou l’anti-élégie
De la rue au panorama
Le sublime parisien : de Balzac à Baudelaire
Dépersonnalisation et compassion
CHAPITRE X
HOMO SIVE PECUS
LES ENJEUX POÉTIQUES DU « BESTIAIRE » BAUDELAIRIEN
I — BAUDELAIRE ET LA TRADITION DES BESTIAIRES
Saint Augustin et les animaux, « hiéroglyphes » de Dieu
Du théologique au profane : l’Age baroque
Le « bestiaire » baudelairien : questions et méthode
II — EROS ET SES BETES
Le « bétail pensif » de Lesbos
Homo sive canis : entre violence et fi délité
III — UNE ORNITHOLOGIE DE L’EXIL
Cygne et Albatros : mythe et emblème
L’Esprit des bêtes de Toussenel : analogie et péché originel
IV — MENAGERIES INTIMES : GAUTIER, LEROY, BOREL
Théophile Gautier et l’idiome des bêtes
Les « Lettres sur les animaux » de Charles-Georges Leroy
La lycanthropie borélienne
CHAPITRE XI
HOMO SIVE PECUS
I —LE BESTIAIRE DU THEOLOGIEN
La pièce liminaire « Au lecteur »
Le « monstrueux » baudelairien
Bestiaire métaphorique, bestiaire réel : l’exemple d’« Un voyage à Cythère »
Le serpent : entre théologie et esthétique
II — DE LA FABLE A LA PHYSIOGNOMONIE
La « fable » et la tradition scolaire
« Un plaisant » ou l’âne baudelairien
De la « fable » à la physiognomonie mystique
III — MYTHE ET MODERNITE
Poésie et prose du chat
Le corps des bêtes et le Temps
L’art et le rat
L’hybridité belge
CHAPITRE XII
PASSION ET COMPASSION
I — LA PASSION OU L’ORDRE DE L’IMPOSSIBLE
Beau Idéal/Beau historique : de Stendhal à Baudelaire
Les apories de la passion
Un poème emblématique : « L’Amour et le Crâne »
II — LA PASSION OU L’ORDRE DU MAL
Des femmes et des filles
« L’aveuglement salutaire »
III — LA PASSION CREATRICE
IV — LE CHANT PROFOND DE LA COMPASSION
CONCLUSION
I Un changement de rhétorique
II L’« amer savoir » de l’allégorie
III Baudelaire entre symbole et allégorie
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES POÈMES ET OEUVRES CITÉS
INDEX NOMINUM
Ce livre approfondit le lien qu’établit Baudelaire entre l’allégorie, « ce genre si spirituel », et l’essence même de sa poésie. Dire de Baudelaire qu’il est le poète de la « modernité » revient trop souvent à le rapprocher de nous ; il convenait de rendre justice à la complexité des filiations poétiques et philosophiques qui relient ce poète à l’immense tradition allégorique qui le précède. Cet ouvrage de synthèse propose trois face-à-face. Premièrement, avec la tradtion rhétorique et théologique, qui, par des cheminements présumés mais plausibles, aboutit à Baudelaire. En second lieu, avec des œuvres que le poète a explicitement fréquentées : Chateaubriand, les prédicateurs du XVIIe siècle, Joseph de Maistre. Enfin, avec les pensées et les poétiques de contemporains, auxquels le lie un intérêt aussi passionné qu’ambivalent : Théodore de Banville, Pétrus Borel, Théophile Gautier, pour ne nommer qu’eux. Etudiant le passage, au sein du romantisme, d’une rhétorique persuasive à une « rhétorique profonde », l’analyse propose, en alternance, des chapitres historiques et des commentaires sur certains aspects propres à la poésie de Baudelaire. Ce livre, devenu classique, était épuisé. Ce volume est augmenté, en préface, de pages inédites d'Yves Bonnefoy.
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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Introduction
Chapitre premier. L’Album du point de vue philologique
La codicologie
Les problèmes d’attribution
Les propositions de Barnes
La découverte de Schlink et ses conséquences
L’écriture et l’identit© de Villard
La genèse de l’Album
Les étapes du dessin
Du recueil de modèles au manuel d’ingénierie
Du portefeuille à l’Album
Le projet didactique
Chapitre II. L’art du dessin
Image et imitation de la nature au XIIIe siècle
« Imiter la naure »
« Contrefaire »
« Portraire, portrait, portraiture »
La géométrie naturelle
L’observation directe
La flore
Les animaux
Le lion
La réduction de la tridimensionnalité
Modèles sculptés ou peints ?
L’utilisation du miroir ?
Copie et invention
La construction géométrique de l’image
Images et figures
La migration des figures
La construction anatomique
Le dessin technique
Une précision inégale
Les conventions graphiques
La construction modulaire
Les procédés géométriques
Chapitre III. L’ingénieur médiéval
La charpenterie
La charpente d’une absidiole (fol. 17v, 1)
La charpente en forme de voûte (fol. 17v, 2)
La charpente du toit en appentis (fol. 17v, 3)
Les poutres trop courtes (fol. 23r, 4)
Le pont de bois (fol. 20r, 10)
La mécanique
Le vérin (fol. 22v, 3)
Le pas de vis (fol. 20r, 16)
Le redressement d’une maison (fol. 23r)
La scie à pilots (fol. 23r, 1)
La roue dont l’arbre n’est pas entamé (fol. 23r, 2)
La scie qui scie toute seule (fol. 22v, 1)
Le trébuchet (fol. 30r)
L’arc qui ne faut (fol. 22v, 2)
L’horlogerie
L’ange (fol. 22v, 3)
Le mouvement perpétuel (fol. 5r)
La roue de Fortune (fol. 21v)
La chaufferette (fol. 9r, 4)
La chantepleure (fol. 9r, 3)
L’aigle (fol. 22v, 5)
Chapitre IV. La géométrie pratique
Relever des mesures
Le graphomètre (fol. 20r, 12 et 13)
La mesure de la hauteur d’une tour (fol. 20v, 10)
La poire et l’oeuf (fol. 21r, 2)
Les deux pierres qui ne tombent pas si loin (fol. 20r, 7)
La mesure du diamètre d’une colonne (fol. 20v, 2)
La mesure du diamètre d’une colonne engagée (fol. 20r, 1 et 2)
Les centres de la voussure (fol. 21r, 4)
Etablir un plan
La galerie du cloître (fol. 20r, 11)
Le récipient contenant le double de l’autre (fol. 20r, 17)
Les quatre coins du cloître (fol. 20r, 14)
La tour à cinq arêtes (fol. 21r, 3)
La salle du chapitre (fol. 21r, 1)
Le chevet à douze verrières (fol. 20r, 5)
La stéréotomie
Les deux piles de même hauteur (fol. 20v, 9)
Division d’une pierre en deux moitiés carrées (fol. 20r, 15)
Le pilier carré (fol. 20v, 5)
Les arcs en tiers et en « quint » point (20v, 3 et 4)
La graduation du voussoir (fol. 20v, 6)
La « chute » du voussoir (fol. 21r, 5)
Trois sortes d’arcs (fol. 21r, 8)
Le patron des voussures (fol. 20r, 3)
La pose des voussures, le cintre vers le ciel (fol. 20r, 4)
La taille des voussures pour une tour ronde (fol. 20r, 8)
La voussure réglée (fol. 20r, 18)
La taille des pendants réglés (fol. 20v, 1)
La voussure pendante (fol. 20v, 8)
La voussure agenouillée (fol. 21r, 7)
L’équerre et la cerce (fol. 20r, 6)
L’arrachement (fol. 21r, 6)
La flèche du clocher (fol. 20v, 7)
La voûte biaise (fol. 20r, 9)
Chapitre V. Villard de Honnecourt et l’architecture de son temps
Dessins d’après nature, copies de plans, copies de projets ?
Le chevet de Vaucelles
L’église cistercienne
Le chevet de la cathédrale de Cambrai
Le chevet de la cathédrale de Meaux
Villard à Reims
Chapitre VI. L’homme déduit de l’oeuvre
Une évolution stylistique
Où et quand ?
Chartres
Le voyage en Hongrie
Cambrai
Esquisse d’une chronologie
Conclusion
Bibliographie
Liste des illustrations
Index
Crédits photographiques
Reproduction de l’Album
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Les débuts de la représentation du Christ sont mal connus. Ils ont surtout été problématiques et son histoire renseigne sur des transformations qui vont au-delà des images. Ce livre en suit l’évolution dans les premiers siècles du développement des images chrétiennes. Il s’efforce de comprendre une diversité inattendue et une évolution qui conduit du début du IIIe, à Rome, jusqu’au Xe siècle à Byzance. Le développement du christianisme est lié à la profonde transformation du monde romain. Les images chrétiennes, celles du Christ en particulier, donnent des éclairages sur les modalités de cette évolution et permettent de voir une radicale transformation dans la manière de percevoir les images et de comprendre le monde. Le christianisme aussi a évolué : les images ne sont, dans les débats sur le Christ, ni absentes, ni passives, mais y contribuent à travers leurs commanditaires qui, pour ne pas représenter une voix officielle de l’Eglise, n'en sont pas moins informés.
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Table des matières
Introduction
PREMIÈRE PARTIE: L’ÉVIDENCE DE LA VÉRITÉ
Chapitre premier : Que Dieu se montre seulement
« Nos ennemys ne pourront resister »
De l’ombre à la lumière
La rhétorique du peuple élu
Dans les rets de Satan
Sortir du silence
Une première expression politique
Le premier appel lancé aux princes protestants étrangers
Le premier engagement nobiliaire
Des Eglises unies, dans l’attente d’un signe
Les pasteurs au pouvoir
Le jugement de Dieu
Chapitre II : La genèse d’une conscience politique
Les hésitations des princes
Une fausse piste : l’indifférence de la reine mère
A la recherche d’un prince
Où le réformé se métamorphose en huguenot
Les ferments de la révolte
Les trois pôles de l’activisme réformé
« Une croisade de chevaliers errants »
Le spectre de la guerre civile
La première guerre des pamphlets
La multiplication des prises d’armes
Au bord du précipice
Chapitre III : La parole impuissante
Légalit© et providence
Le recours aux Etats généraux
Le réveille-matin de Guillot le songeur
Les signes précurseurs d’une victoire promise
L’embryon d’un parti
Une hydre politique
Le rôle politique des institutions ecclésiastiques
Le temps de requêtes
L’illusion de la réunion dogmatique
Aiguiser le glaive de l’esprit
La concorde impossible
La coexistence refusée
DEUXIÈME PARTIE: LA PAROLE ET LE GLAIVE
Chapitre IV : La révolte du parti de Dieu
« Pour le soutènement de la Religion et délivrance du Roy »
« Une petite mousche contre un grand elephant »
Prise d’armes politique et défense de la foi
Les mécanismes de la propagande condéenne
La mobilisation huguenote
Le soutien massif de la noblesse réformée
L’appel aux Eglises d’avril 1562
De l’argent et des troupes : le financement de l’effort de guerre
La création d’un système politique et militaire
Les prémices d’une organisation défensive
Un système confédéral « pour maintenir la pure doctrine de l’Evangille »
Chapitre V : La solidarité évangélique
Religion et sécurité : les ressorts du jeu diplomatique intra-protestant
La conscience aiguë d’une communauté d’intérêts
Soutien diplomatique et neutralisation militaire
Les ambitions anglaises
L’appel aux mercenaires
Hésitations évangéliques : le rôle décisif de Philippe de Hesse
La mission de François d’Andelot
Un projet de ligue protestante internationale ?
La frilosité helvétique
La mission de Madeleine de Mailly
L’intervention anglaise en France
Pour Dieu, l’Angleterre et Calais
« Affligé et triste, usque ad mortem »
La confiance brisée
Chapitre VI : Se résigner à la coexistence ?
Voix dissonantes, voies divergentes
La tentation d’Augsbourg
La paix de la discorde
Pragmatisme nobiliaire et idéalisme pastoral
Combattre en temps de paix
« Ceste divine providence »
Le recours à l’Histoire
L’arène politique
Une guerre inéluctable
Paix inachevée et haines irréductibles
Un parti devenu impuissante ?
La phobie du complot papiste
TROISIÈME PARTIE: LE SALUT PAR LES ARMES ?
Chapitre VII : La « cause generalle » au péril de la guerre
Prise d’armes préventive, guerre défensive
La réorganisation du parti
Le réveil du système politico-militaire huguenot
« Quand Israël hors d’Egypte sortit »
Pax certa, victoria integra, mors honesta
La Rochelle, capitale du parti huguenot
La mobilisation nobiliaire et la conduite de la guerre
Les « deniers de la cause »
« Pour la foy, pour la France et pour la liberté »
D’Orléans à La Rochelle, les conditions matérielles de la production pamphlétaire
La noblesse française, plutôt que l’étranger
La défense du Bien public
« Dieu veut régner »
Droit de résistance et contractualisation
Chapitre VIII : Dans l’oeil d’un cyclone européen
Les nouvelles voies de la diplomatie huguenote
Des équilibres fragiles
Londres et Heidelberg, au coeur de la diplomatie huguenote
Une « saincte alliance »
Initiatives huguenotes
La grande ambition de l’Electeur palatin
Elisabeth, Jean-Casimir et Wolfgang au secours des huguenots
Un appui militaire décisif
Le financement des troupes étrangères
Impasses diplomatiques
Chapitre IX : Le parti assassiné
Sous le signe de la méfiance
La victoire paradoxale des huguenots
Un parti uni et solidaire
« Un edict en papier n’est pas suffisant gage »
Le coup de poker néerlandais
L’échiquier européen recomposé
Le jeu des chaises matrimoniales
Quand Josias se mue en « Hérode sanglant »
Un crime politique
L’agonie d’un rêve
Conclusion
Sources et bibliographie
Index des noms de personnes
Index des figures bibliques
Table des tableaux et illustrations
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Durant l’entre-deux guerres, dans l’aire francophone, se met en place un roman parlant, véritable pendant littéraire du cinéma parlant. Cette innovation trop peu remarquée jusqu’ici, engage une voie capitale du roman au XXe siècle : le récit s’y fait passer pour un bouche-à-oreille immédiat et parvient à occulter la médiation de l’écrit, donc de la forme.
Par le biais des nouvelles poétiques de l’oral, les romanciers, de Louis-Ferdinand Céline à Louis Aragon, de Jean Giono à Raymond Queneau, Blaise Cendrars, C.F. Ramuz ou Henry Poulaille, tiennent sur la langue littéraire un discours critique, contre l’étroitesse normative de la grammaire traditionnelle.
Le récit oralisé va ainsi susciter, durant deux décennies, de vifs débats entre écrivains et critiques, mais aussi entre grammairiens (Thérive, Hermant), linguistes (Bally, Vendryès, Frei) et pédagogues (Freinet).
Dans cette enquête où poétique et sociologie interviennent de concert, défiant les cloisons ordinaires des disciplines, le roman parlant apparaît comme un formidable révélateur du lien entre les enjeux esthétiques et les positions littéraires, par-delà sociales et politiques, des écrivains.
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Au cours du XVIIe siècle, dans les couvents de toute la catholicité, furent écrites des milliers de vies de religieuses : ordres anciens réformés (comme les carmélites, les bénédictines, les cisterciennes) et ordres nouveaux (comme les visitandines, ou les ursulines) furent ainsi le lieu d’une extraordinaire production de textes où, dès leur mort, était retracée la vie des religieuses, où étaient exposés leurs vertus, leurs souffrances, leurs maladies, leurs rêves, leurs mortifications, leurs extases et leurs jouissances célestes. Cette riche source de documents permet de pénétrer dans l’intimité de ces femmes, au delà des formes ritualisées de leur existence et des censures qu’imposaient les documents officiels. Le présent ouvrage, portant sur les biographies de religieuses essentiellement françaises constitue ainsi une page importante de l’histoire des représentations et des pratiques spirituelles, corporelles et sociales dans les couvents féminins du XVIIe siècle.
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Partant du postulat que les limites de la représentation, dans la tradition artistique occidentale, ont été soumises à des tensions constantes menant à de multiples transgressions, le présent ouvrage s'attache à retracer l'histoire de cette perpétuelle mise à l’épreuve de la « frontière esthétique ». Les essais ici rassemblés abordent plusieurs figures de dépassement. Les traces auctoriales et leur présence dans l’espace de la fiction, depuis les miroirs et leur double dans l'art des primitifs flamands, en passant par les « feintes » baroques de Murillo et de Rembrandt, puis le jeu chiffré des « autoportraits croisés » de Manet et Degas, pour arriver, enfin, à la mise en scène de la disparition de l’artiste, opérée par Andy Warhol, trahissent la tentation de la traversée de l’image. Un autre thème récurrent présent, tantôt en filigrane, tantôt en saillie, est celui du spectateur pris au piège, dont la figure emblématique fut Don Quichotte, le chevaler errant aux prises avec les moulins à vent. Occasion de réfléchir, autour de certains "tableaux-rets" qui défièrent les sens du spectateur, par-delà la vue et la vision, jusqu’à le tenter à « goûter » une pomme qui n’est que peinture, ou à toucher un tableau, au péril - illusoire bien sûr - de se brûler les doigts.
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Depuis l’Antiquité, les hommes ont interprété la numération des années de leur vie, tel l’empereur Auguste, autre manière de retenir le temps qui fuit. Des théories médicales ont ainsi avancé que la matière se renouvelait toutes les sept ou neuf années. Le produit de ces deux chiffres (l’un dévolu au corps, l’autre à l’esprit) donne soixante-trois, et la soixante-troisième année de la vie humaine, grande climactérique, était regardée comme très critique. C’est sous le signe du nombre et du temps que Max Engammare fait l’histoire de l’intérêt inquiet pour cette année qui reprend vigueur à la Renaissance, avec Pétrarque, mais surtout avec Marsile Ficin. On croisera la plupart des grands noms du temps, dont des théologiens, à l’instar de Philipp Melanchthon, le bras droit de Luther, et de Théodore de Bèze, celui de Calvin, mais aussi de Rabelais, celui qui a introduit le mot en français. La question du soixante-troisième roi de France, Henri III ou Henri IV, sera également posée par des Ligueurs qui ne savaient pas en 1587 ou 1588 que les deux mourraient assassinés, et l’on jouera même au jeu de l’oie. Il s’agit de comprendre l’arithmétique de ces peurs antiques réactualisées dès la fin du XVe siècle et qui n’ont pas complètement disparu aujourd’hui, preuve en est Sigmund Freud ou la soi-disant malédiction des 27 répertoriant tous les artistes célèbres morts à l’âge de vingt-sept ans (trois fois neuf).
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Les travaux de Jean Wirth sur l’histoire de l’image médiévale se sont accompagnés dès le début d’une réflexion théorique sur la sémantique de l’image dont il livre les résultats dans ce petit ouvrage. Après avoir montré combien la notion d’image est devenue floue, il reprend le problème là où l’avaient laissé les penseurs du passé, comme saint Thomas, Peirce et Wittgenstein (auxquels il faut ajouter Prieto), puis construit pas à pas une théorie de l’imitation à la fois logiquement cohérente et empiriquement acceptable. Il analyse pour cela la relation élémentaire entre un objet et sa représentation mimétique, sans privilégier l’objet visuel, et dégage la spécificité de cette relation qui diffère considérablement de la dénotation dans le langage articulé, car les unités syntaxiques et sémantiques se confondent. En revanche, les tropes utilisés pour désigner un objet au sens figuré constituent une rhétorique comparable à celle du langage, ce qui permet la mise en image de notions abstraites. Jean Wirth examine ensuite le problème de la représentation des objets auxquels on dénie l’existence, laquelle servait d’argument contre les théories de l’imitation à des auteurs comme Nelson Goodman. Il montre enfin que l’image en soi ne possède aucune performativité, mais qu’elle entre dans des processus performatifs, en déployant une efficacité qui n’est pas de même nature. Ce petit livre rouvre ainsi un débat sur l’image qui était vif dans les années soixante du siècle passé, mais s’était endormi à défaut d’aboutir.
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Liberté et audace : pour ce qui est de représenter Dieu, sujet réputé « irreprésentable », l’art du Moyen Age occidental n’a pas son équivalent. Les douze chapitres du présent volume portent pour l’essentiel sur la figure de Dieu dans l’art médiéval, avec quelques débordements nécessaires en amont, vers l’art de l’Antiquité chrétienne, et en aval vers celui de la Renaissance. Après un article méthodologique en ouverture, portant sur les principes mêmes de la représentation artistique de l’Invisible, les chapitres se regroupent autour de trois centres d’intérêt : la figure du Père, les images de la Trinité et enfin des types iconographiques permettant d’observer le phénomène complexe, indissociablement artistique et spirituel, de la « sortie du Moyen Age ».
Ce livre de François Bœspflug, spécialiste de la représentation du Dieu chrétien dans les beaux-arts, renvoie au précédent titre de la même collection sur Les Théophanies bibliques dans l’art médiéval d’Orient et d’Occident. Ces deux livres font une paire et comblent opportunément une lacune. Ils sont comme les deux rives d’où observer un même puissant fleuve pictural, la rive de la peinture des interventions de Dieu dans l’histoire et celle de la constitution d’un lexique atemporel (les motifs) et d’une grammaire (les types) du divin chrétien.
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Comment représenter la manifestation de Dieu dans l’histoire et ses interventions dans le monde des humains ? Le défi à relever, pour les artistes chrétiens du Moyen Âge comme pour leurs éventuels conseillers, était de réussir à montrer l’Invisible de manière à la fois fidèle et respectueuse, en suivant les indications fournies par l’Écriture sainte tout en suppléant tant bien que mal à l’absence des précisions d’ordre spatial que l’œuvre d’art ne peut pas se dispenser de donner à voir. Si bien que la mise en image (peinte ou sculptée) d’une page de la Bible où il est rapporté que Dieu intervient, loin de se réduire à une simple illustration, fut toujours beaucoup plus : une hypothèse inventive, un choix, un pari, où se rencontrèrent la Révélation dont l’Église avait la garde et la sensibilité d’une époque, et où s’affichèrent les préférences d’une génération, les potentialités expressives d’un style, d’un support, d’un lieu. C’est aussi le lieu où a pu se dire, mieux peut-être que nulle part ailleurs, comment a été conçue, imaginée ou vécue, la rencontre avec Dieu. En témoigne cette formidable enquête au pays de l’art médiéval d’inspiration biblique. Quatre théophanies de l’Ancien Testament (Hospitalité d’Abraham, Buisson ardent, vision d’Isaïe et vision d’Ézéchiel) et cinq du Nouveau Testament (Baptême du Christ, Transfiguration, apparition aux disciples d’Emmaüs, vision d’Étienne le protomartyr et conversion de Paul sur le chemin de Damas) sont étudiées tour à tour par François Bœspflug, théologien devenu professeur d’histoire des religions à l’université de Strasbourg, historien de l’art et iconographe au long cours. Ce livre que lon peut dire d’exégèse picturale est indissociablement un traité de théologie biblique par l’image et un condensé d’anthropologie.